Billet du 13 juin 2025 : Contester les normes

Cette semaine, un article du Réseau d’information pour la réussite éducative (RIRE) a capté toute mon attention : « La pédagogie queer comme solution à l’intolérance » 1. Bien que le mot queer réfère d’abord aux questions d’orientation sexuelle et d’identité de genre, l’approche décrite ici va bien au-delà. Elle invite le personnel enseignant à remettre en question les normes implicites qui structurent l’école et la société. Il ne s’agit pas seulement d’inclure les élèves issus de la diversité sexuelle, mais de revoir nos façons d’aborder toute forme de différence, qu’elle soit culturelle, cognitive, linguistique ou autre. L’objectif n’est pas de nier qu’une majorité existe, mais de refuser que cette majorité soit vue comme la seule référence valable.

Un passage m’a particulièrement marqué : « Le rôle de l’enseignant ne s’y résume donc pas à enseigner l’ouverture et la tolérance face à la différence, mais plutôt à amener les élèves à contester les normes. » Cette phrase contient à elle seule une autre manière de concevoir l’éducation. Plutôt que de présenter certains élèves comme étant « différents » à tolérer, on invite à reconnaître que chaque élève est unique, avec sa propre trajectoire, ses repères, ses façons d’être. La pédagogie queer propose ainsi de déplacer le regard : au lieu de demander aux jeunes de s’ajuster aux attentes implicites du groupe dominant, on leur donne la permission, ainsi que les outils, pour interroger ce qui semble aller de soi.

C’est là, à mon sens, un formidable levier pour développer l’esprit critique des élèves. En les amenant à réfléchir aux normes plutôt qu’à simplement s’y conformer, on les aide à comprendre le monde avec plus de lucidité, mais aussi à y prendre leur place de façon plus libre et plus consciente. En tant que conseiller pédagogique, je vois dans cette approche un appel à élargir notre conception de l’inclusion : non pas un simple ajout, mais une transformation. Et si c’était justement ça, enseigner autrement.

1 CTREQ. La pédagogie queer comme solution à l’intolérance, RIRE, 15 mai 2025.


Diversion tactique

Attaqué par Elon Musk, Donald Trump s’est retourné et a frappé Los Angeles. En réaction aux critiques récentes du patron de X, notamment sur les politiques fédérales concernant les véhicules électriques, Trump a ordonné le déploiement d’environ 4 000 membres de la Garde nationale et 700 Marines à Los Angeles, en réponse à des manifestations déclenchées par une série de raids menés par l’ICE, l’agence fédérale chargée du contrôle de l’immigration (Immigration and Customs Enforcement). Plus de 400 personnes ont été arrêtées, et la mairesse Karen Bass, appuyée par le gouverneur Gavin Newsom, a dénoncé ce qu’elle qualifie de militarisation abusive. En somme, Los Angeles incarne tout ce que Trump s’emploie à combattre : une ville cosmopolite, farouchement démocrate, foyer d’initiatives progressistes et bastion de résistance à son autoritarisme. En la ciblant, il ne frappe pas seulement un territoire géographique : il attaque l’idée même d’une Amérique ouverte, plurielle et libre, celle qui lui échappe, électoralement comme symboliquement.

À ce stade, une question s’impose : quel genre d’individu s’en prend à autrui parce qu’un tiers l’a attaqué ? Les philosophes y verraient un déplacement, les psychanalystes un mécanisme de défense, et les stratèges une diversion tactique. Le commun des mortels y reconnaîtrait peut-être l’enfant qui, frustré, écrase le jouet d’un camarade au lieu de confronter celui qui l’a humilié. Ce n’est pas un hasard si Musk, dans cette scène, a joué la prudence calculée : il s’est contenté de relayer sur X un message de Trump et un autre de J.D. Vance, sans ajouter le moindre commentaire. Ni soutien explicite ni désaveu. D’un côté, Trump instrumentalise les tensions pour se poser en restaurateur de l’ordre ; de l’autre, Musk préserve ses alliances en laissant parler les autres à sa place. Ce n’est pas un rapprochement, c’est un jeu d’ombres : chacun utilisant l’autre comme levier, sans jamais tendre franchement la main.

Jeudi soir, la tension a pris une tournure encore plus symbolique, lorsque le sénateur Alex Padilla, voix californienne éminente, a été violemment expulsé d’une conférence de presse tenue à Los Angeles. Il avait tenté d’interpeller la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, sur la légalité et l’ampleur des rafles et du déploiement militaire. Il a été plaqué au sol, menotté, et écarté, ce que ses alliés à Washington dénoncent comme un passage à tabac politique, un signe supplémentaire de militarisation du débat public. Ce nouvel incident résonne douloureusement avec le mécanisme de déplacement analysé plus tôt : face à une critique gênante, ici un sénateur élu, l’exécutif répond par la force, en choisissant la facilité de l’arrestation politique plutôt que l’affrontement argumenté.

Quand le pouvoir frappe à côté de la cible, ce n’est jamais par hasard, c’est pour que tout le monde regarde ailleurs. Et tant que les projecteurs restent braqués sur le fracas, personne ne pose de questions sur ce qui se joue vraiment en coulisses.


Dans mes écouteurs

Félix Dyotte, né à Montréal, est un auteur-compositeur-interprète acclamé de la scène québécoise. Reconnu pour ses textes sensibles et sa voix feutrée, il s’est illustré avec plusieurs albums solo, en plus de collaborer avec des artistes tels que Pierre Lapointe et Jean Leloup. Patrick Krief, aussi montréalais, s’est d’abord fait connaître comme guitariste du groupe The Dears, avant d’embrasser une carrière solo marquée par des sonorités rock et psychédéliques. Ensemble, ces deux artistes aux univers complémentaires unissent leurs forces pour créer une œuvre singulière.

