Billet du 28 mars 2025 : Faire bande à part

Les faits :

Il existe des consortiums de médias unis pour offrir une couverture impartiale des débats des chefs lors des élections, tant fédérales que provinciales. Pour les campagnes électorales canadiennes, le consortium est formé des médias suivants :

  1. CBC/Radio-Canada (anglais et français);
  2. CTV (Bell Media);
  3. Global News (Corus Entertainment);
  4. The Toronto Star;
  5. La Presse;
  6. Le Devoir;
  7. APTN (Aboriginal Peoples Television Network);
  8. L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario;
  9. La chaîne CPAC (Cable Public Affairs Channel).

Deux autres médias ont déjà fait partie de ce consortium. Le HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021, ainsi que le réseau TVA, qui a choisi de quitter le groupe médiatique en 2012 pour faire bande à part et présenter ses propres débats.

Évoquant une situation financière difficile, le réseau TVA a demandé au Parti libéral du Canada (PLC), au Parti conservateur du Canada (PCC), au Nouveau Parti démocratique (NPD) et au Bloc québécois (BQ) de défrayer une partie des coûts de production de son débat 2025, à teneur de 75 000 $ chacun. Trois partis ont accepté, mais le PLC ayant refusé, le débat de TVA n’aura pas lieu.

Ceci a valu à Mark Carney, chef du PLC, d’être qualifié de « fragile et faible » par Pierre Poilievre, et de se faire accuser de « se foutre des Québécois » par Yves-François Blanchet.

Ce que j’en pense :

Carney a bien fait. Louer une table dans un marché de fruits et légumes pour y vendre ses récoltes est une chose. Assumer les frais de production d’un diffuseur qui a choisi de faire bande à part en est une autre.

En fait, je considère qu’aucun chef de parti n’aurait dû accepter. Le précédent aurait sans doute eu ses suites. TVA aurait probablement récidivé lors des élections subséquentes, ce qui aurait assurément fini par créer un malaise avec les autres médias. Et puis, sincèrement, il y a comme une incongruité à payer pour aller débattre.

Je rappelle aussi que cinq partis politiques sont actuellement représentés à la Chambre des communes. TVA n’invitait les chefs que de quatre d’entre eux. Lors des deux débats du consortium, six chefs seront conviés à débattre.

Carney est-il « fragile et faible » en raison de son refus de participer au débat de TVA ? Non. Il sera des deux débats du consortium. Est-ce qu’il « se fout des Québécois » pour la même raison ? Non plus. Les deux débats auxquels il participera se tiendront à Montréal, Québec.


Dans mon cahier de planification

On a parfois tendance à les mettre de côté, mais les émotions sont des actrices clés de l’apprentissage, surtout chez nos jeunes en pleine croissance. Après de belles années passées sur le terrain, j’ai pu constater à quel point la joie et la curiosité peuvent transformer une leçon ordinaire en une véritable aventure intellectuelle. Quand un élève est engagé émotionnellement, son cerveau est plus alerte, plus réceptif, et l’acquisition de nouvelles connaissances se fait de manière beaucoup plus naturelle et durable. À l’inverse, le stress ou l’anxiété peuvent créer des blocages importants, rendant l’apprentissage plus difficile et moins agréable. Un environnement scolaire où l’on se sent en confiance et valorisé est donc essentiel pour favoriser des émotions positives, véritables moteurs de la réussite. Développer son intelligence émotionnelle, c’est-à-dire apprendre à identifier et à gérer ses propres émotions tout en comprenant celles des autres, devient alors une compétence fondamentale qui dépasse largement les murs de la classe.

Intégrer la dimension émotionnelle dans l’enseignement, ce n’est pas juste une question de bien-être, c’est une stratégie d’apprentissage efficace. Proposer des activités variées, encourager l’expression des sentiments et aider les élèves à développer des stratégies d’adaptation émotionnelle contribuent à créer un lien plus profond avec ce qu’ils apprennent. Il faut savoir que nos émotions ont un impact direct sur le fonctionnement de notre cerveau, activant les zones liées à la mémoire et à l’attention. Grâce à la plasticité cérébrale, cette incroyable capacité de notre cerveau à se façonner en fonction de nos expériences, un environnement émotionnellement favorable stimule des connexions neuronales plus fortes et un apprentissage plus profond. En fin de compte, prendre en compte les émotions à l’école, ce n’est pas une option, mais une nécessité pour former des jeunes équilibrés, motivés et prêts à relever les défis de demain.


