Billet du 20 décembre 2024 : Aller marcher dans la neige

Au cours de la dernière semaine, dans les médias, on a beaucoup fait référence, en suggestion ou en prédiction, à la marche dans la neige que devrait faire Justin Trudeau dans un avenir rapproché. D’où vient cette métaphore de marche dans la neige, en politique ?

Elle tire son origine du père du principal intéressé, Pierre Elliott Trudeau, il y a précisément 40 ans. À l’hiver 1984, alors en réflexion quant à son avenir politique, Trudeau père s’était offert une longue randonnée en solitaire dans les rues d’Ottawa, sous une intense averse de neige. C’est au retour de cette promenade qu’il annonçait sa démission comme premier ministre et chef du Parti libéral du Canada.

Au plus bas dans les sondages depuis un bon moment, le fils est maintenant plongé dans une crise politique sans précédent, accentuée par l’abdication de sa ministre des Finances, la veille d’un important énoncé économique. D’aucuns lui suggèrent maintenant d’aller marcher dans la neige.


Un autre élément ayant largement contribué à fragiliser le leadership de Trudeau est l’entrée en poste prochaine du président américain élu, Donald Trump. Après avoir menacé le Canada de lui imposer des tarifs de 25 % sur toutes ses exportations s’il ne sécurisait pas ses frontières, Trump s’est ensuite mis à suggérer que nous devenions le 51e État américain et en qualifie déjà Trudeau de « gouverneur ». Le message ci-dessous a été publié sur Truth Social, le réseau social de Trump, dans la nuit du 17 au 18 décembre derniers. Il s’agissait du troisième sur le sujet que Trump diffusait. Il est ici traduit en français.

Premièrement, Trump écrit 100 millions de dollars alors qu’il martèle 100 milliards lorsqu’il s’adresse aux médias. L’écart est énorme. Ensuite, est-il vrai que nous paierions moins d’impôts et que nous bénéficierions d’une meilleure protection militaire ? Oui, assurément. Et on peut même avancer sans trop de risques de se tromper que nos infrastructures routières s’en trouveraient améliorées et que le passage au dollar américain s’avérerait avantageux.

D’un autre côté, devenir le 51e État américain entraînerait pour le Canada une série de changements profondément négatifs : la perte complète de notre souveraineté et de notre voix distincte sur la scène internationale, le démantèlement probable de notre système de santé universel au profit d’un modèle privatisé à l’américaine, l’érosion accélérée de notre identité culturelle unique (particulièrement pour le Québec et les communautés francophones), l’abandon du contrôle de nos vastes ressources naturelles, l’obligation d’adopter des lois américaines moins strictes en matière d’armes à feu et de protection environnementale, la fin de notre politique d’immigration indépendante et généralement plus ouverte, la nécessité d’assumer une part de l’importante dette nationale américaine, l’émergence probable de tensions sociales majeures (notamment au Québec et dans les communautés autochtones, dont les droits pourraient être menacés), et la perte du contrôle direct sur nos territoires arctiques stratégiques.

Le nombre d’inconvénients dépassant largement les quelques avantages, j’attends de moins en moins patiemment qu’une personnalité politique canadienne se décide de dire à Trump d’aller se faire cuire un œuf. Fidèle à ce qu’il est dans ses relations, je présume qu’il les aime brouillés.


Dans le cours de musique

Claude Gauthier a donné au Québec de magnifiques chansons. À l’âge vénérable de 85 ans, il nous offre un mini-album de quatre chansons originales, Je reviendrai à Noël. En voici la pièce-titre.

Claude Gauthier – Je reviendrai à Noël – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Une excellente nouvelle vient d’être annoncée sur le front de la lutte contre les changements climatiques au Canada : les émissions de gaz à effet de serre du pays ont atteint leur plus bas niveau en 27 ans, exception faite de la période pandémique. Cette réduction significative, qui place désormais les émissions sous la barre symbolique des 700 millions de tonnes, représente une amélioration de 8,5 % par rapport aux niveaux de 2005, dépassant ainsi largement les projections initiales qui prévoyaient plutôt une augmentation des émissions d’ici 2030.

Cette tendance encourageante est particulièrement remarquable dans le secteur des sources de combustion fixes, incluant la production d’électricité et le chauffage, qui a enregistré une baisse impressionnante de 5 millions de tonnes en 2023. Ces résultats démontrent que les efforts collectifs et les politiques environnementales commencent à porter leurs fruits, ouvrant la voie vers un avenir plus durable pour les générations futures. Le Canada prouve ainsi qu’il est possible de renverser la vapeur et de progresser concrètement vers ses objectifs climatiques, même si le chemin reste encore long vers la cible ambitieuse de réduction de 45 à 50 % d’ici 2035.


