Billet du 27 octobre 2023 : Se soucier de l’humain

Je sens le besoin de rappeler que rien n’est jamais tout noir et rien n’est jamais tout blanc. « Ou bien vous êtes avec nous, ou bien vous êtes contre nous », avait déclaré George W. Bush, au lendemain des attentats du 11 Septembre. La tension actuelle au Moyen-Orient suscite des commentaires semblables. Les communautés juives et arabes ayant toutes deux vécu des diasporas, les émotions fusent partout sur la planète, au gré des plus récents événements.

Je condamnerai toujours le terrorisme, même s’il peut convenir de se déclarer sympathique à certaines causes défendues par ceux qui le pratiquent. Partant de là, est-il possible d’être pro-israélien tout en dénonçant les morts en Palestine ? Bien sûr. Peut-on également se déclarer propalestinien tout en s’insurgeant contre ceux qui tuent les civils israéliens ? Absolument.

La paix ne sera possible qu’en se souciant de chaque vie humaine. Ça commence par nous tous.


Dans le cours d’univers social
Volet éducation à la citoyenneté

À l’école, tant lors d’une évaluation que pour un travail à rendre, ce n’est pas bien de regarder sur la copie de son voisin. Dans le second cas, on peut toujours plaider l’inspiration, mais les arguments se doivent d’être convaincants pour s’épargner les soupçons de plagiat, passible de sanctions.

Cette semaine, alors que les analystes commentaient le contenu du budget de l’an 1 d’un Québec souverain, présenté par le Parti québécois, c’est le titre du document qui m’a fait sourciller.

Remarquez-vous le discret triangle rouge, au haut de la page frontispice ? Le jupon dépasse, comme dirait l’autre ! Un Québec libre de ses choix était également le titre du rapport du comité constitutionnel du Parti libéral du Québec, publié en 1991. Pour celles et ceux qui s’en souviennent, c’est le document qu’on a longtemps et communément appelé le rapport Allaire, en référence à celui qui présidait ce comité, Jean Allaire.

J’aimerais beaucoup que quelqu’un au PQ m’explique la teneur des discussions qui ont mené ses instances à réchauffer et servir de nouveau ce titre, concocté par ses rivaux, 32 ans plus tôt. J’admets ne pas comprendre. Quand un vieux parti semble renaître de ses cendres après être passé si près d’être rayé de la carte électorale, il doit savoir se démarquer des formations politiques émergentes, notamment par son originalité. De référer aux travaux du passé d’un autre vieux parti moribond ne m’apparaît pas comme une stratégie gagnante.

Si c’est du plagiat, c’est malhabile. Si c’est de l’inspiration, c’est pire.


Dans le cours de français

Cette semaine, on m’a consulté pour l’orthographe du pluriel de trois noms composés. Il s’agit de table d’hôte, bernard-l’ermite et grille-pain.

D’abord, table d’hôte. Il faut lire l’expression comme la table de l’hôte. Au pluriel, on ferait référence aux tables de l’hôte. Plusieurs tables, un seul hôte. On écrit donc des tables d’hôte.

Je passe maintenant à grille-pain. Comme dans tous les noms composés comprenant un verbe, ce dernier demeure invariable. Grille ne prendra donc pas la marque du pluriel. Qu’en est-il de pain ? Un grille-pain grille le pain. Des grille-pain grillent le pain. Comme un porte-parole porte la parole et que des porte-parole portent la parole. Dans l’orthographe traditionnelle, grille-pain demeurera invariable et on écrira des grille-pain. Cependant, la réforme orthographique permet maintenant d’écrire des grille-pains.

Je termine avec bernard-l’ermite. Avant de préciser son pluriel, je mentionnerai que ce nom, au singulier, possède quatre orthographes différentes. On peut écrire ermite ou hermite, avec un h. Bernard-l’ermite peut également s’écrire avec ou sans le trait d’union. Au singulier, on peut donc écrire bernard-l’ermite, bernard-l’hermite, bernard l’ermite ou bernard l’hermite. Dans tous ces cas, il demeure invariable au pluriel. Personnellement, j’opte pour des bernard-l’ermite.

Il est à noter que contrairement à ce que plusieurs croient, un nom composé ne comporte pas nécessairement de traits d’union.


Dans le cours de musique

Le groupe Ta Gueule Dandy, fondé dans le quartier montréalais d’Hochelaga-Maisonneuve, nous arrive avec son deuxième album, Ouvre-moi la porte. Cette formation rock, offrant des sonorités de toutes les époques, a travaillé avec Michel Pagliaro, dont elle a intégré certaines influences. Voici la pièce Come on bébé.

