Billet du 6 septembre 2024 : Le choc des cultures

Selon un article récent de La Presse1, les directeurs d’écoles privées semblent avoir trouvé le filon d’or : ils gagnent jusqu’à deux fois plus que leurs homologues du réseau public. On parle de salaires frôlant les 300 000 $ par année. C’est plus que ce que gagne le premier ministre du Québec. On pourrait presque croire que, pour ce prix-là, ils viennent avec une limousine en guise de véhicule de fonction ! Pendant ce temps, dans le réseau public, on fait des miracles avec des bouts de ficelle et un tableau interactif qui plante un jour sur deux.

Là où ça devient encore plus cocasse — ou plutôt désespérant, selon son humeur — c’est que ces écoles privées sont subventionnées entre 50 % et 70 % par des fonds publics. Oui, ces mêmes fonds qui, en théorie, devraient servir à soutenir nos écoles publiques en difficulté. Pendant que les directeurs d’écoles publiques jonglent avec des budgets serrés et des salles de classe surpeuplées, leurs collègues du privé roulent littéralement sur l’or.

Et c’est là que je m’insurge. Parce que franchement, cet argent public pourrait (et devrait) servir à améliorer le réseau scolaire public, où les besoins sont criants. Au lieu de financer des salaires exorbitants, utilisons ces ressources pour offrir de meilleures infrastructures, des conditions de travail dignes et une éducation de qualité à tous. Après tout, l’éducation, c’est l’avenir… et non, ça ne devrait pas être un luxe !

1 Vailles, Francis. Écoles privées : Des directeurs payés deux fois plus qu’au public. La Presse, Montréal. Le 3 septembre 2024.


Dans le cours de français

Une publication sur X du parolier Stéphane Venne a piqué ma curiosité, cette semaine.

A-t-il raison ? A-t-il tort ?

Une consultation du site de l’Office québécois de la langue française (OQLF) fournit une réponse précise. On y inscrit d’abord la définition du mot enjeu :

« Ce que l’on peut gagner ou perdre, par exemple, dans un projet, une lutte, une élection ou une activité. »

Ensuite, on y va de cette explication :

« Dans l’usage, le sens du mot enjeu tend à s’étendre pour désigner notamment une préoccupation majeure ou un défi. Parfois employé abusivement, il pourrait être remplacé, selon le contexte, par des mots tels que problèmesujetquestionthèmeproblématiquedossierconséquenceobjectif, défi, préoccupation. »

Source : La vitrine linguistique de l’OQLF.

Venne a raison, bien que l’usage abusif soit toléré.


Dans le cours de français, deuxième période

Une autre publication sur X a particulièrement attiré mon attention.

#LeProfCorrige

Le mot cent étant masculin, PSPP a-t-il commis une faute ? S’il voulait utiliser l’expression québécoise, qui féminise cette pièce de monnaie, n’aurait-il pas été préférable d’écrire « une cenne », entre guillemets ? Encore ici, voyons ce qu’en pense l’OQLF.

« Cent est un nom masculin et se prononce [sɛnt] (sènnt), avec le t final, au singulier comme au pluriel. Au Québec, cependant, cent est habituellement employé au féminin et prononcé [sɛn] (sènn), ce qui explique que l’on rencontre parfois, dans un style plus familier, la graphie cenne. »

Source : La vitrine linguistique de l’OQLF.

Il y a donc ambiguïté, ici. L’OQLF, se basant sur l’usage, évoque le féminin tant avec cent qu’avec cenne. Le tolère-t-il ? Probablement. L’accepte-t-il ? C’est loin d’être clair.


Dans le cours de musique

Princesses, c’est un trio de jeunes femmes montréalaises qui donnent dans le rock. Un rock francophone avec un son du début des années 1980. Il n’en fallait pas plus pour que je m’y intéresse. La chanson qui fera l’objet de la #musiquebleue de cette semaine s’inscrira dans un album à paraître sous peu, Face B. La pièce s’intitule Ras-le-bol.


Princesses – Ras-le-bol – Face B – #musiquebleue


La bonne nouvelle de cette semaine

La clinique Vivago, fondée par Giovanni Arcuri, se distingue par son approche profondément humaine et individualisée pour répondre aux besoins en santé mentale des jeunes adultes. Face à l’augmentation des idées noires et du sentiment d’isolement chez cette population, la clinique propose une gamme complète de services allant de l’ergothérapie à la psychiatrie, en passant par la sexologie et la psychologie. Son approche innovante se fonde sur l’écoute des besoins spécifiques de chaque client, établissant des objectifs personnalisés pour mieux les soutenir dans leur quotidien. Grâce à des partenariats avec des compagnies d’assurance, Vivago facilite aussi l’accès aux soins en prenant en charge les démarches de remboursement, permettant aux jeunes de bénéficier des services sans avoir à avancer les frais.