Sorti la semaine dernière, Scarabée est le résultat de cette rencontre musicale. L’album propose dix pièces où la pop francophone se teinte de guitares nerveuses et d’arrangements raffinés. La chanson BMW en est un bel exemple : portée par une énergie rock et des cordes élégantes, elle évoque à la fois la vitesse, la fuite et la fragilité humaine. Une proposition aussi accrocheuse que mélancolique, qui révèle toute la richesse de cette collaboration.

Félix Dyotte et Patrick Krief – BMW – Scarabée – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Le Paris Saint-Germain a remporté la Ligue des champions, et c’est toute son organisation qui en récoltera les fruits. Fidèle à une promesse faite en début d’année, le président du club, Nasser Al-Khelaïfi, a confirmé que la prime de victoire serait partagée avec les 700 salariés du club, toutes fonctions confondues. Du personnel d’entretien aux employés de bureau, en passant par les équipes de logistique et d’administration, chacun recevra une part de cette récompense collective. Un geste concret de reconnaissance, qui dépasse largement les mots et souligne l’importance de ceux qu’on ne voit pas sur le terrain, mais sans qui rien ne serait possible.

Dans un milieu souvent critiqué pour ses excès, ce choix détonne et fait du bien. En redistribuant une partie des millions liés à la victoire, le PSG rappelle qu’un club de soccer, ce n’est pas seulement onze joueurs, mais bien une communauté entière qui travaille dans l’ombre, au quotidien. Une belle manière d’honorer les coulisses d’un succès, et de donner un peu d’écho à l’idée que la performance est toujours le fruit d’un effort collectif. Voilà une bonne nouvelle qui mérite d’être soulignée.


Billet du 6 juin 2025 : Quand l’amygdale tweete plus vite que la raison

Depuis les derniers jours, Elon Musk et Donald Trump s’affrontent publiquement dans une querelle aussi bruyante qu’absurde. Menaces, accusations, chantage politique : les réseaux sociaux se régalent. Mais si on prenait un pas de recul, non pas politique, mais neuroscientifique, que nous diraient les spécialistes du cerveau humain sur cette joute d’ego ?

Quand un adulte puissant réagit avec impulsivité, menace ceux qui le contredisent ou lance des rumeurs pour se venger, ce n’est pas seulement un style. Pour plusieurs experts du développement humain, c’est souvent le signe que certaines structures du cerveau fonctionnent en mode archaïque, comme chez l’enfant.

Le docteur Daniel Goleman, spécialiste de l’intelligence émotionnelle, parle de « détournement amygdalien ». En gros : quand une émotion forte est déclenchée (humiliation, peur de perdre le contrôle), le cerveau rationnel se déconnecte. C’est alors l’amygdale, une vieille structure liée aux réactions de survie, qui prend le volant. Est-ce qu’on peut imaginer Trump ou Musk dans ce genre d’état lorsqu’ils publient leurs tweets les plus explosifs ? On serait tenté de le croire.

Le cortex préfrontal, lui, est censé tempérer tout ça. C’est lui qui nous aide à réfléchir, à prévoir les conséquences de nos actes, à freiner nos impulsions. Chez certains, cette partie du cerveau agit comme un bon conseiller. Chez d’autres, elle est parfois débordée par les émotions. Et c’est là que ça dérape. Le psychiatre Daniel Siegel rappelle qu’on peut être adulte biologiquement, sans l’être émotionnellement. Réagir comme un adolescent frustré à la moindre critique, ce n’est pas une preuve de puissance : c’est un signe d’un cerveau qui n’a pas fini de se réguler.

Des chercheurs comme Catherine Gueguen ou Gordon Neufeld insistent : la manière dont on a été aimé, écouté et sécurisé dans l’enfance joue un rôle clé dans la maturité émotionnelle adulte. Quand cette base est fragile, on peut passer sa vie à chercher à prouver sa valeur, à contrôler les autres ou à fuir la moindre remise en question. Et si, derrière les milliards de Musk et le pouvoir de Trump, il y avait simplement deux enfants blessés, mal équipés pour gérer le désaccord et l’impuissance ?

Ce que nous montrent ces deux hommes, c’est une forme d’immaturité déguisée en leadership. Ils ont beau être célèbres, riches et influents, leurs réactions ressemblent parfois plus à une bataille de cour de récréation qu’à un débat d’hommes d’État.

La bonne nouvelle, c’est que le cerveau conserve sa plasticité toute la vie. La mauvaise, c’est que ni Twitter ni Truth Social ne sont reconnus comme milieux favorables à son développement.


Pratiquer l’histoire

Dans un épisode récent de la série Le dessous des images, diffusée sur ARTE, la journaliste Sonia Devillers s’attaque à ce qui pourrait sembler être une lubie bureaucratique : la suppression massive d’archives photo par l’administration Trump. Mais derrière ce nettoyage numérique, on parle de plus de 100 000 images visées, se cache une entreprise bien plus inquiétante : l’effacement systématique de contenus liés à la diversité, à l’équité et à l’inclusion. C’est ainsi que des photographies de femmes militaires, de soldats afro-américains ou même du mythique bombardier Enola Gay (dont le nom contient malencontreusement le mot « gay ») se retrouvent à disparaître des bases de données publiques.