Dans le cours de musique

Le talentueux duo formé de Catherine Major et Jean-François Moran nous livre enfin leur premier album collaboratif, Bunker à ciel ouvert. Loin d’être un simple projet de couple, cet opus est une véritable immersion dans leur univers intime et créatif. Les mélodies riches et les arrangements soignés de Catherine Major se marient à la perfection aux textes poétiques et profonds de Moran, son complice de longue date et père de ses enfants. Chaque chanson est une fenêtre ouverte sur leur vision du monde. Voici La coda, la pièce d’ouverture de l’album.

Catherine Major et Jean-François Moran – La coda – Bunker à ciel ouvert – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Dans la ville pittoresque de Nara, au Japon, un professeur d’art nommé Hirotaka Hamasaki a trouvé une manière unique et inspirante de captiver ses élèves. En utilisant les feuilles mortes aux teintes vives de l’automne, il crée des œuvres d’art représentant des personnages bien-aimés de la culture populaire, tels que Pikachu ou Winnie l’Ourson. Cette initiative artistique non seulement éveille l’intérêt des élèves pour l’art, mais transforme également la salle de classe en un espace de créativité et de collaboration. Les élèves participent activement en suggérant les personnages qu’ils souhaitent voir prendre vie, rendant le processus encore plus amusant et engageant.

Grâce à cette approche innovante, Hirotaka Hamasaki a réussi à créer un environnement d’apprentissage dynamique où l’imagination et l’art se rencontrent. Ses créations, qui apportent une touche de fantaisie et de magie à l’école, ont non seulement gagné l’admiration de ses élèves, mais ont également attiré l’attention de la communauté locale. En intégrant l’art dans le quotidien scolaire de manière aussi ludique et interactive, ce professeur talentueux a su faire de chaque jour une nouvelle aventure artistique, laissant une empreinte durable dans le cœur de ses élèves.

Pour découvrir ses œuvres, visitez son profil Instagram : @hamacream.


Journal de vacances du 19 août 2022

Les vacances scolaires se poursuivent pour encore deux semaines, du moins pour les élèves. Les directions d’écoles sont de retour au boulot depuis le 8 août, comme le personnel non enseignant, alors qu’en ce qui nous concerne, nous regagnerons nos classes au cours de la prochaine semaine. La liste des défis s’allonge pour nos gestionnaires et nos dirigeants.

D’abord, à ce jour, à la grandeur du Québec, ce sont officiellement 700 postes d’enseignantes et d’enseignants (mais 1400, selon l’Association québécoise du personnel de direction des écoles) qui demeurent non comblés, à deux semaines de la rentrée. Ce nombre ne comprend pas les multiples tâches confiées à du personnel non légalement qualifié, comme c’est le cas depuis les dernières années. Optimiste, le ministre Roberge a annoncé être convaincu que tous les titulaires manquants seraient engagés au cours des prochains jours.

Élément nouveau, par contre, des enjeux supplémentaires sont apparus au niveau du transport scolaire. Non seulement les négociations syndicales achoppent à plusieurs endroits, mais la pénurie de personnel s’étend maintenant de façon drastique aux chauffeurs d’autobus. En date d’aujourd’hui, uniquement au centre de services scolaires qui m’emploie, vingt-neuf trajets ne peuvent être desservis. Pour l’école où j’enseigne, c’est deux sur trois. Là encore, le ministre Roberge demeure positif et a annoncé que tous les élèves qui doivent l’être seraient véhiculés pour la rentrée.

Une chose reste certaine, un emploi assuré attend quiconque envisage une carrière dans l’un ou l’autre des domaines liés à l’éducation. Ça, c’est mon côté positif à moi !


Déformation professionnelle

C’est plus fort que moi, je continue de remarquer les erreurs de français qui devraient être corrigées avant d’être publiées. Cette semaine, j’en ai retenu deux.