Engagée envers les communautés marginalisées, la clinique Vivago œuvre à créer un espace sécuritaire et inclusif, notamment pour les personnes LGBTQ+, souvent confrontées à des stigmates dans le milieu médical. En parallèle, Vivago a lancé la campagne « Viv-Action Jeunesse » pour amasser 75 000 $, visant à offrir davantage de services gratuits aux jeunes adultes. Cet engagement témoigne d’une volonté de bâtir une véritable communauté de soutien pour accompagner la jeunesse vers un avenir plus serein et équilibré.


Billet du 12 janvier 2024 : Retour en force

J’ai sourcillé en lisant la chronique de Francis Vailles1, cette semaine. Je me suis surtout demandé quelle était la motivation, quel était l’objectif, derrière cette publication dans La Presse ? Les enseignantes et enseignants au sommet de leur échelle salariale dépasseront les 100 000 $ par année dès avril prochain ? Et puis quoi ? Quand on tourne autour du pot comme il le fait, c’est qu’on espère que les lecteurs tireront leurs conclusions à partir de sous-entendus.

Dans son texte, Vailles qualifie quand même cette entente salariale de satisfaisante. Pourquoi ? Parce qu’elle fait franchir à des profs du primaire et du secondaire la « barre magique » des 100 000 $ ? À ce que je sache, il est pas mal toujours resté silencieux lorsqu’il s’agissait des salaires des ingénieurs, des pompiers ou des cols bleus de la Ville de Montréal, pour ne citer que ces quelques exemples.

Personnellement, ce ne sont pas les 100 000 $ que je retiens dans cette entente salariale. Ce sont plutôt les 17,4 % sur cinq ans, auxquels s’ajoute une clause d’indexation à l’inflation pour les trois dernières années de la convention collective. C’est ce qui permettra aux enseignantes et enseignants de maintenir leur pouvoir d’achat.

Au final, est-ce que mes collègues affiliés à la FAE et moi-même avons fait 22 jours de grève pour obtenir un salaire annuel de 100 000 $ ? Absolument pas. Je l’ai mentionné dans mon billet de la semaine dernière 2, je ne serai personnellement satisfait des ententes que si elles permettent d’arrêter l’exode du personnel scolaire et si elles ramènent des étudiantes et des étudiants en éducation dans les universités. Le salaire y contribuera sans doute un peu, mais c’est avec des changements au niveau de la composition des classes et avec un allégement de la tâche qu’on y parviendra. Et là-dessus, aucun élément de l’entente de principe n’a encore été dévoilé.

1 Vailles, Francis. Les enseignants passent au-dessus de 100 000 $. La Presse, Montréal. Le 9 janvier 2024.

2 Billet du 5 janvier 2024 : Journal de vacances des Fêtes (2e de 2).


Dans le cours de mathématiques

Quelques heures après avoir pointé la FAE du doigt pour manipulation de l’opinion publique 3, la journaliste Emmanuelle Latraverse s’y est elle-même risquée en faisant une déclaration, sur les ondes de TVA nouvelles, qui n’a probablement pas manqué d’influencer l’opinion des téléspectateurs. Elle a mentionné que les élèves des écoles fermées en raison des 22 jours de grève de la FAE avaient ainsi été privés de 528 heures de cours. Sachant qu’une année scolaire complète compte 900 heures de cours, je savais bien que l’information n’avait aucun sens.

Les élèves fréquentent l’école pendant 7 heures par jour, mais en déduisant le temps requis pour le repas et les récréations, chaque jour, ils ont 5 heures de classe. Le bon calcul est donc le suivant : 22 jours de grève x 5 heures de cours = 110 heures perdues. C’est beaucoup, mais on est loin des 528 prétendues.

Comment madame Latraverse en est-elle donc arrivée à 528 heures ?

On obtient 528 heures si on tient pour acquis que les élèves reçoivent des cours durant une journée entière, soit 24 heures. (22 x 24 = 528)

La tentation est forte de soumettre ce problème mathématique à mes élèves de 6e année. Je demeure persuadé que la plupart obtiendraient la bonne réponse.

3 Latraverse, Emmanuelle. La FAE a manipulé l’opinion publique : Une réforme du syndicalisme s’impose. Le Journal de Québec. Le 8 janvier 2024.


Dans le cours de français

Il peut arriver qu’une entreprise ou un produit se heurte à un mur une fois exporté dans un autre pays, si à cet endroit son nom prend une consonance peu inspirante. J’en veux pour exemple ce modèle de véhicule, jadis populaire au Canada et aux États-Unis, mais qui n’a jamais su trouver sa niche plus au sud :

En espagnol, Nova signifie « ne va pas ». Cette expression est utilisée en particulier au Mexique et dans les autres pays d’Amérique du Sud.

Cette semaine, les publicités de deux compagnies américaines désirant étendre leurs tentacules au Québec m’ont fait éclater de rire. C’est une coïncidence : les deux entreprises sont des services de livraison de repas.

La première s’appelle Chefs Plate.

