Billet du 4 février 2022 : Des clins d’œil et des camions

Il y a longtemps que l’actualité n’avait pas été aussi généreuse que cette semaine. Même si la pandémie demeurait en trame de fond d’à peu près toutes les nouvelles, ça faisait changement de voir la santé publique et les hôpitaux être relégués au second plan. La liste de sujets à commenter est longue. Alors, ne perdons pas de temps.

Clin d’œil d’univers social

Il y a un an et demi, Erin O’Toole suggérait, dans une vidéo devenue virale, que le bureau de Justin Trudeau soit déménagé dans une toilette chimique installée près du parlement.

Voir la vidéo

Où se trouve le bureau de monsieur O’Toole, depuis mercredi soir ?


Dans le cours de musique

Suivant Neil Young et Joni Mitchell, Gilles Vigneault a lui aussi demandé à la plateforme Spotify de cesser de diffuser sa musique. Les trois artistes réagissent ainsi afin de protester devant la diffusion du balado de Joe Rogan, qui propage à grande échelle de la désinformation concernant les mesures sanitaires. Les demandes ont été déposées il y a plusieurs jours, déjà. Au moment où j’écris ces lignes, leurs titres demeurent disponibles pour écoute sur Spotify. Est-ce une partie de bras de fer qui s’annonce ?


Clin d’œil de mathématiques

À propos de Joe Rogan, il a mentionné en ondes, la semaine dernière, que plus de 50 000 camions convergeaient vers Ottawa. Selon les chiffres de la police de la capitale canadienne, il faudrait diviser ce nombre par 25.


Clin d’œil d’éthique et culture religieuse

La cause des camionneurs mérite d’être entendue. Qu’on soit d’accord ou non, la parité qu’ils demandent avec le personnel de la santé, en ce qui concerne la non-obligation vaccinale, se justifie aisément. Les dérapages et les changements de revendications, d’ailleurs dénoncés par les instigateurs de la manifestation, viennent plutôt de groupes de droite qui ont infiltré le convoi. Ces derniers, en outre, ont profané la Tombe du Soldat inconnu (vidéo), la statue de Terry Fox (article) et ont intimidé les bénévoles d’une soupe populaire d’Ottawa, jusqu’à obtenir des repas gratuits qui n’ont ainsi pas pu être distribués aux gens démunis à qui ils étaient destinés.

Si vous désirez aider financièrement l’organisme qui gère la soupe populaire, vous pouvez le faire en suivant ce lien.


Clin d’œil de français

Les camions klaxonnent toute la journée, à Ottawa. Aux dires du député Alexis Brunelle-Duceppe, ils dérangent les travailleurs de nuit.

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire travailleurs de nuit, avec nuit au singulier, plutôt que travailleurs de nuits. Il faut sous-entendre les travailleurs de la nuit.

De plus, l’Office québécois de la langue française réclame qu’on inscrive 7 h 08 (7 h 8 est également accepté par certaines références), avec un espace avant et après le h mis pour heures, et non 7:08.


Autre clin d’œil d’univers social

N’en déplaise aux anti-monarchistes, une reine règne sur le Canada, partie de son empire, et c’est Élisabeth II. Mais voilà qu’une autre « reine du Canada », celle-là autoproclamée, commence à occuper l’espace public. Une illuminée ? Peut-être. N’empêche que Romana Didulo, une conspirationniste liée à QAnon, bénéficiait de l’écoute de plus de 70 000 adeptes sur ses réseaux sociaux, en novembre dernier. Elle les avait alors sommés de tuer toute personne ayant vacciné des enfants. La GRC l’avait par la suite interpellée.

Jeudi après-midi, elle s’est présentée, entourée de gardes du corps, à la manifestation des camionneurs, à Ottawa. Encouragée par une foule nombreuse, elle y a brûlé un drapeau canadien. J’ai hâte de voir à laquelle des deux reines l’armée canadienne obéira si jamais elle était appelée en renfort dans ce conflit. J’ai ma petite idée, mais bon.

Voir la « reine Romana » arrivant sur les lieux de la manifestation

La « reine Romana » s’adressant aux manifestants


Dans le cours de musique, deuxième période

Nous restons dans les accents du Sud, cette semaine, même si la pièce se veut typiquement montréalaise. Le quintette Clay and Friends se définit comme « des amis qui font de la musique qui fait du bien ». Il n’est donc pas étonnant que les producteurs de la téléréalité Occupation double aient requis les services d’un des membres du groupe, Mike Clay, pour leur composer Côte à côte, une référence au Coast to Coast canadien.