La première concerne un article du journaliste Alexandre Vigneault, publié dans La Presse. Je tiens cependant à préciser que dans ce premier cas, la faute a été corrigée quelques heures après la publication initiale.

La deuxième concerne une publication de la députée Marwah Rizqy, sur Twitter. Le français de madame Rizqy est d’ordinaire impeccable. Aussi, je demeure convaincu qu’elle a publié sans s’être relue, cette fois-ci.

#LeProfCorrige, même en vacances

Dans le premier cas, comme il s’agit d’Olivia Newton-John, une personne de genre féminin, il aurait fallu écrire «est décédée», avec la marque du féminin. Je répète que la correction a finalement été effectuée, dans une édition subséquente.

Quant à Marwah Rizqy, elle a commis deux impairs. Le premier a été d’écrire argument au singulier. On aurait dû lire «À court d’arguments face à Paul Arcand». Ensuite, il aurait fallu qu’elle écrive «aux théories du complot» ou encore « à la théorie du complot ».


Encore, en 2022

Selon l’endroit où elle se trouve sur ma tête, ma chevelure est blanche, grise ou argentée. J’ai le privilège d’être un homme et de pratiquer la profession d’enseignant. Jamais on ne me discriminera pour la couleur de mes cheveux.

Je manifeste donc ma solidarité envers Lisa Laflamme. Congédiée de son rôle de lectrice de nouvelles par CTV après 11 ans (mais 35 ans au service de l’entreprise), il semble maintenant établi que le passage à la couleur naturelle de sa chevelure n’ait pas plu à son nouveau patron, qui a ainsi mis fin à son contrat deux ans avant le terme.

Lire le reportage du Globe and Mail (en anglais).

Le type s’appelle Michael Melling et est âgé de 47 ans. J’espère que durant les derniers jours, il a pu apprendre ce que mes élèves de 11 et 12 ans savent déjà depuis longtemps, au sujet des formes de discrimination. D’être témoin de celle-ci, encore en 2022, me dépasse.


Dans mes écouteurs

Pour la #musiquebleue de cette semaine, la nouvelle chanson des Trois Accords était tout indiquée ! Fidèle à ce qu’il est, tant pour son rock au son rétro que pour ses paroles hilarantes, le célèbre quatuor vient de commettre Piscine hors terre, un simple qui annonce un album prochain. Le plaisir croît avec l’usage !

Les Trois Accords – Piscine hors terre – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Une épicerie de Montréal offre à ses consommateurs la possibilité de payer trois prix différents pour ses denrées : un prix « solidaire », un prix « suggéré » et un prix « au suivant ». Dans le premier cas, le client paie un montant légèrement au-dessus du prix coûtant pour le commerçant. Le deuxième choix assure une rentabilité du produit à ce dernier. Dans le troisième cas, une facture supérieure permet aux personnes mieux nanties de compenser celles qui auraient opté pour le montant plus bas.

Cet endroit se nomme Carrefour solidaire et possède trois adresses dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.

Site internet du Carrefour solidaire.


Billet du 4 mars 2022 : Le genre d’après-guerre

Il y a un siècle, la guerre qui devait mettre fin à toutes les autres était suivie d’une pandémie qui a affecté la planète entière. La Première Guerre mondiale, de 1914 à 1918, et la grippe espagnole, de 1918 à 1921, ont causé sept années de grande déprime et de pertes de vies humaines.

La pandémie de COVID-19 semble s’estomper, mais quelques vagues peuvent encore survenir. Parallèlement, l’invasion de l’Ukraine par la Russie démarre un conflit qui donne une impression de déjà-vu, quand en septembre 1939, l’Allemagne avait fait de même avec la Pologne. Il avait alors fallu six ans et deux bombes atomiques pour mettre fin aux hostilités. Les événements sont inversés, mais le monde semble en voie de revivre une situation semblable à celle d’il y a 100 ans.

À partir de 1921, par contre, et jusqu’en 1929, la planète a connu de très beaux moments avec les Années folles. Le bonheur oublié est revenu, jusqu’à atteindre un paroxysme. La même conjoncture s’est vécue de nouveau lors de l’après-guerre, entre 1945 et 1960.