Ce n’est pas un simple excès de zèle. C’est une stratégie. En éliminant les traces visuelles d’une armée plus représentative, plus inclusive, Trump tente de restaurer un récit rétrograde : celui d’une Amérique militaire blanche, masculine, unifiée et mythifiée. Ce récit n’a jamais existé, mais il fonctionne à merveille dans un programme politique nostalgique. Pas besoin de réécrire l’histoire quand on peut simplement la purger.

On pourrait croire à une mauvaise blague algorithmique. Ce serait oublier que l’histoire est aussi un champ de bataille. Et que, dans ce champ, les archives sont des munitions. Staline effaçait ses ennemis des photos. Trump efface des décennies d’évolution sociale des serveurs fédéraux. Même combat. Et même nécessité de rester, plus que jamais, aux aguets.

C’est ici que les institutions éducatives, les musées, les journalistes, ainsi que nous tous, entrons en scène. Car si un gouvernement peut effacer des images, il ne peut pas effacer toutes les mémoires. Encore faut-il les entretenir, les transmettre, les confronter. Le danger ne réside pas seulement dans ce qui disparaît, mais dans ce que nous cessons de chercher, de nommer, de raconter. L’histoire, comme la démocratie, exige qu’on la pratique. Et parfois, qu’on la défende activement contre l’oubli organisé. Dans cette lutte pour la mémoire, l’intelligence collective reste notre meilleure arme : une conscience partagée, tissée d’expériences, de débats et de vigilance. L’intelligence artificielle, elle, peut nous épauler, à condition qu’elle soit au service de cette mémoire commune, et non d’un pouvoir qui cherche à la formater. Sinon, elle ne sera pas un outil de savoir, mais un complice de l’oubli.

ARTE. Donald Trump purge les archives pour réécrire l’Histoire. Le dessous des images, 3 mai 2025. [Vidéo en ligne]


Dans mes écouteurs

Originaire de Montréal, DanyJo s’impose comme une figure montante de la scène francophone avec son nouvel EP Trop d’histoires, lancé le 5 juin au Quai des Brumes. Après avoir exploré des sonorités pop et chanson dans L’antre nos deux oreilles (2023), il revient avec un projet résolument rock, teinté d’une poésie viscérale et attachante. Ce mini-album de six titres offre une immersion dans un univers musical riche et personnel.

Parmi les morceaux, Bob Dylan XII se distingue par son hommage subtil au légendaire auteur-compositeur américain. Avec des arrangements épurés et des paroles empreintes de réflexion, cette chanson reflète l’influence de Dylan sur DanyJo, tout en affirmant sa propre voix artistique. C’est une pièce qui incarne parfaitement l’essence du microalbum : une fusion entre tradition et modernité, portée par une sincérité désarmante. La voici.

DanyJo – Bob Dylan XII – Trop d’histoires – #musiquebleue

Les bonnes nouvelles de cette semaine

Il arrive que la reconnaissance vienne d’un peu plus loin que prévu. L’écrivain et journaliste Michel Jean a été fait chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres de la République française, un honneur rarement accordé à un Québécois, et encore plus exceptionnel pour un membre des Premiers Peuples. La distinction salue l’ensemble de son œuvre littéraire, ancrée dans la mémoire innue, ainsi que son engagement pour une représentation plus juste et humaine des Autochtones dans l’espace médiatique. Une reconnaissance internationale aussi touchante que significative.

Pendant ce temps, sur un tout autre terrain, Luguentz Dort et Bennedict Mathurin font eux aussi rayonner le Québec, cette fois sur la scène de la NBA. Leurs équipes respectives, le Thunder d’Oklahoma City et les Pacers de l’Indiana, s’affronteront en finale du championnat. C’est une première : deux joueurs québécois dans deux équipes finalistes au basketball. Pour un sport encore marginal il n’y a pas si longtemps au Québec, c’est un signe fort de progression, et un rappel que le talent d’ici peut atteindre les plus hauts sommets.

Deux bonnes nouvelles, donc, qui nous rappellent qu’il est possible de se rendre loin sans renier d’où l’on vient. Que ce soit en maniant la plume ou le ballon, ces parcours inspirants tracent des trajectoires lumineuses et donnent envie, l’espace d’un instant, de croire que l’élan d’un peuple peut se jouer sur tous les terrains.


Billet du 28 février 2025 : Le culte des leaders charismatiques

Le blogueur Jonathan le Prof m’a coupé l’herbe sous le pied, cette semaine. En fait, il m’a plutôt enlevé les mots de la bouche. Pour être exact, il a publié mercredi ce que je m’apprêtais à écrire ici aujourd’hui. Lui et moi, nous nous rejoignons sur toute la ligne.

Mon blogue se veut pédagogique. Pourtant, depuis les dernières semaines, il est beaucoup question d’Elon Musk et de Donald Trump. Y a-t-il ici une incompatibilité ? Absolument pas. Nous vivons actuellement un tournant important de l’histoire et nous devons en retenir toutes les leçons. Les leçons actuelles, bien sûr, mais surtout celles du passé. La pédagogie dans son état le plus pur.

Voici un extrait de ce que Jonathan écrivait, pour justifier ses dénonciations quotidiennes du duo Musk-Trump :

« Dans les années 1920 et 1930, beaucoup ont sous-estimé les déclarations de Hitler et Mussolini, les voyant comme de simples extrémistes radicaux et bruyants, ou des personnages marginaux, excentriques et inoffensifs.

