Billet du 11 octobre 2024 : Le cuir et le velours

La violence dans nos écoles continue d’augmenter. Les chiffres dévoilés par la FPSS-CSQ et relayés par quelques médias sont alarmants : plus de 13 000 actes de violence contre le personnel de soutien ont été recensés au cours de l’année scolaire 2023-2024.1 C’est un triste record qui mérite une attention immédiate. Comment en est-on arrivé à ce point, où des membres du personnel scolaire, dont le rôle est d’accompagner les élèves au quotidien, se retrouvent parfois hospitalisés après avoir été agressés par ces mêmes élèves ?

Éric Pronovost, président de la FPSS-CSQ, a bien exprimé l’exaspération de ses membres face à une situation qui s’aggrave d’année en année. Il est plus que temps que le gouvernement agisse avec sérieux pour s’attaquer aux causes de cette montée de la violence. Nous ne pouvons plus nous permettre d’attendre indéfiniment que des mesures concrètes soient mises en place.

Il est évident qu’un effort collectif est nécessaire pour restaurer un environnement sécuritaire dans nos écoles, que ce soit par une meilleure formation des intervenants ou une implication plus forte des parents. Chaque jour sans action laisse le personnel dans une situation de plus en plus précaire, ce qui est inacceptable.

1 Plante, Caroline. La violence envers le personnel de soutien a atteint des sommets, avertit un syndicat. La Presse, Montréal. Le 10 octobre 2024.


Dans le cours de français

Avez-vous déjà entendu quelqu’un dire « vingt oiseaux » comme si c’était « vingt-z-oiseaux » ? Ou encore, « j’étais intimidé » avec un « t » qui sort de nulle part et qui donne « j’étais t-intimidé » ? Eh bien, bienvenue dans le monde merveilleux des fausses liaisons !

Ces petites erreurs de prononciation, aussi appelées pataquès, cuir ou velours, sont comme des briques mal placées dans un mur : elles créent des petites bosses qui détonnent avec le reste de la construction.

Le pataquès consiste à ajouter une consonne qui n’existe pas entre deux mots. Par exemple, dans l’expression « une tisane, ça aide à dormir », on peut entendre « une tisane, ça-l-aide à dormir ».

Le cuir consiste à introduire un t sans raison entre deux mots. Par exemple, on peut entendre « elle s’en va à l’école » prononcé « elle s’en va-t-à l’école ».

Quant au velours, j’en ai déjà fait mention sur cette page.2 Il consiste à introduire un z sans raison entre deux mots. Par exemple, on peut entendre « Pierre n’est pas au bureau aujourd’hui » prononcé « Pierre n’est pas au bureau-z-aujourd’hui ».

Pourquoi fait-on ça ? C’est un peu comme une maladie contagieuse. On entend quelqu’un faire une fausse liaison et hop ! On la reproduit sans même s’en rendre compte.

Alors, comment éviter les fausses liaisons ?

C’est simple : en étant attentif à ce que l’on dit et en lisant beaucoup. Plus on aura l’oreille exercée, moins la langue fourchera. Et puis, n’oublions pas : une langue bien parlée, c’est comme un beau vêtement, ça fait toujours bonne impression !

2 Billet du 21 octobre 2022 : Z comme velours


Dans le cours de musique

J’ai toujours aimé Alfa Rococo. J’aime leurs mélodies, leurs arrangements musicaux et les paroles de leurs chansons. Il y avait six ans que le couple Justine Laberge et David Bussières ne nous avait rien offert de neuf, il était temps qu’on voit apparaître leur album Fais-moi rêver !

Alfa Rococo – Fais-moi rêver – Fais-moi rêver – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

L’écrivaine québécoise Martine Delvaux est en lice pour le prestigieux prix Médicis dans la catégorie des essais, avec son ouvrage intitulé Ça aurait pu être un film. Ce livre explore la relation amoureuse entre deux figures emblématiques de la peinture, Joan Mitchell et Jean-Paul Riopelle, à travers les yeux de la peintre américaine Hollis Jeffcoat. C’est une reconnaissance majeure pour Delvaux, qui se trouve parmi les finalistes de cette sélection prestigieuse.