L’histoire semble se répéter. Après une pandémie et un conflit que je souhaite court et limité, j’espère que la planète pourra de nouveau bénéficier d’un répit et d’au moins une décennie de paix et d’abondance. Nous le méritons bien.

D’ici là, accrochons-nous aux éléments de beauté de notre quotidien. Tout en vivant le moment présent, prenons parfois le temps de les capturer en sons et en images, de manière à pouvoir les retrouver lors d’instants plus moroses. Même lorsqu’il se cache derrière les nuages, le soleil est toujours dans le firmament. 


Et je cite :

« Le monde a besoin de paix et de beauté, ma maison en déborde. Je vais essayer de vous en envoyer un peu. »

Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de Québec solidaire, trois jours après être devenu père, le 2 mars 2022.

Dans le cours d’univers social

Je déniche beaucoup de matériel sur RAD, le laboratoire de journalisme de Radio-Canada, quand il s’agit de faire comprendre un enjeu politique ou social à mes élèves. Le site vise la clientèle cible des 18 à 34 ans, mais ses reportages vulgarisent suffisamment bien pour être saisis par les plus jeunes, tout en sachant également accrocher les plus âgés.

Désirant expliquer le conflit entre la Russie et l’Ukraine en classe, RAD m’a une fois de plus fourni la vidéo nécessaire pour compléter le travail. Le journaliste Haroun Aramis, de manière claire et concise, est parvenu à résumer le tout en quatre minutes. Si le sujet vous intéresse, je vous invite à visionner le reportage. Vous aurez la primeur, quelques jours avant mes élèves !


Dans le cours de français

Dans mon billet du 25 février, il était question de certains noms qui prenaient un genre différent, selon le contexte. Cette semaine, nous verrons qu’il en existe qui s’emploient aussi bien au masculin qu’au féminin, peu importe la situation.

Un des plus récents à avoir acquis l’autre genre est le mot trampoline. Depuis les débuts de son existence, ce nom est masculin. Toutefois, l’usage populaire et erroné du féminin a fini par permettre l’acceptation de ce genre dans tous les ouvrages de référence.

Parmi les autres noms qui s’emploient autant au féminin qu’au masculin, notons acre (l’ancienne unité de mesure agraire), après-guerre, après-midi, avant-guerre, avant-midi, country (la musique et la danse), enzyme, éphémère (l’insecte), harmonique, météorite, palabre (discussion pénible et interminable), perce-neige et phalène (espèce de papillon).

Devant tous ces noms, on peut sans problème employer un déterminant féminin ou masculin.


Dans le cours de musique

Il y a longtemps que je n’avais pas présenté une pièce instrumentale en #musiquebleue. Avec le lancement du nouvel album de Jean-Michel Blais, le 4 février dernier, l’occasion s’offre à moi sur un plateau d’argent. L’opus de 42 minutes, divisé en 11 plages musicales, constitue une première sortie en trois ans pour le compositeur. Il s’ajoute à quatre autres titres.

Tirée de l’album Aubades, voici la pièce Murmures.

Jean-Michel Blais – Murmures – Aubades – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il s’agit moins d’une bonne nouvelle, cette semaine, que d’un petit quelque chose qui fait jaillir notre fierté francophone. La mienne, en tout cas. La série de l’heure au Canada anglais, et un peu partout à travers le monde, est le drame médical Transplant, diffusé sur les ondes de CTV. L’actrice québécoise Laurence Leboeuf y incarne la docteure Magalie Leblanc, qui œuvre dans le milieu très cosmopolite d’un hôpital de Toronto. Dans l’épisode présenté le 1er mars, son personnage a pu s’exprimer en français lors d’une conversation avec sa sœur, personnifiée par Mylène Mackay.

Bien entendu, ce court extrait dans la langue de Molière passera inaperçu dans la version française de l’émission, diffusée sur Noovo. Dans sa forme originale comme dans sa traduction, la série en est à sa deuxième saison.

Voir un extrait de l’émission The Social CTV du 1er mars 2022, où Laurence Leboeuf est invitée pour parler de la deuxième saison de Transplant (en anglais).