🎄✨ Joyeux temps des Fêtes ! ✨🎄

Alors que la magie de Noël illumine nos cœurs et nos foyers, je tiens à vous adresser mes vœux les plus chaleureux pour des Fêtes empreintes de joie, de douceur et de moments précieux avec vos proches. Que cette période soit pour vous une pause bien méritée, remplie de rires, de gourmandises et de sérénité.

Pour celles et ceux qui profiteront de vacances, je vous souhaite un repos ressourçant et des instants de bonheur simple. Prenez soin de vous, savourez chaque moment, et revenez en pleine forme pour la suite de nos rendez-vous hebdomadaires !

À très bientôt,

Jean-Frédéric


Billet du 16 juin 2023 : Les cornes de Pat Benatar

Cette semaine, alors que nous effectuions un assez long voyage en autobus dans le cadre d’une sortie scolaire de fin d’année, un problème de cyberintimidation impliquant plusieurs de nos élèves a été mis à jour. Après avoir fait les premières interventions, ma jeune collègue et moi nous sommes mis à élaborer la suite des choses. Elle est âgée de 22 ans et évoquait le fait que, selon elle, ces situations étaient maintenant pires que lorsqu’elle était en fin de primaire, il y a 10 ans.

Oui et non.

Aujourd’hui, contrairement à il y a 10 ou 20 ans, l’homophobie, la transphobie, le racisme et le rejet de la différence ne font presque plus partie des mœurs chez nos élèves. L’inclusion et la tolérance sont mieux intégrées. En revanche, les conflits autres dégénèrent plus rapidement et laissent des traces plus profondes. Alors que jadis on frappait pour faire mal, aujourd’hui on frappe pour tuer.

Plusieurs facteurs expliquent cette évolution, mais en tête de liste on trouve les réseaux sociaux et les téléréalités. En banalisant ces violences verbales, on les incruste lentement mais sûrement aux normes collectives.

Les menaces et les insultes proférées par des enfants à des pairs sur Internet se déroulent presque entièrement à partir de la maison, en dehors des heures de classe. En ce sens, la responsabilité incombe aux familles. C’est lorsque les conséquences débordent sur l’école que cette dernière a un rôle à prendre. Notre défi, à ma collègue et moi, est de régler la situation à l’intérieur des quelques jours qui restent à l’année scolaire, de manière à assurer une belle fin de primaire à nos finissantes et finissants, et ainsi de voir à ce que le secondaire s’amorce sur de bonnes bases.


Et je cite :

« Je pense que les sénateurs démocrates ne voteraient toujours pas pour destituer Joe Biden, même si vous aviez une vidéo de lui déguisé en diable, assassinant des enfants sous la pleine lune tout en chantant du Pat Benatar. »

Ted Cruz, sénateur républicain du Texas, le 15 juin 2023

Bon. Ted Cruz vient d’associer la musique de Pat Benatar au satanisme. Je devrai revoir mes standards.


Dans le cours de musique

Il a écrit et composé Le plus beau voyage, Le grand six pieds et Marie-Noël, un classique du temps des Fêtes popularisé par Robert Charlebois. Voilà qu’à 84 ans, Claude Gauthier nous surprend avec un nouvel album, Les amitiés. Dès les premières notes, les premières paroles, on reconnaît le chansonnier, au point d’en ressentir une certaine nostalgie.

Parmi les onze titres, dix constituent des chansons originales. L’autre, Matin, est une adaptation du classique Morning Has Broken, de Cat Stevens. C’est la #musiquebleue que je propose aujourd’hui.

Claude Gauthier – Matin – Les amitiés – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Difficile de mentionner autre chose que la survie, en pleine jungle amazonienne, de quatre frères et sœurs âgés de 1 à 13 ans. Ils y ont erré durant 40 jours après l’écrasement de l’avion à bord duquel ils prenaient place. L’accident avait d’abord coûté la vie au pilote et à l’accompagnateur, avant que la mère des enfants ne rende l’âme à son tour, quatre jours plus tard.

On avait rapidement annoncé les avoir retrouvés, peu de temps après l’écrasement, avant de se raviser et d’admettre qu’il s’agissait d’une fausse information. Alors que les secours perdaient peu à peu l’espoir de les revoir vivants, la grande sœur de 13 ans a vu à nourrir le groupe avec du pain de manioc et des fruits sauvages. Plusieurs, parmi les sauveteurs colombiens, n’hésitent pas à évoquer le miracle.