Les médias ne les prenaient pas au sérieux, et il n’y avait donc pas ou très peu de contrepoids à leurs discours et leurs actions.

Cette attitude de négligence et de complaisance a grandement facilité leur ascension au pouvoir et à faciliter à abolir la démocratie et l’état de droit, entraînant ensuite une histoire horrible que vous connaissez tous. »

Et l’histoire semble ici se répéter avec Trump et Musk. La suite vous intéresse ? Je vous invite à en prendre connaissance.

Jonathan le Prof. (2025, 26 février). Vous êtes nombreux à me demander en commentaires pourquoi je n’arrête pas de dénoncer les dérives fascistes du duo Trump-Musk [Statut Facebook]. Facebook.


C’est ce qui m’amène la question suivante : pourquoi certaines personnes, souvent très intelligentes, vouent-elles un véritable culte à des individus ? Qu’est-ce qui crée ce culte et le rend généralement inconditionnel ? L’histoire regorge de figures autour desquelles s’est construite une adoration sans failles, qu’il s’agisse de leaders religieux, de chefs politiques, de gourous ou même de personnalités contemporaines, comme Donald Trump. Ce phénomène s’explique par un mélange de besoins psychologiques, de dynamiques de groupe et de stratégies de manipulation de la part des figures charismatiques qui savent capter l’attention et renforcer la loyauté de leurs adeptes.

L’adhésion à un leader repose d’abord sur un besoin fondamental de sécurité et de sens. Dans des périodes d’incertitude, beaucoup cherchent des repères clairs, et un individu charismatique proposant une vision simple du monde peut rapidement devenir un phare rassurant. Ce phénomène est renforcé par des biais cognitifs, comme la dissonance cognitive : lorsqu’une personne a investi temps et énergie dans une croyance ou un mouvement, il devient difficile de reconnaître qu’elle s’est trompée. Pire, les critiques extérieures renforcent souvent l’attachement au leader, non pas parce qu’il est objectivement persécuté, mais parce qu’il se présente comme un martyr, prétendant être la cible d’un complot ou d’un acharnement injuste. Comme l’écrivait le sociologue allemand Erich Fromm dans Escape from Freedom : « Pour ceux qui ont peur de la liberté, un leader qui leur dit quoi penser et comment agir devient non seulement un guide, mais un refuge contre l’angoisse existentielle. » 1

Ce culte devient inconditionnel grâce à la polarisation et à la création d’un ennemi commun. En désignant un adversaire – les élites, les médias, un groupe social ou une idéologie –, le leader soude son groupe et empêche toute remise en question interne. Ce mécanisme explique pourquoi certains continuent à défendre un leader malgré ses erreurs manifestes. En se positionnant comme victime d’un système hostile, il transforme chaque attaque en preuve de sa légitimité. Ainsi, ses partisans ne le soutiennent plus seulement pour ses idées, mais parce qu’il incarne leur combat. Le culte dépasse alors la personne elle-même : il devient un symbole identitaire, une cause à défendre à tout prix. Ainsi, plus un leader crie à l’injustice, plus ses fidèles s’accrochent à lui… à croire que, dans ce grand théâtre du pouvoir, rien ne vaut un bon rôle de victime pour décrocher une ovation debout.

1 Fromm, Erich. Escape from Freedom. Farrar & Rinehart, 1941.


Dans le cours de musique

Cette semaine, un artiste établi et une de ses plus belles compositions. Les Yankees, de Richard Desjardins, est un chef-d’oeuvre, tant au niveau musical que pour sa poésie et son engagement. Maintenant âgée de 37 ans, cette chanson surprend par ses paroles qui, de fictives et apocalyptiques qu’elles pouvaient alors sembler, s’avèrent maintenant très actuelles.

Richard Desjardins – Les Yankees – Les derniers humains – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Plusieurs fois par année, je me rends dans les salles d’Odyscène pour profiter de spectacles qui allient talent, créativité et émotion. Ce diffuseur culturel des Laurentides a su s’imposer comme un incontournable pour les amateurs de théâtre, de musique et d’humour. Son engagement envers la diversité artistique et la qualité de ses programmations en fait une référence dans le milieu culturel québécois. Il n’est donc pas surprenant qu’Odyscène ait récemment été couronné « Diffuseur de l’année » par le RIDEAU, une reconnaissance bien méritée pour son travail exceptionnel dans le rayonnement des arts vivants.

Cette distinction met en lumière l’importance des diffuseurs régionaux dans l’accès à la culture. Grâce à Odyscène, le public des Laurentides peut découvrir des artistes de renom, tout comme des talents émergents, sans devoir se déplacer jusqu’à Montréal. Chaque visite dans leurs salles est une promesse d’émerveillement, de réflexion et d’émotions brutes. C’est un privilège d’avoir accès à une programmation aussi riche et variée, portée par une équipe passionnée qui fait vivre la culture avec brio.


Billet du 31 janvier 2025 : De la banalisation des symboles violents à la beauté du verbe

Calvin Robinson est un prêtre anglican, commentateur politique, écrivain et animateur britannique. Ordonné dans l’Église catholique anglicane, il est connu pour ses positions conservatrices et ses apparitions médiatiques controversées sur des chaînes comme GB News. Actuellement, Robinson officie comme vicaire d’une paroisse à Grand Rapids, une ville de l’État du Michigan, après avoir quitté le Royaume-Uni pour rejoindre l’Église catholique anglicane aux États-Unis.