Ta Gueule Dandy – Come on bébé – Ouvre-moi la porte – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

L’application Twitter, au départ, était un fil de nouvelles et un lieu de débats sur différents sujets d’actualité. Peu avant d’être achetée par Elon Musk et de devenir X, elle a graduellement bifurqué vers une autre vocation et est devenue une arène d’insultes et d’intimidation. C’est pour combler le vide créé par cette évolution dans le mauvais sens que sont nés Mastodon, Threads et Bluesky.

Des citoyens de Salaberry-de-Valleyfield ont cependant convenu de débattre respectueusement de différents sujets, périodiquement, en se rencontrant dans un restaurant de l’endroit. Ils sont aujourd’hui une quarantaine de personnes inscrites à la liste d’invitations. Les rencontres ponctuelles réunissent chaque fois entre 20 et 25 d’entre elles. En chair et en os, loin des claviers et des écrans.

Le journaliste Philippe Mercure a obtenu le privilège d’assister à une des réunions du groupe. Il en a rédigé un exposé des plus rafraîchissants 1. Ces gens ont placé l’humain au-delà du numérique. Le souci était là, la bonne humeur s’est invitée.

Pour aujourd’hui, le 27 octobre, un appel au boycottage d’une journée de la plateforme Twitter/X a été lancé. Pourquoi ne pas en profiter pour créer d’autres initiatives similaires à celles du groupe de Valleyfield ?

1 Mercure, Philippe. Juste du monde qui jase. La Presse, Montréal. Le 18 octobre 2023.


Journal de vacances du 28 juillet 2023

C’était une nouvelle que j’attendais depuis plusieurs mois. Elle est tombée fin mai, mais probablement aspiré dans le tourbillon de la fin d’année scolaire, je ne l’ai pas vue passer. Nous aurons finalement droit, à l’automne, à un 22e tome des péripéties de Gaston Lagaffe. Aucune aventure originale du personnage n’avait été publiée depuis 1996, soit quelques mois avant le décès de son créateur, André Franquin.

Si l’impression de déjà-vu vous frappe en lisant ce qui précède, c’est normal. Je l’avais mentionné ici1 il y a plus d’un an avant d’expliquer, dans mon billet hebdomadaire suivant2, que le projet était remis en question parce que la fille de l’auteur défunt s’y opposait et avait renvoyé la cause devant les tribunaux. C’est finalement un arbitre qui a entendu les deux parties et rendu une décision. C’est ainsi que les éditions Dupuis pourront aller de l’avant avec les nouvelles aventures de l’employé fainéant du journal Spirou, à condition de faire approuver les planches par Isabelle Franquin, qui statuera si l’éthique et l’œuvre artistique de son père sont respectées.

Je rappelle que c’est un Québécois, Marc Delafontaine qui, sous le pseudonyme de Delaf, reprendra le travail du Belge André Franquin, pour le dessin et la scénarisation des histoires. Celles-ci, en plus d’être regroupées dans de nouveaux albums originaux, seront publiées, comme à l’origine, dans le journal Spirou.

1 Billet du 25 mars 2022 : M’enfin !

2 Billet du 1er avril 2022 : Quand la réalité (ou le canular) frappe


Dans mes haut-parleurs

Samedi dernier, au gré d’une course que je me rendais faire, j’écoutais l’émission Passion politique sur les ondes d’ICI Première, la première chaîne de Radio-Canada. L’animatrice Marie-Louise Arsenault recevait alors l’ex-ministre et députée péquiste Véronique Hivon3. C’était une entrevue captivante, durant laquelle l’accent était mis sur le côté humain de la politique en général, mais surtout sur la carrière de cette femme politique qui a su se démarquer sous plusieurs aspects. Pour moi, l’intérêt était tel que malgré la chaleur, j’écoutais l’émission dans mon véhicule éteint et immobilisé dans le stationnement du commerce où je me trouvais. Personnellement, je sentais entre les deux femmes une certaine complicité, cependant bien fixée dans le cadre professionnel duquel elle ne débordait aucunement.

Si je le mentionne ici, c’est parce que quelques heures plus tard, cette publication d’un autre ex-ministre et député péquiste m’est apparue :

Source : Twitter (@BoulericeAndre)

Bien qu’il me serait possible d’intervenir sur des fautes de français à au moins deux endroits, je garderai mes crayons rouges rangés et laisserai #LeProfCorrige vaquer à ses vacances.

