En cette période des Fêtes, propice aux retrouvailles et aux discussions animées autour de la table, il est difficile de ne pas remarquer à quel point les divergences d’opinions peuvent parfois créer des tensions. Les conversations qui autrefois étaient constituées d’échanges légers sur l’actualité semblent aujourd’hui s’embraser plus rapidement, alimentées par des opinions tranchées et des visions du monde de plus en plus polarisées. C’est dans ce contexte que la lecture de « Qui fait l’opinion ? » d’Antoine Bristielle s’avère particulièrement pertinente. 1
Dans son plus récent essai, Bristielle, directeur de l’Observatoire de l’opinion de la Fondation Jean-Jaurès, met en lumière une réalité paradoxale : alors que les réseaux sociaux promettent de nous connecter davantage, ils jouent en fait un rôle majeur dans la division et l’enfermement idéologique. L’auteur explore l’idée que nos opinions préalables façonnent notre manière de nous informer, créant des « bulles » confortables qui nous exposent uniquement à des contenus qui renforcent nos croyances existantes. Bristielle souligne que cette dynamique est amplifiée par un paysage médiatique éclaté, où chacun peut trouver un écho à ses convictions, souvent de manière très tranchée.
L’essai dissèque deux formes de polarisation devenues omniprésentes : idéologique et affective. Si la première est marquée par des idées de plus en plus radicales, la seconde s’exprime par un rejet croissant des individus ayant des opinions divergentes. Selon Bristielle, cette polarisation affective est particulièrement préoccupante : même si les idées ne deviennent pas toujours extrêmes, les citoyens s’identifient de plus en plus à leur « camp », ce qui les pousse à rejeter en bloc toute idée ou proposition émanant du camp opposé. Ce phénomène, qui transforme les adversaires politiques en ennemis, constitue une menace directe pour la stabilité démocratique.
Bristielle offre également une analyse fine du rôle des médias dans cette fragmentation sociale. Il montre que si les réseaux sociaux exacerbent la polarisation affective en créant des « silos », la polarisation idéologique est souvent alimentée par les chaînes d’information en continu. Ces dernières, à travers leur traitement incessant de faits divers, donnent parfois une vision biaisée et alarmiste de la société. L’auteur plaide ainsi pour une réflexion globale sur la responsabilité des médias, tout en rappelant que des facteurs plus profonds — inégalités croissantes, crises écologiques et sociales — alimentent également ces tensions.
Alors que nous nous apprêtons à accueillir une nouvelle année, cette lecture rappelle que les débats d’idées enrichissent nos relations lorsqu’ils permettent à chaque personne de s’exprimer librement. Prendre le temps d’écouter, sans chercher à convaincre à tout prix, favorise des échanges plus ouverts et sincères, même lorsque les points de vue divergent.
1 Bristielle, Antoine. Qui fait l’opinion ? Paris, La Découverte, 2024.
Sur mes écrans
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L’infolettre marketing de Luc Dupont – Le 12 décembre 2024
Dans mes écouteurs
Ils sont trois, dont Michel Faubert, membre des Charbonniers de l’enfer. Ils sont originaires de la région de Lanaudière et ils donnent dans la musique traditionnelle québécoise. À quelques jours du début de la Nouvelle Année, ce trio émergent est tout désigné pour offrir la dernière #musiquebleue de 2024. Ils sont Garçons à marier et leur premier album s’intitule La dot. La pièce a pour titre Mon grand-père aux allumettes.
La bonne nouvelle de cette semaine
Voici l’histoire inspirante de Noah, un garçon multihandicapé qui a trouvé une famille aimante après des années de défis. Retiré d’un milieu familial toxique par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), Noah a passé la moitié de sa vie au Centre de réadaptation Marie-Enfant. En décembre 2021, Isabelle Gauthier, touchée par un article intitulé « Un miracle pour Noah », a décidé de l’adopter.2 Grâce à l’éducatrice Amélie Tremblay, Noah avait déjà fait des progrès significatifs, mais il avait besoin d’une famille pour continuer à évoluer.
Après deux ans de recherche infructueuse pour trouver une famille adoptive, l’article de 2021 a contribué à lancer un appel à l’aide. Madame Gauthier, émue par l’histoire de Noah, a décidé de lui offrir un foyer. Aujourd’hui, Noah vit avec sa nouvelle famille, où il continue de progresser et de recevoir l’amour et les soins dont il a besoin. Cette histoire est un témoignage poignant de la puissance des rencontres fortuites et de la bonté humaine.
2 Gagnon, Katia. Le miracle est arrivé. La Presse, Montréal. Le 26 décembre 2024.