Mais pourquoi diable est-ce qu’il est question de lui dans mon billet de cette semaine ?

Mercredi, lors du Sommet national pro-vie à Washington, Robinson a suscité une vive controverse en imitant à son tour, une semaine après Elon Musk, un salut nazi. À la fin de son discours, où il déclarait que l’Amérique était « le seul pays à se battre pour la vie », il a placé sa main sur sa poitrine avant de tendre le bras droit, paume vers le bas, dans un geste rappelant justement le salut nazi. Ceci a été accueilli par des rires et des applaudissements du public présent. De leur côté, de nombreux observateurs ont dénoncé cet acte comme étant non seulement de mauvais goût, mais aussi potentiellement dangereux, soulignant les risques de banalisation des symboles fascistes.

Cette escalade de gestes et de symboles à connotation fasciste est profondément troublante. Le retour de Donald Trump à la présidence semble avoir ouvert une boîte de Pandore, légitimant des comportements encore récemment considérés comme inacceptables. L’incident impliquant Calvin Robinson n’est malheureusement qu’un exemple parmi tant d’autres de cette tendance alarmante. On ne peut s’empêcher de s’interroger sur les conséquences à long terme de cette banalisation des symboles d’extrême droite sur le tissu social américain et sur la démocratie elle-même. Il est crucial que nous restions vigilants et que nous condamnions fermement ces actes, car l’histoire nous a déjà montré les dangers qui guettent une société qui tolère la montée du fascisme. La frontière entre la provocation et l’adhésion réelle à ces idéologies dangereuses devient de plus en plus floue, et c’est précisément ce qui devrait nous inquiéter tous.


Dans le cours de français

Une chaîne commerciale connue dans tout le Canada tient dans ses rayons une marque de cartes de souhaits dont je tairai le nom ici. Je me contenterai de mentionner qu’au dos des cartes, il est inscrit qu’elle est produite par « une petite entreprise détenue et gérée par une femme ».

Le site web de cette entreprise nous fournit des détails supplémentaires : « Fondatrice et experte en multitâches ; mère célibataire de jumeaux adolescents et d’un animal de compagnie.  A transformé un diplôme en littérature anglaise en une entreprise. N’a pas accepté un non pour réponse lorsqu’on lui a dit qu’une femme ne pouvait pas manipuler une presse de 2 500 livres, puis a montré à une bande de compagnons comment s’y prendre. Génération X assumée. »

Jusqu’ici, je salue le travail de cette entrepreneuse. Là où ça se gâte, c’est quand on prend le temps de scruter la marchandise.

#LeProfCorrige

Sur la première carte, en admettant qu’on ferme les yeux sur j’veux (plutôt que je veux), sur je t’aime au bout (au bout’, en bon québécois) et sur le fait qu’il n’y a pas de point à la fin, il aurait fallu lire Tu es mon meilleur et non Tu est mon meilleur. Cette conjugaison est enseignée en troisième année du primaire.

Sur la deuxième carte, il aurait fallu lire Brillante et non Brilliante.

Il existe plusieurs outils pour vérifier la grammaire et l’orthographe. Là comme ailleurs, il est dommage qu’on ne se donne pas la peine de s’en prévaloir. Je refuse de donner à qui que ce soit une carte de souhaits affichant des fautes !


Dans le cours de musique

Avec Dix chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abîmé, Pierre Lapointe tisse une œuvre à la fois nostalgique et profondément intime, où chaque note semble caresser les âmes en peine. Dans cet album, il revisite avec élégance l’esprit des grandes chansons d’autrefois, s’appuyant sur des orchestrations feutrées et une écriture ciselée qui évoquent les amours fanées, les espoirs brisés et la beauté du chagrin. Lapointe ne cherche pas à suivre les tendances, il les ignore avec panache, préférant offrir une musique qui traverse le temps plutôt que de s’y conformer. Une collection de ballades mélancoliques qui, plutôt que d’appartenir au passé, rappellent que certaines émotions, elles, ne se démoderont jamais.

Extraite de cet album lancé au cours des derniers jours, voici la pièce Hymne pour ceux qui ne s’excusent pas.

Pierre Lapointe – Hymne pour ceux qui ne s’excusent pas – Dix chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abîmé – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Entre les lubies et les insanités de Donald Trump, et à travers les folies meurtrières de Benyamin Netanyahou, en subissant le silence inquiétant de Vladimir Poutine, il y a eu l’éclat de soleil de Chloé, la caricaturiste du Devoir. Je le dépose ici.

Il est inutile d’en écrire davantage.


Billet du 24 janvier 2025 : J’ai mis un x sur X

Près de 14 ans après l’avoir ouvert et utilisé à souhait, j’ai fermé mon compte X, dimanche soir. Si je ne l’avais pas fait dimanche, je l’aurais fait lundi soir. J’éprouvais déjà de la difficulté à m’associer à un produit d’Elon Musk, je me dissocie maintenant entièrement du personnage. Je suis capable de respecter quelqu’un qui émet des opinions ou adopte des positions différentes des miennes, mais pas quand cette personne sombre dans le racisme, le sexisme, l’homophobie ou la haine. Les deux saluts nazis que Musk a adressés à foule, lors du rassemblement républicain de lundi soir, ne passent pas.


Que fais-je avec mes comptes Facebook, Instagram et Threads, tous propriété de Meta et de Mark Zuckerberg ? Pour l’instant, j’attends. Si ces réseaux s’assombrissent comme X l’a fait, je les quitterai également.