À peine avais-je démarré la chanson, que mon épouse se pointait dans mon bureau en dansant ! La voici donc (la chanson, pas mon épouse !) en #musiquebleue.

Mike Clay – Côte à côte – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Je furetais dans une librairie, il y a une vingtaine d’années, quand j’ai découvert une nouveauté : Paul a un travail d’été, le deuxième tome de la série des Paul, du Montréalais Michel Rabagliati. Je suis rapidement devenu un inconditionnel. Plusieurs bandes dessinées et romans graphiques garnissent une étagère de ma bibliothèque, mais seulement deux collections y apparaissent en œuvres complètes, Tintin et Paul.

La semaine dernière, les éditions de La Pastèque ont annoncé que l’auteur Michel Rabagliati avait été fait chevalier de l’Ordre des arts et des lettres de France. Si cet honneur constitue un des nombreux fruits du travail du bédéiste québécois, c’est sur toute une population qu’en rejaillit la fierté.

Cette distinction vise « à récompenser les personnes qui se sont distinguées par leurs créations dans le domaine artistique ou littéraire ».


Billet du 12 mars 2021 : Aux actes manqués

Source : Benneton

Il y a 28 ans, cette image sur une publicité de Benneton avait suscité la colère au Royaume-Uni, au point de causer des actes de vandalisme et autres représailles envers la compagnie. Où en est la société britannique à ce sujet, en 2021 ? Cette semaine, elle marchait sur des oeufs.

Dans le cours d’univers social

Certains éléments de l’histoire de la royauté britannique m’intéressent. Au-delà de ces quelques centres d’intérêt, disons qu’elle me laisse froid. Les mariages d’Henri VIII ont été à l’origine de la mort tragique, voire criminelle, de deux de ses épouses, en plus d’avoir directement mené au schisme anglican. Ce sont là des événements historiques qui se veulent pour moi captivants. Il en est tout autrement des mariages princiers des dernières décennies.

Pourtant, sans écouter l’entrevue donnée par le Prince Harry et Meghan Markle à Oprah Winfrey, j’en ai suivi les résumés dans les médias. Les allégations de racisme visant au moins un membre de l’entourage de la famille royale britannique pourraient changer le cours de l’histoire. Rappelons que ces allégations, qui concernaient la couleur de peau de l’enfant à naître de l’ex-couple princier, n’ont pas été admises par Buckingham Palace, mais n’ont pas été niées non plus. Seul le Prince William, frère de Harry, a jugé bon d’affirmer que la famille royale n’était pas raciste.

Quoi qu’il en soit, il semble que ceci ait pesé lourd dans la décision du couple de quitter l’entourage royal pour joindre la société civile. Devant le désarroi de son épouse, Harry a même avancé un parallèle avec sa mère, la Princesse Diana, malheureuse et décédée prématurément.

Les réactions suite à l’entrevue ont été nombreuses et allaient dans tous les sens. Personnellement, je n’ai pu m’empêcher de penser au film Arthur, avec Dudley Moore et Liza Minnelli. Ayant renoncé à la très imposante fortune familiale pour ne pas perdre celle qu’il aimait, Arthur, qui n’avait jamais connu autre chose que l’opulence, devait envisager une vie plus sobre et la transition se voulait maladroite et difficile. C’est vers ce genre de situation que se dirige Harry, lui qui doit se trouver maintenant un nom de famille. Son fils Archie, premier de la lignée à qui on a refusé le titre de prince, porte le nom de Mountbatten-Windsor, soit celui du Prince Phillip et celui de la famille de la Reine Elisabeth II.

La misère des riches ? J’adhère à autre chose qu’à cette théorie. On peut être riche et malheureux. Harry et Meghan cherchent à s’affranchir pour être heureux.


Dans le cours de mathématiques

Veuillez noter que j’ai rédigé ce bloc avant le match opposant le Canadien aux Flames de Calgary, hier soir.

J’ai jeté un coup d’oeil pour la première fois au classement de la Ligue nationale de hockey, cette semaine. Dans la division Nord, qui regroupe les sept équipes canadiennes, une colonne m’a sauté aux yeux : le Canadien de Montréal est l’équipe qui a subi le moins de défaites en temps réglementaire, avec six. Normalement, lorsque après 25 matchs on subit si peu de revers en temps régulier, on trône au sommet du classement. Ce qui est loin d’être le cas du Tricolore.

