Billet du 27 septembre 2024 : Des stages enfin rémunérés

La pénurie d’enseignantes et d’enseignants continue de donner des cheveux blancs au réseau scolaire québécois. Pour ajouter au casse-tête, les nouveaux étudiants désireux de devenir profs se font de plus en plus rares. En 2024, les inscriptions ont chuté de 7 %, passant de 4396 à 4073 valeureux volontaires, avec une baisse de 20 % pour le baccalauréat en éducation au préscolaire et en enseignement au primaire. 1 À croire que le métier n’est plus le rêve de carrière qu’il était… ou peut-être que la grève de l’automne 2023 et la couverture médiatique morose ont convaincu quelques âmes d’aller voir ailleurs. Mais pas de panique, Matthieu Petit, vice-doyen de l’Université de Sherbrooke, nous rassure : les inscriptions au deuxième cycle grimpent. Ce sont les « enseignants de deuxième carrière », ceux qui choisissent de se lancer dans l’enseignement après avoir déjà tout fait (ou presque) dans un autre domaine, qui viennent à la rescousse. Le superhéros du moment ? Celui qui a quitté les finances pour apprendre à nos enfants à multiplier.

Même si le programme de bourses Perspective avait suscité un certain enthousiasme en 2022, le regain d’intérêt semble avoir été de courte durée. Certes, recevoir 2500 $ par session, c’est appréciable, mais pas suffisant pour attirer les foules vers les bancs des facultés d’éducation. C’est un peu comme promettre une crème glacée à un marathonien fatigué… Pour vraiment retenir et attirer des étudiants, rémunérer les stages est une option que le ministre se décide enfin à considérer. Avec des taux de diplomation en berne, entre 50 % et 60 %, l’heure est aux ajustements pour rendre l’enseignement à nouveau désirable. C’est une tendance de fond que j’ai déjà soulignée dans mes billets précédents, et malheureusement, elle n’est pas près de s’inverser sans un sérieux coup de pouce.

Pour tenter d’enrayer cette tendance, le ministre Drainville a donc ouvert la porte à la rémunération des stages en enseignement, une revendication de longue date des associations étudiantes. Bien qu’aucun échéancier n’ait été fixé, l’idée est désormais sur la table, tout comme celle de rémunérer le quatrième stage, qui implique la gestion complète d’une classe pendant plusieurs semaines. Le ministre souhaite également changer la perception négative autour de l’éducation, accusant les syndicats et les médias de contribuer à un discours défaitiste. Or, ces discours, bien que critiques, reflètent peut-être simplement la réalité d’un milieu en crise, où le manque de soutien et les conditions de travail précaires ont découragé plus d’un enseignant.

Quand on pointe du doigt, trois autres doigts pointent vers soi.

1 Dion-Viens, Daphnée. Universités québécoises: inscriptions en baisse dans les programmes d’enseignement. Le Journal de Québec. Le 26 septembre 2024.


Dans le cours d’univers social
Volet Éducation à la citoyenneté

J’ai été étonné d’apprendre que le gouvernement du Québec a récemment refusé à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) le droit d’ouvrir une faculté de médecine. Cette décision, semble-t-il, repose sur plusieurs facteurs, notamment la capacité et les ressources limitées de l’UQAM pour soutenir une faculté de médecine de qualité. De plus, le gouvernement souhaiterait rationaliser l’offre existante en concentrant les ressources sur les facultés de médecine déjà établies à l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université McGill, afin d’éviter la dispersion des ressources et d’assurer une meilleure équité financière pour les contribuables québécois.

Autre argument évoqué, celui de renforcer les institutions existantes qui offrent déjà des programmes en français. Le refus d’ouvrir une faculté de médecine à l’UQAM s’inscrirait dans une stratégie globale visant à optimiser les ressources disponibles et à soutenir les institutions déjà en place.


Dans le cours de musique

Le prolifique artiste québécois Jay Scott revient sur le devant de la scène avec son nouvel album, Toutes les rues sont silencieuses. Après avoir marqué les esprits avec ses projets précédents, notamment en collaboration avec Smitty Bacalley, l’auteur-compositeur-interprète originaire de Terrebonne nous offre un voyage sonore intime et introspectif. Avec ce nouvel opus, Jay Scott confirme son talent d’écriture et sa capacité à toucher les cœurs.

Voici la pièce titre de l’album.

Jay Scott – Toutes les rues sont silencieuses – Toutes les rues sont silencieuses – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Des chercheurs de l’Université Stanford ont découvert une utilisation innovante de la tartrazine, un colorant alimentaire couramment utilisé dans des produits comme les Doritos. En appliquant une solution aqueuse de tartrazine sur la peau de souris anesthésiées, ils ont réussi à rendre la peau des rongeurs temporairement transparente. Cette découverte permet d’observer les organes internes et les vaisseaux sanguins des souris sans avoir besoin de techniques d’imagerie invasives. Cette avancée pourrait révolutionner l’imagerie animale en offrant une méthode non invasive pour étudier le fonctionnement interne des petits animaux en temps réel.

Cette méthode est non seulement indolore pour les animaux, mais elle est également réversible, ce qui signifie que la transparence de la peau disparaît après un simple rinçage à l’eau. Les chercheurs sont optimistes quant aux applications futures de cette technique, qui pourrait améliorer notre compréhension des processus biologiques sans nuire aux animaux. Cette découverte prometteuse ouvre la voie à des avancées significatives dans le domaine de la recherche biomédicale, tout en respectant le bien-être animal.