Amazon ? C’est fini. Du moins, jusqu’à ce que son éventuel statut de quasi-monopole ne me laisse pas le choix d’y revenir. J’y trouvais mon compte parce que la compagnie livrait rapidement à domicile et possédait sept entrepôts au Québec. Elle offre également une multitude de produits d’ici. Mais fermer sans crier gare tous ses points de service québécois, mettant ainsi au chômage plus de 3 000 travailleurs, parce qu’un des entrepôts a réussi à y faire entrer le syndicat, justifie que j’élimine ce commerce de ma liste.


Je m’efforce d’acheter des produits québécois. Il m’arrive aussi d’acheter des produits d’ailleurs, dans des commerces québécois, chez Dollarama ou dans des boutiques spécialisées, par exemple. J’encourage également les produits et commerces canadiens, parce qu’ils font autant partie de notre économie. Ce que Donald Trump et ses sbires m’inspirent, depuis cette semaine, c’est de carrément éviter d’acheter leurs produits. Éviter à tout prix les produits américains, c’est quelque chose de nouveau pour moi. J’en suis rendu là.


Dans le cours de sciences et technologie

Comment notre cerveau construit-il ses connaissances ?

Disons qu’il est en constante évolution. Il apprend, se souvient et oublie chaque jour. Mais comment ces processus s’opèrent-ils au niveau neuronal ? L’apprentissage est en réalité une modification physique de notre cerveau. Lorsque nous acquérons une nouvelle information, de nouvelles connexions se créent entre nos neurones, formant ainsi de véritables réseaux. Ces connexions, appelées synapses, se renforcent à chaque rappel de l’information, consolidant ainsi notre mémoire. C’est un peu comme un sentier dans une forêt : plus on l’emprunte, plus il devient évident.

La mémoire, elle, se divise en plusieurs types. La mémoire à court terme, par exemple, nous permet de retenir un numéro de téléphone le temps de le composer. La mémoire à long terme, quant à elle, stocke nos connaissances et expériences de manière plus durable. L’oubli, loin d’être une défaillance, est un mécanisme essentiel à notre survie. Il nous permet de ne pas être submergés par une quantité excessive d’informations. Certaines informations sont éliminées, tandis que d’autres sont consolidées et conservées.

Il est important de noter que la plasticité cérébrale, c’est-à-dire la capacité du cerveau à se modifier, diminue avec l’âge. Cependant, elle peut être stimulée par diverses activités, telles que l’apprentissage de nouvelles langues, la pratique d’un instrument de musique ou la résolution d’énigmes. En comprenant les mécanismes de l’apprentissage, nous pouvons optimiser nos capacités cognitives et favoriser un vieillissement en bonne santé.

Alors, prêt à faire des synapses et à agrandir votre cerveau ? C’est l’occasion de devenir un véritable expert en matière grise !


Dans le cours de musique

Les Passagers, groupe musical hybride aux sonorités audacieuses, naviguent entre jazz, électronique et rock psychédélique avec une élégance remarquable. Fondé autour du duo Nicolas Ferron-Geoffroy et Andréanne Muzzo, accompagné du batteur Tonio Morin-Vargas, le groupe poursuit une trajectoire artistique internationale qui les a menés des scènes locales aux studios mythiques de Los Angeles, en passant par des tournées européennes. Après deux mini-albums remarqués, deux albums acclamés (Eldorado en 2016 et Les Oiseaux en 2020) distribués jusqu’au Canada et au Japon, le trio vient de lancer son nouvel opus Tu n’es pas seul. Cet autre mini-album projette une exploration musicale où les grooves entraînants côtoient des mélodies aériennes, quelque part entre Françoise Hardy, Herbie Hancock et Tame Impala. En voici un aperçu avec la pièce Coca cola.

Les Passagers – Coca cola – Tu n’es pas seul – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Martial Grisé et Maryse Pepin, auteurs passionnés et inspirants, ont récemment démontré leur générosité en offrant des livres à plus de 70 écoles des Laurentides. Grâce à leur Fondation McGray, ils ont distribué des romans de leur collection Seyrawyn, remplis de magie, de Vikings et de dragons, pour éveiller l’imaginaire des jeunes lecteurs. Ce projet littéraire, d’une valeur de 5000 $, a permis aux élèves de découvrir des histoires captivantes tout en abordant des thèmes importants, comme l’empathie, l’écologie et l’histoire des Patriotes de Saint-Eustache. Leur engagement envers l’éducation et la promotion de la langue française est un véritable cadeau pour la communauté.

En plus de leurs dons de livres, les auteurs s’investissent activement dans divers projets pour les jeunes tout au long de l’année. Que ce soit par des animations, des rencontres dans les Salons du livre ou d’autres initiatives originales, ils cherchent constamment à inspirer les générations futures. Leur dévouement à promouvoir la lecture et à partager leur amour pour la langue française est une source d’inspiration pour tous. Grâce à leur passion et à leur générosité, les jeunes des Laurentides ont la chance de plonger dans des univers fantastiques et de développer leur goût pour la lecture.

Martial Grisé et Maryse Pepin, auteurs.

Billet du 17 janvier 2025 : Une histoire à ma manière

Les Québécois se sentent-ils plus Nord-Américains ou Français ? La question méritait d’être posée, surtout dans le contexte actuel, et Léger s’en est chargé. Par ma langue, ma culture et la majeure partie de mes intérêts, je me sens personnellement plus Français. Par mon mode de vie et mon amour du baseball, je me sens plus Nord-Américain. En combinant les deux, je me sens peut-être plus français. Mais je fais partie d’une minorité.