Billet du 25 décembre 2020 : Journal de vacances des Fêtes (1 de 2)

Je m’étais pris des notes toute la semaine. Il y a plein de sujets que j’aurais voulu aborder cette semaine. Rozon, Salvail et la présomption d’innocence. Les rassemblements pour Noël, les voyages dans le Sud et la hausse des cas de Covid. Mais c’est Noël, aujourd’hui. Oublions pour un moment la Covid, mettons de côté Rozon et Salvail, concentrons-nous sur la joie, l’allégresse, le partage et le pardon. Parce qu’en ce temps de l’année, particulièrement, il faut savoir pardonner. Même Donald Trump l’a fait toute la semaine… Oups !


Spectacle de Noël

C’est le temps de l’année où, habituellement, les Grands Ballets Canadiens présentent Casse-Noisette à la Place des Arts de Montréal. Pour la première fois en près de 60 ans, le spectacle sur scène a fait relâche, cédant la place à deux représentations télévisuelles, sur les ondes de ICI ARTV. La première a eu lieu le 18 décembre, alors que la seconde prendra place lundi soir prochain, 28 décembre, à 20 heures.

Mais comme nous avons pu en être témoins à plusieurs moments depuis le début de la pandémie, certaines personnes démontrent de la créativité et une très grande originalité. C’est le cas du Washington County School District, dans l’état américain de l’Utah, qui a synchronisé les phares et les feux de ses autobus scolaires avec la Danse de la Fée Dragée, de l’oeuvre de Tchaïkovski. Le spectacle mérite d’être vu et revu.

Source

Lecture de vacances

J’achève la lecture de Papy : le peintre amoureux, de Claude Desjardins. Le livre raconte l’histoire de Clément Gravel, dit Papy, un nonagénaire qui s’est mis à peindre des tableaux afin de susciter les rires de son épouse mourante. Ce simple synopsis sert de toile de fond à une fresque des plus captivantes, l’auteur relatant à la manière d’un roman la vie du peintre amoureux jusqu’à son crépuscule, en passant par sa rencontre avec celle qui allait l’accompagner et l’inspirer durant plus de soixante années. Doté d’une personnalité forte et rebelle, même à une époque où l’obéissance était de mise, Clément Gravel a couché son univers, dans la réalité et sur toile, autour de son épouse Pauline, sa muse depuis leur première rencontre dans les rues de Québec, en 1952.

Journaliste de profession, Claude Desjardins en est à son premier livre. L’actrice Marie Tifo en assure la préface.

Papy : le peintre amoureux
Claude Desjardins, Les éditions de l’Ours qui dort, Blainville, 2020, 166 pages.


Dans mes écouteurs

Pour ma #musiquebleue de cette semaine, je me suis demandé quelle était la plus belle chanson de Noël québécoise. Le choix est vaste. Il y a des classiques comme le Noël au camp, de Tex Lecor, ou Le sentier de neige, des Classels. Il y a aussi les chansons des deux albums de Maryse Letarte, qui a particulièrement bien mené sa mission de créer des pièces de Noël originales, en 2008 et 2015. Mon choix s’est finalement arrêté sur celle qui est pour moi la plus poétique, mélodieuse et naïve, Marie-Noël. Popularisée par Robert Charlebois, qui en a composé la mélodie, c’est par son auteur Claude Gauthier qu’elle a d’abord été endisquée, en 1965. Elle a depuis été reprise par une multitude d’artistes.

La version que je vous offre en est une de Robert Charlebois, accompagné par les Petits Chanteurs du Mont-Royal.


La bonne nouvelle de cette semaine

Il fait toujours bon de constater qu’il n’y a pas qu’au Québec que l’on défende et protège la langue française, sur le continent nord-américain. Un groupe de jeunes louisianais, qui ont eux-mêmes décidé d’apprendre la langue de leurs ancêtres, alors qu’elle n’est plus parlée par leurs parents, a lancé un mini-album de chants de Noël, le 4 décembre dernier.

Intitulé Joyeux Noël, Bon Chrismeusse, l’oeuvre regroupe six chansons américaines, adaptées en français ou en créole louisianais. En tout, une vingtaine de personnes ont participé à l’élaboration de cet intéressant projet, sous la direction du parolier et guitariste Chas Justus. Le résultat est original et très agréable à entendre.

Vous pouvez écouter ou télécharger ce mini-album à partir de sa page Bandcamp.


En ce 25 décembre, je voudrais vous souhaiter un très joyeux Noël. Merci de m’accompagner chaque vendredi à travers les billets de ce blogue. Profitez de chaque moment de joie que cette période de l’année nous offre, même si la version 2020 se souligne à plus petite échelle. Le retour à la normale n’en sera que plus apprécié !


Image en titre du billet : Shutterstock