Traduire le nom par Les plats du chef ou Le plat des chefs aurait probablement donné un résultat plus attrayant. C’est « plate » pour eux !

Quant à l’autre, elle s’appelle LAbite.

Bon, j’admets que La bouchée de Los Angeles n’aurait guère été préférable. Mais je me plais à imaginer quelqu’un qui lance : « On commande chez LA bite ? ».


Dans le cours de musique

Mélanger les genres et mélanger les styles. Je viens de découvrir la musique de Nicolas Lalonde. Il vient de lancer son premier album, Alternance. Celui-ci se veut un recueil de pièces composées, enregistrées et réarrangées au cours des dix dernières années. La poésie est belle, alors que l’assemblage d’instruments acoustiques et électroniques nous ramène quelques décennies en arrière. Voici la pièce Je comprends vite quand on m’explique lentement.

Nicolas Lalonde – Je comprends vite quand on m’explique lentement – Alternance – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Elle sera simple, courte, belle et très personnelle. J’ai retrouvé ma classe et mes élèves. Aucune nouvelle n’aurait été meilleure que celle-ci.


Billet du 16 septembre 2022 : Quand la guerre n’est pas une raison pour se faire mal

La guerre entre le Canada et le Danemark a pris fin, il y a trois mois. Cette guerre a duré 49 ans. C’est sérieux.

Les deux pays revendiquaient une île rocailleuse, l’île Hans, dans l’océan Arctique. Aucun habitant sur l’endroit, seulement une grosse roche qui émerge de l’eau, au milieu des banquises.

Aucun mort non plus. À tour de rôle, les armées des deux pays reprenaient pacifiquement possession de l’écueil. Peu après que les soldats canadiens y eurent planté l’unifolié et déposé une bouteille de whisky, l’ennemi danois passait confisquer le tout, ériger son propre drapeau et laisser une bouteille de schnaps. Et le manège recommençait.

Une entente a finalement été conclue en juin dernier. Un tracé divisera la masse, 60 % du territoire revenant au royaume du Danemark et les autres 40 % au Canada.

Ça émerveillera certainement quelques-uns de mes élèves d’apprendre que notre pays possède maintenant une frontière terrestre avec celui de la Petite Sirène.


Dans le cours de mathématiques

Cette semaine, c’est #FrancisVaillesCorrige. Le chroniqueur de La Presse a frappé un grand coup en levant le voile sur une erreur de 12 milliards $ (qui est finalement montée à 16,4 milliards $) dans le cadre financier du Parti libéral du Québec (PLQ). C’est toute une gifle à la crédibilité du « parti de l’économie », la formation des Louis-Alexandre Taschereau, Jean Lesage et Robert Bourassa. Si Vailles a pu lui-même trouver la faille et se la faire confirmer par deux experts, je m’étonne que le PLQ ait laissé passer une telle bourde.

Ajoutons que dans le même article, il est également question d’anomalies, de bien moindre importance, précisons-le, dans les cadres financiers de la Coalition avenir Québec (CAQ) et du Parti québécois (PQ).

En tant qu’enseignant, je refuse toujours un devoir bâclé. En tant qu’électeur aussi.

Lire le reportage de Francis Vailles, dans La Presse.


Dans le cours d’univers social
Volet éducation à la citoyenneté

Je suis un lecteur et un auditeur assidu de Rad, le laboratoire de journalisme de Radio-Canada. Cette semaine, l’équipe a diffusé une vidéo dans laquelle elle bombarde les chefs des cinq principaux partis (Geneviève Guilbault remplaçait François Legault) de 16 questions, les mêmes pour tous, auxquelles les deux femmes et les trois hommes devaient répondre spontanément.

Il en résulte 8 minutes et 31 secondes de grand intérêt !


Dans le cours de musique

J’ai entendu le nom de Gentiane MG pour la première fois il y a quelques jours à peine. Pianiste et compositrice donnant dans le jazz, elle lancera son troisième album le 23 septembre prochain. En écoute partielle sur différentes plateformes, il aura pour titre Walls Made of Glass. La pièce Flowers Laugh Without Uttering A Sound en constituera la deuxième plage.

Gentiane MG Trio – Flowers Laugh Without Uttering A Sound – Walls Made of Glass – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il s’appelle Yvon Chouinard et il est né à Lewiston, dans le Maine. En 1972, il a fondé Patagonia, une des plus importantes entreprises de design et de fabrication de vêtements de plein air. Précurseur dans la protection de l’environnement, il a bâti sa compagnie autour de cette valeur.

Cette semaine, à l’âge de 83 ans, monsieur Chouinard a annoncé qu’il cédait l’entièreté de Patagonia à une fiducie qui en poursuivra les activités en suivant les mêmes missions et valeurs. Du même souffle, il a confirmé que l’ensemble des profits de l’entreprise seront dorénavant versés à une association environnementale. Ceci en accord avec ses héritiers.

Un don de soi, un don pour la cause, un don au suivant.