Le récent sondage Léger, publié dans Le Devoir, révèle que la majorité des Québécois se sentent plus proches culturellement de l’Amérique du Nord que de la France.1 Il démontre que 73 % des Québécois s’identifient davantage à la culture nord-américaine, contre seulement 16 % qui se sentent plus proches de la culture française. Les résultats sont similaires indépendamment de l’âge, du genre et de la langue des répondants. Cette tendance reflète une perception croissante du Québec comme une région culturellement nord-américaine plutôt qu’européenne.

Le coup de sonde confirme une tendance que je remarque depuis de nombreuses années, principalement chez les plus jeunes générations. Leurs références musicales sont américaines, comme leurs références cinématographiques. Les influenceurs suivis sont pour la plupart québécois, mais promeuvent rarement des produits conçus ici.

Et qu’ont répondu les quelques jeunes, âgés de 11 à 22 ans, à qui j’ai demandé ce qu’ils pensaient de la proposition de Donald Trump de faire du Canada le 51e État américain ? Au mieux, ils ont affiché une indifférence. Au pire, ils aimaient l’idée.

C’est le triomphe du cheeseburger sur le camembert.

1 Baillargeon, Stéphane. Les Québécois se sentent nord-américains et loin de la France, révèle un sondage. Le Devoir, Montréal. Le 16 janvier 2025.


Dans le cours de français

Le mot de la semaine est oligarchie. Il a été employé par à peu près tous les grands médias de la planète.

Dans son discours d’adieux à titre de président des États-Unis, Joe Biden a mis en garde contre la montée d’une oligarchie aux États-Unis, où une poignée d’individus ultrariches concentrent le pouvoir et l’influence. Biden souligne que cette concentration de pouvoir menace la démocratie, les droits fondamentaux et les libertés individuelles. Il cite notamment les patrons de l’industrie technologique, comme Elon Musk, qui exercent une influence croissante sur les politiques publiques.

Ce discours a suscité un large écho dans les médias du monde entier, qui ont largement repris le terme « oligarchie » pour décrire la situation politique actuelle aux États-Unis.


Dans le cours d’art dramatique

Fanfreluche m’a raconté plein d’histoires à sa manière, pour m’amuser. Je revenais de l’école, j’allais jouer un peu dehors et je rentrais pour écouter Bobino d’abord, l’émission suivante ensuite. Une fois par semaine, c’était Fanfreluche.

Personnifiée par Kim Yaroshevskaya, la poupée commençait à lire une histoire, puis entrait dans son grand livre pour en modifier le cours. On peut dire qu’elle a largement contribué à m’initier à la littérature.

M’a-t-elle donné le goût de la lecture ? Un peu. Par contre, je lui dois une bonne part de mon goût de l’écriture, qui a commencé à se développer quand j’étais très jeune. C’est Fanfreluche qui m’a fait réaliser, la première, qu’on pouvait créer en écrivant.

Chapeau bien bas, madame Yaroshevskaya ! Bravo et merci pour votre œuvre, un merci particulier pour cette passion que vous avez contribué à m’inculquer. Avec une vie qui s’est éteinte à l’âge plus que vénérable de 101 ans, vous avez plus que mérité le droit de vous reposer.


Dans le cours de musique

Mélodie-Jade était une protégée de Corneille à l’émission La Voix. Offrant des notes de jazz versant dans la bossa-nova, avec l’accent québécois, elle vient de lancer son premier mini-album, Sens Cible. Voici la pièce Anormal.

Mélodie-Jade – Anormal – Sens Cible – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Dans un remarquable accomplissement qui fait la fierté du Québec, Myckaël Charbonneau, diplômé de l’UQAM, s’est distingué parmi 3769 candidats en remportant la médaille d’or à l’examen final des comptables professionnels agréés du Canada. Ce qui rend cette réussite encore plus inspirante, c’est que, contrairement à la tradition qui voit souvent les lauréats provenir des grands cabinets comptables, Myckaël a choisi de mettre ses talents au service du secteur communautaire en tant que comptable à la Maison d’Hérelle, un organisme qui accompagne les personnes vivant avec le VIH-Sida.

Cette victoire exemplaire illustre parfaitement comment l’excellence professionnelle peut s’allier à l’engagement social. Malgré les offres alléchantes des grands cabinets comptables suite à sa performance exceptionnelle, Myckaël reste fidèle à ses valeurs en poursuivant son travail à la Maison d’Hérelle, où il contribue activement à la mission de l’organisme tout en développant des projets novateurs en matière de gouvernance et de gestion financière. Son parcours inspire une nouvelle génération de professionnels à considérer le secteur communautaire comme un lieu d’épanouissement professionnel où les compétences peuvent avoir un impact direct sur le bien-être de la société.


Billet du 27 octobre 2023 : Se soucier de l’humain

Je sens le besoin de rappeler que rien n’est jamais tout noir et rien n’est jamais tout blanc. « Ou bien vous êtes avec nous, ou bien vous êtes contre nous », avait déclaré George W. Bush, au lendemain des attentats du 11 Septembre. La tension actuelle au Moyen-Orient suscite des commentaires semblables. Les communautés juives et arabes ayant toutes deux vécu des diasporas, les émotions fusent partout sur la planète, au gré des plus récents événements.