Billet du 10 mai 2024 : 1990 et l’heure de la conscientisation

Selon un rapport publié par le Journal de Québec, 4880 enseignants permanents ont démissionné au cours des cinq dernières années. 1 Cette tendance est inquiétante, car elle représente une hausse de 76 % par rapport à la période précédente. Pendant ce temps, le nombre total d’enseignants réguliers a augmenté de seulement 7 %. Bien que le taux de démission reste relativement bas (à environ 1,8 % sur 70 000 enseignants), il est crucial de reconnaître l’urgence d’agir pour préserver la qualité de l’éducation au Québec.

La pénurie d’enseignants est un problème criant dans les écoles publiques québécoises. Nous devons faire face à plusieurs défis quotidiens : les classes surchargées, le manque de temps pour un suivi individualisé et l’augmentation constante de la charge de travail. Ces conditions de travail difficiles poussent de nombreux collègues à démissionner, ce qui fragilise davantage le système et met en péril la qualité de l’éducation offerte aux élèves.

Il importe aussi de souligner que ces chiffres ne tiennent pas compte des professeurs contractuels et des suppléants. Pourtant, ces enseignants jouent également un rôle essentiel dans le système d’éducation. Il est donc impératif que des mesures soient prises pour soutenir l’ensemble du corps enseignant et garantir une éducation de qualité pour les générations futures. L’urgence d’agir est réelle.

1 Dion-Viens, Daphnée. Écoles publiques du Québec: 4880 enseignants ont démissionné depuis cinq ans. Le Journal de Québec. Le 6 mai 2024.


Sur le réseau X (anciennement Twitter), cette semaine, quelqu’un a osé une question pertinente, directement liée à ce qui précède : que demande-t-on aux enseignants en 2024 qu’on ne leur demandait pas en 1990 ?

La réponse de Sylvain Duclos, enseignant et influenceur, est complète. Je me retiens pour ne pas écrire parfaite. Je vous invite à la lire en entier.


Dans le cours de français

Toujours sur X, mais particulièrement lorsqu’il s’appelait Twitter, je savourais chacune des publications de Bernard Pivot, décédé cette semaine. Son érudition, exprimée de la manière la plus profonde, avec en prime une touche de poésie et une dose d’humour, me rejoignait plus de cette façon que lors des émissions qu’il animait. Un simple coup d’œil sur la biographie qui coiffe son compte permet d’en saisir toute l’ampleur.

Source : X (@bernardpivot1)

Il faut remonter au 5 juin de l’an dernier pour trouver sa dernière intervention, une publication de quelqu’un d’autre qu’il avait relayée. La précédente, originale, avait été publiée deux mois plus tôt, soit le 5 avril 2023. Elle constitue en quelque sorte un court testament littéraire.

Sa complaisance envers l’écrivain Gabriel Matzneff, qui vantait à travers sa littérature ses crimes pédophiles, est cependant venue l’entacher plus de 30 ans après les faits. La publication du livre Le consentement, en 2020, écrit par une victime de Matzneff, puis le décès de Denise Bombardier, en 2023, ont tour à tour fait ressortir des archives un extrait de 1990 de l’émission Apostrophes, qu’il animait, et où il questionne l’écrivain sur un ton badin, avant que madame Bombardier ne devienne la seule personne sur le plateau à s’insurger.

Bernard Pivot fera amende honorable en 2019, juste avant la publication du livre de la victime de Matzneff, Vanessa Springora. 2 Sa sortie avait alors été effectuée trois jours après une première, dans laquelle il avait maladroitement rejeté la faute sur la mentalité qui prévalait en 1990.

2 Gibert, Vincent. Matzneff: Bernard Pivot « regrette » de « ne pas avoir eu les mots qu’il fallait ». Huffpost. Le 30 décembre 2019.


Dans le cours de français, deuxième période

Tous les matins, j’arrive très tôt sur mon lieu de travail. J’y suis chaque fois accueilli par le concierge et mes collègues du service de garde de l’école. Une de celles-ci m’a appris un nouveau mot, il y a quelques jours.

Ce mot est fifrelin. Qu’est-ce qu’il signifie ? Réponse après la bonne nouvelle de la semaine.


Dans le cours de musique

Avec les journées qui allongent et le temps plus doux qui se pointe, je vous propose cette semaine des rythmes cubains, avec Habana Café. Après des sorties en 2009 et 2014, où le groupe s’est même permis une adaptation d’un succès de La Bolduc, le mini-album Mami como me gusta a vu le jour, le 3 mai dernier. L’extrait que je vous suggère a pour titre La Mañanita.

Habana Café – La Mañanita – Mami como me gusta – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

L’histoire est simple. Une restauratrice du Bas-Saint-Laurent, en visite à Montréal, s’est fait voler son véhicule. C’est un modèle prisé par les voleurs, en édition spéciale, de surcroît. Les policiers n’ayant laissé que peu d’espoir à la victime (environ un véhicule volé sur 10 000 est retrouvé), cette dernière s’est tournée vers les réseaux sociaux.

Le réseau québécois des restaurateurs a mis la main à la pâte (quel jeu de mots !) et a rapidement propagé l’information. L’un d’eux a retrouvé le véhicule et a même fait fuir le voleur, durant l’attente des policiers.

La restauratrice récupérera bientôt son véhicule, après quelques réparations.

Bérubé, Nicolas. Des gastronomes retrouvent un VUS volé en un temps record. La Presse, Montréal. Le 8 mai 2024.


Dans le cours de français, deuxième période (réponse)

Un fifrelin est une babiole, une petite chose sans valeur. Selon Larousse, le mot est familier et vieux.