Billet du 2 juin 2023 : Quand on lit entre les lignes

Savoir lire entre les lignes est une faculté qui s’acquiert. Quand le ministre de l’Éducation ose affirmer que de donner une classe à quelqu’un qui ne possède qu’un diplôme d’études secondaires est préférable à laisser cette classe sans enseignant1, je commence à comprendre le fond de sa pensée. La vie publique de Bernard Drainville étant ponctuée d’allers-retours entre les médias et l’Assemblée nationale, il a pourtant maintes fois dénoncé la piètre qualité des résultats en français chez les élèves du secondaire. Il ouvre maintenant la porte du statut d’enseignant aux personnes qui en sont issues, sans avoir étudié au-delà.

Dans mon billet de la semaine dernière2, j’établissais un parallèle entre la pénurie de juges à la Cour supérieure du Québec et celle dans le domaine de l’enseignement, en illustrant les différences notoires dans les manières de les gérer. Cette semaine, c’est le chroniqueur Richard Martineau qui a tenté un exercice similaire3, parodiant l’arrivée fraîche de 15 nouveaux chirurgiens dans un hôpital, après que ceux-ci aient suivi une formation accélérée de 30 crédits. La comparaison suggérée par Martineau démontre rapidement le ridicule de la situation.

Enseigner, ce n’est pas uniquement transmettre et évaluer des notions de français, de mathématiques et de quelques autres matières. C’est aussi créer des liens d’attachement avec chaque élève. C’est déceler les difficultés, académiques ou autres, de chacun d’eux. C’est collaborer avec les parents. C’est mettre en place des structures et des interventions visant la réussite scolaire et le développement des habiletés sociales. C’est participer à plusieurs comités pour stimuler l’intérêt d’un groupe en particulier ou de l’école entière. C’est contacter différents organismes chaque fois que les besoins d’un enfant le requièrent. C’est aussi entretenir les suivis qui en découlent. C’est de nombreux rapports écrits demandés par des professionnels de la santé et autres spécialistes, remplis la plupart du temps sur notre temps personnel. Et toujours gratuitement. C’est gérer les émotions des enfants et, de plus en plus, composer avec celles de leurs parents. C’est planifier chaque semaine plusieurs activités académiques en les développant à travers diverses approches pédagogiques de manière à rejoindre tous les élèves dans leurs différents styles d’apprentissage. Et j’en passe.

Après mon parallèle de la semaine dernière et la lecture de la rubrique de Richard Martineau, je me suis demandé ce qu’il adviendrait si nous procédions à l’inverse et que nous insistions pour que, comme c’est le cas en justice et en santé, le domaine de l’éducation ne fasse appel qu’à du personnel légalement qualifié. Probablement que les délais pour obtenir de l’instruction s’avéreraient longs. On devrait fermer des classes faute d’enseignants. Pour les mêmes raisons, des écoles pourraient devoir réduire leurs heures ou fermer temporairement. Dans tous ces cas, nombre d’enfants devraient demeurer à la maison, faute de pouvoir obtenir une instruction de qualité, donnée par une personne qualifiée.

Et c’est là qu’il faut lire entre les lignes. On l’a constaté durant la pandémie, notre société n’est pas équipée pour garder ses enfants à la maison. On a beau prétendre que l’école est un milieu d’apprentissage, c’est son côté service de garde qu’on recherche d’abord et avant tout. Il n’y a plus d’enseignants ? Arrangez-vous pour trouver quelqu’un qui va au moins garder mon enfant, aux frais de l’État.

Ça, le ministre Drainville l’a compris. Et l’évidence est telle qu’il peut impunément tolérer l’inacceptable, pour reprendre les mots de Marwah Rizqy. La lecture des sous-entendus n’aura jamais paru aussi limpide.

1 Plante, Caroline. Un diplôme d’études secondaires, c’est mieux que rien, plaide Bernard Drainville. La Presse canadienne. Le 1er juin 2023.

2 Billet du 26 mai 2023 : Un positionnement historique récent.

3 Martineau, Richard. N’importe qui peut être prof, voyons! Le Journal de Montréal. Le 1er juin 2023.


On arrive à un des quelques moments de l’année où il faut abréger l’écriture du blogue pour investir ce précieux temps dans la correction des évaluations et la compilation des bulletins. Même si on voulait qu’il en soit autrement, les paupières s’affairent à nous rappeler que le corps requiert un minimum de repos. Pas question de couper sur les heures de sommeil, donc. On limite le nombre de blocs pour cette semaine.


Dans le cours de musique

Je prends quand même le temps de vous proposer une #musiquebleue. Avec la sortie récente du dernier Half Moon Run, le choix s’avérait facile. L’album s’intitule Salt. Voici la pièce You Can Let Go.

Half Moon Run – You Can Let Go – Salt – #musiquebleue