Je condamnerai toujours le terrorisme, même s’il peut convenir de se déclarer sympathique à certaines causes défendues par ceux qui le pratiquent. Partant de là, est-il possible d’être pro-israélien tout en dénonçant les morts en Palestine ? Bien sûr. Peut-on également se déclarer propalestinien tout en s’insurgeant contre ceux qui tuent les civils israéliens ? Absolument.

La paix ne sera possible qu’en se souciant de chaque vie humaine. Ça commence par nous tous.


Dans le cours d’univers social
Volet éducation à la citoyenneté

À l’école, tant lors d’une évaluation que pour un travail à rendre, ce n’est pas bien de regarder sur la copie de son voisin. Dans le second cas, on peut toujours plaider l’inspiration, mais les arguments se doivent d’être convaincants pour s’épargner les soupçons de plagiat, passible de sanctions.

Cette semaine, alors que les analystes commentaient le contenu du budget de l’an 1 d’un Québec souverain, présenté par le Parti québécois, c’est le titre du document qui m’a fait sourciller.

Remarquez-vous le discret triangle rouge, au haut de la page frontispice ? Le jupon dépasse, comme dirait l’autre ! Un Québec libre de ses choix était également le titre du rapport du comité constitutionnel du Parti libéral du Québec, publié en 1991. Pour celles et ceux qui s’en souviennent, c’est le document qu’on a longtemps et communément appelé le rapport Allaire, en référence à celui qui présidait ce comité, Jean Allaire.

J’aimerais beaucoup que quelqu’un au PQ m’explique la teneur des discussions qui ont mené ses instances à réchauffer et servir de nouveau ce titre, concocté par ses rivaux, 32 ans plus tôt. J’admets ne pas comprendre. Quand un vieux parti semble renaître de ses cendres après être passé si près d’être rayé de la carte électorale, il doit savoir se démarquer des formations politiques émergentes, notamment par son originalité. De référer aux travaux du passé d’un autre vieux parti moribond ne m’apparaît pas comme une stratégie gagnante.

Si c’est du plagiat, c’est malhabile. Si c’est de l’inspiration, c’est pire.


Dans le cours de français

Cette semaine, on m’a consulté pour l’orthographe du pluriel de trois noms composés. Il s’agit de table d’hôte, bernard-l’ermite et grille-pain.

D’abord, table d’hôte. Il faut lire l’expression comme la table de l’hôte. Au pluriel, on ferait référence aux tables de l’hôte. Plusieurs tables, un seul hôte. On écrit donc des tables d’hôte.

Je passe maintenant à grille-pain. Comme dans tous les noms composés comprenant un verbe, ce dernier demeure invariable. Grille ne prendra donc pas la marque du pluriel. Qu’en est-il de pain ? Un grille-pain grille le pain. Des grille-pain grillent le pain. Comme un porte-parole porte la parole et que des porte-parole portent la parole. Dans l’orthographe traditionnelle, grille-pain demeurera invariable et on écrira des grille-pain. Cependant, la réforme orthographique permet maintenant d’écrire des grille-pains.

Je termine avec bernard-l’ermite. Avant de préciser son pluriel, je mentionnerai que ce nom, au singulier, possède quatre orthographes différentes. On peut écrire ermite ou hermite, avec un h. Bernard-l’ermite peut également s’écrire avec ou sans le trait d’union. Au singulier, on peut donc écrire bernard-l’ermite, bernard-l’hermite, bernard l’ermite ou bernard l’hermite. Dans tous ces cas, il demeure invariable au pluriel. Personnellement, j’opte pour des bernard-l’ermite.

Il est à noter que contrairement à ce que plusieurs croient, un nom composé ne comporte pas nécessairement de traits d’union.


Dans le cours de musique

Le groupe Ta Gueule Dandy, fondé dans le quartier montréalais d’Hochelaga-Maisonneuve, nous arrive avec son deuxième album, Ouvre-moi la porte. Cette formation rock, offrant des sonorités de toutes les époques, a travaillé avec Michel Pagliaro, dont elle a intégré certaines influences. Voici la pièce Come on bébé.

Ta Gueule Dandy – Come on bébé – Ouvre-moi la porte – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

L’application Twitter, au départ, était un fil de nouvelles et un lieu de débats sur différents sujets d’actualité. Peu avant d’être achetée par Elon Musk et de devenir X, elle a graduellement bifurqué vers une autre vocation et est devenue une arène d’insultes et d’intimidation. C’est pour combler le vide créé par cette évolution dans le mauvais sens que sont nés Mastodon, Threads et Bluesky.

Des citoyens de Salaberry-de-Valleyfield ont cependant convenu de débattre respectueusement de différents sujets, périodiquement, en se rencontrant dans un restaurant de l’endroit. Ils sont aujourd’hui une quarantaine de personnes inscrites à la liste d’invitations. Les rencontres ponctuelles réunissent chaque fois entre 20 et 25 d’entre elles. En chair et en os, loin des claviers et des écrans.

Le journaliste Philippe Mercure a obtenu le privilège d’assister à une des réunions du groupe. Il en a rédigé un exposé des plus rafraîchissants 1. Ces gens ont placé l’humain au-delà du numérique. Le souci était là, la bonne humeur s’est invitée.

Pour aujourd’hui, le 27 octobre, un appel au boycottage d’une journée de la plateforme Twitter/X a été lancé. Pourquoi ne pas en profiter pour créer d’autres initiatives similaires à celles du groupe de Valleyfield ?

1 Mercure, Philippe. Juste du monde qui jase. La Presse, Montréal. Le 18 octobre 2023.