Je comprends que Marie-Louise Arsenault, comme toutes les personnalités publiques, puisse taper sur les nerfs de certaines personnes. Toutefois, lors de cette entrevue avec Véronique Hivon, elle a effectué un travail remarquable. Non, elle n’a pas été complaisante envers le Parti québécois. Si elle l’avait fait, elle aurait dérogé au devoir de réserve accolé à son rôle de journaliste. A-t-elle posé quelques questions embêtantes pour l’invitée ? Oui, mais cela fait également partie de sa tâche. Prétendre qu’elle a été odieuse et insidieuse tient d’une partisanerie excessive, qu’on retrouve malheureusement trop souvent chez certains sympathisants du PQ, notamment chez les plus anciens.

Reprocher à Véronique Hivon de ne pas savoir se tenir debout va dans le même sens. Elle a maintes fois prouvé qu’elle savait s’affirmer et faire de la politique autrement. Autrement que celles et ceux qui ont rendu les électeurs cyniques face à leur rôle.

3 Passion politique – Rattrapage du 22 juillet 2023 : Véronique Hivon


Déformation professionnelle
Univers social – Volet histoire

Dans tous les pays démocratiques, il y a des conservateurs et des libéraux. Il s’agit d’ailleurs de l’appellation qui nous est familière, au Canada. Les libéraux sont d’ordinaire pragmatiques et progressistes, alors que les conservateurs s’accrochent à ce qui va bien et se montrent plutôt réfractaires au changement. En Grande-Bretagne, on trouve les conservateurs et les libéraux travaillistes. En France, grossièrement, il y a la gauche libérale et la droite conservatrice. Aux États-Unis, les démocrates sont qualifiés de libéraux, alors que les républicains sont personnifiés par les conservateurs.

Chez nos voisins du Sud, toutefois, on peut se permettre de prétendre que les libéraux-démocrates promeuvent un programme conservateur, alors que celui des républicains peut être considéré d’ultraconservateur. Dans certains états et milieux, le conservatisme fait maintenant place au négationnisme, cette idéologie par laquelle on revoit des faits moins glorieux afin de s’en affranchir.

C’est ainsi qu’en Floride, un an après avoir banni l’enseignement de l’identité de genre et de l’orientation sexuelle, on modifie maintenant les manuels scolaires afin de sensibiliser les élèves à quelques « bienfaits de l’esclavage » 4. Je ne sais même pas où mettre mes guillemets tellement je trouve ça abject.

Il y sera mentionné, entre autres, que l’esclavage aura permis aux communautés noires de développer certaines compétences, en précisant des exemples. On prend donc un épisode mondialement dénoncé de l’histoire et on voit à le justifier auprès des jeunes générations d’Américains.

Il y a six ans, Kellyanne Conway, alors conseillère de Donald Trump, avait causé toute une commotion en évoquant des « faits alternatifs » lors d’un point de presse. Avec ce qui se passe actuellement en Floride, on est en train de normer des faits décidés par les autorités.

Le passé, en étant revu et corrigé, ne peut même plus être garant de l’avenir.

4 La Floride introduit dans ses manuels scolaires l’idée de «bienfaits» de l’esclavage. Slate.fr. Le 22 juillet 2023.

5 Faits alternatifs. Wikipédia.


Dans mes écouteurs

Parmi les créneaux que je n’ai pas encore exploités en #musiquebleue, il y a celui des chansons pour enfants. C’est plutôt ironique pour un enseignant au primaire ! À ma défense, disons que les Fanfan Dédé, les Carmen Campagne et les Annie Brocoli se sont faits plutôt rares, au cours des dernières années.

Voici un nouveau venu. Il s’appelle Micah! et vient de lancer un premier album, intitulé Joue de la musique. Voici la pièce du même nom.

Micah! – Je joue de la musique – Joue de la musique – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il est des histoires de disparition qui se terminent bien. C’est le cas de celle de Tim Shaddock et de sa chienne Bella. Partis en avril de la Basse-Californie, Shaddock et Bella devaient naviguer en catamaran jusqu’en Polynésie française. Mais voilà qu’une mer agitée est venue endommager le catamaran, ainsi que tout l’équipement de communications. L’embarcation a ainsi dérivé durant deux mois dans le Pacifique, les deux occupants se nourrissant de poisson cru et s’abreuvant d’eau de pluie.

Ce n’est que la semaine dernière qu’un bateau de pêche mexicain les a repérés et s’est présenté à leur rescousse. Les deux rescapés sont sains et saufs et en bonne santé.