C’est que l’équipe a encaissé sept autres défaites en prolongation, ce qui ne leur laisse que 12 victoires cette saison, jusqu’à présent. Dans tous les sports, les équipes dominantes savent remporter les matchs serrés, ce qui de toute évidence n’est pas le cas de la formation montréalaise, qui cette saison présente une fiche de 2-1-7 lors des matchs dont les résultats se sont soldés par la marge d’un seul point.

C’est connu, lors des séries éliminatoires de la LNH, la première équipe qui parvient à remporter 16 victoires obtient le privilège de parader avec la Coupe Stanley. En 1993, année de la dernière Coupe remportée par le Canadien, l’équipe avait remporté 10 des 16 victoires en prolongation. En ce qui concerne les six autres victoires, deux avaient été remportées par la marge d’un point. Ce qui signifie que 12 des 16 victoires du CH, lors des séries de 1993, avaient été obtenues par la différence d’un seul but.

La situation de cette année est à l’opposé de ce qu’elle était en 1993. La bonne nouvelle, c’est qu’il reste encore du temps avant le début des séries éliminatoires et qu’il demeure possible de renverser la vapeur. Il suffit de peu.


Dans le cours d’éducation physique

Wilfried Nancy s’est incrusté dans les structures de l’Impact et du CF Montréal il y a plus de dix ans. Il y a travaillé honnêtement et loyalement, souhaitant obtenir un jour le poste d’entraîneur-chef avec le grand club. À travers les années, il en a vu quatre autres lui damer le pion et a toujours attendu patiemment son tour. On s’est finalement tourné vers lui.

Je lui souhaite de réussir avec brio. Pour moi, c’est l’histoire de Felipe Alou qui se répète. Le gars croupissait dans les filiales des Expos, attendant sa chance, alors que l’équipe semblait chercher toutes les raisons pour ne pas le nommer. Quand personne d’autre n’était disponible, on a enfin nommé Alou par intérim et cet intérim a duré dix ans. Et Felipe Alou revendique aujourd’hui la meilleure fiche de tous les gérants de l’histoire des Expos.

Wilfried Nancy et Dominique Ducharme, je souhaite longue vie à vos intérims respectifs, avec le CF Montréal et le Canadien de Montréal.


Et je cite :

« Merci à toutes les personnes oeuvrant en milieu scolaire: elles doivent être fières d’avoir réussi, au Québec, à maintenir nos écoles ouvertes. »

Égide Royer, psychologue et professeur à l’Université Laval, le 9 mars 2021.

Dans le cours de musique

Je renonce à comprendre les paroles des chansons de Barrdo ! On assemble quelques bouts de phrases pigées un peu partout, on s’assure de quelques rimes et, surtout, on accompagne le tout d’une mélodie accrocheuse qu’on branche sur un courant progressif rappelant celui des années 1970. Ce mélange hétéroclite constitue la recette de l’album [les] méandres de la soif, sorti en août dernier. L’écoute des dix pièces qui le composent nous ramène parfois aux sonorités de l’album Jaune, de Jean-Pierre Ferland. La chanson que j’ai choisie en #musiquebleue, aussi incohérente que les autres, est 4900$. Voici donc Barrdo.

Barrdo – 4900$ – [les] méandres de la soif – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Pour une seconde fois en cinq semaines, la bonne nouvelle de mon billet hebdomadaire concerne Mikaël Kingsbury. En février, le skieur remportait une première épreuve lors de son retour à la compétition, après que des fractures à deux vertèbres l’eurent immobilisé durant quelques mois. Cette semaine, Kingsbury était sacré champion du monde, deux fois plutôt qu’une, lors des Championnats du monde de ski acrobatique tenus au Kazakhstan. Après un premier triomphe en simple, lundi, l’athlète de Deux-Montagnes a remis ça le lendemain, atteignant de nouveau la plus haute marche du podium, cette fois lors de l’épreuve des bosses en parallèle.

Ces deux victoires constituent d’excellentes nouvelles pour Mikaël Kingsbury, tant pour son palmarès que pour sa santé. Et la fierté qui l’habite rejaillit sur la population québécoise.