Billet du 31 janvier 2025 : De la banalisation des symboles violents à la beauté du verbe

Calvin Robinson est un prêtre anglican, commentateur politique, écrivain et animateur britannique. Ordonné dans l’Église catholique anglicane, il est connu pour ses positions conservatrices et ses apparitions médiatiques controversées sur des chaînes comme GB News. Actuellement, Robinson officie comme vicaire d’une paroisse à Grand Rapids, une ville de l’État du Michigan, après avoir quitté le Royaume-Uni pour rejoindre l’Église catholique anglicane aux États-Unis.

Mais pourquoi diable est-ce qu’il est question de lui dans mon billet de cette semaine ?

Mercredi, lors du Sommet national pro-vie à Washington, Robinson a suscité une vive controverse en imitant à son tour, une semaine après Elon Musk, un salut nazi. À la fin de son discours, où il déclarait que l’Amérique était « le seul pays à se battre pour la vie », il a placé sa main sur sa poitrine avant de tendre le bras droit, paume vers le bas, dans un geste rappelant justement le salut nazi. Ceci a été accueilli par des rires et des applaudissements du public présent. De leur côté, de nombreux observateurs ont dénoncé cet acte comme étant non seulement de mauvais goût, mais aussi potentiellement dangereux, soulignant les risques de banalisation des symboles fascistes.

Cette escalade de gestes et de symboles à connotation fasciste est profondément troublante. Le retour de Donald Trump à la présidence semble avoir ouvert une boîte de Pandore, légitimant des comportements encore récemment considérés comme inacceptables. L’incident impliquant Calvin Robinson n’est malheureusement qu’un exemple parmi tant d’autres de cette tendance alarmante. On ne peut s’empêcher de s’interroger sur les conséquences à long terme de cette banalisation des symboles d’extrême droite sur le tissu social américain et sur la démocratie elle-même. Il est crucial que nous restions vigilants et que nous condamnions fermement ces actes, car l’histoire nous a déjà montré les dangers qui guettent une société qui tolère la montée du fascisme. La frontière entre la provocation et l’adhésion réelle à ces idéologies dangereuses devient de plus en plus floue, et c’est précisément ce qui devrait nous inquiéter tous.


Dans le cours de français

Une chaîne commerciale connue dans tout le Canada tient dans ses rayons une marque de cartes de souhaits dont je tairai le nom ici. Je me contenterai de mentionner qu’au dos des cartes, il est inscrit qu’elle est produite par « une petite entreprise détenue et gérée par une femme ».

Le site web de cette entreprise nous fournit des détails supplémentaires : « Fondatrice et experte en multitâches ; mère célibataire de jumeaux adolescents et d’un animal de compagnie.  A transformé un diplôme en littérature anglaise en une entreprise. N’a pas accepté un non pour réponse lorsqu’on lui a dit qu’une femme ne pouvait pas manipuler une presse de 2 500 livres, puis a montré à une bande de compagnons comment s’y prendre. Génération X assumée. »

Jusqu’ici, je salue le travail de cette entrepreneuse. Là où ça se gâte, c’est quand on prend le temps de scruter la marchandise.

#LeProfCorrige

Sur la première carte, en admettant qu’on ferme les yeux sur j’veux (plutôt que je veux), sur je t’aime au bout (au bout’, en bon québécois) et sur le fait qu’il n’y a pas de point à la fin, il aurait fallu lire Tu es mon meilleur et non Tu est mon meilleur. Cette conjugaison est enseignée en troisième année du primaire.

Sur la deuxième carte, il aurait fallu lire Brillante et non Brilliante.

Il existe plusieurs outils pour vérifier la grammaire et l’orthographe. Là comme ailleurs, il est dommage qu’on ne se donne pas la peine de s’en prévaloir. Je refuse de donner à qui que ce soit une carte de souhaits affichant des fautes !


Dans le cours de musique

Avec Dix chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abîmé, Pierre Lapointe tisse une œuvre à la fois nostalgique et profondément intime, où chaque note semble caresser les âmes en peine. Dans cet album, il revisite avec élégance l’esprit des grandes chansons d’autrefois, s’appuyant sur des orchestrations feutrées et une écriture ciselée qui évoquent les amours fanées, les espoirs brisés et la beauté du chagrin. Lapointe ne cherche pas à suivre les tendances, il les ignore avec panache, préférant offrir une musique qui traverse le temps plutôt que de s’y conformer. Une collection de ballades mélancoliques qui, plutôt que d’appartenir au passé, rappellent que certaines émotions, elles, ne se démoderont jamais.

Extraite de cet album lancé au cours des derniers jours, voici la pièce Hymne pour ceux qui ne s’excusent pas.

Pierre Lapointe – Hymne pour ceux qui ne s’excusent pas – Dix chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abîmé – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Entre les lubies et les insanités de Donald Trump, et à travers les folies meurtrières de Benyamin Netanyahou, en subissant le silence inquiétant de Vladimir Poutine, il y a eu l’éclat de soleil de Chloé, la caricaturiste du Devoir. Je le dépose ici.

Il est inutile d’en écrire davantage.


Billet du 24 janvier 2025 : J’ai mis un x sur X

Près de 14 ans après l’avoir ouvert et utilisé à souhait, j’ai fermé mon compte X, dimanche soir. Si je ne l’avais pas fait dimanche, je l’aurais fait lundi soir. J’éprouvais déjà de la difficulté à m’associer à un produit d’Elon Musk, je me dissocie maintenant entièrement du personnage. Je suis capable de respecter quelqu’un qui émet des opinions ou adopte des positions différentes des miennes, mais pas quand cette personne sombre dans le racisme, le sexisme, l’homophobie ou la haine. Les deux saluts nazis que Musk a adressés à foule, lors du rassemblement républicain de lundi soir, ne passent pas.


Que fais-je avec mes comptes Facebook, Instagram et Threads, tous propriété de Meta et de Mark Zuckerberg ? Pour l’instant, j’attends. Si ces réseaux s’assombrissent comme X l’a fait, je les quitterai également.


Amazon ? C’est fini. Du moins, jusqu’à ce que son éventuel statut de quasi-monopole ne me laisse pas le choix d’y revenir. J’y trouvais mon compte parce que la compagnie livrait rapidement à domicile et possédait sept entrepôts au Québec. Elle offre également une multitude de produits d’ici. Mais fermer sans crier gare tous ses points de service québécois, mettant ainsi au chômage plus de 3 000 travailleurs, parce qu’un des entrepôts a réussi à y faire entrer le syndicat, justifie que j’élimine ce commerce de ma liste.


Je m’efforce d’acheter des produits québécois. Il m’arrive aussi d’acheter des produits d’ailleurs, dans des commerces québécois, chez Dollarama ou dans des boutiques spécialisées, par exemple. J’encourage également les produits et commerces canadiens, parce qu’ils font autant partie de notre économie. Ce que Donald Trump et ses sbires m’inspirent, depuis cette semaine, c’est de carrément éviter d’acheter leurs produits. Éviter à tout prix les produits américains, c’est quelque chose de nouveau pour moi. J’en suis rendu là.


Dans le cours de sciences et technologie

Comment notre cerveau construit-il ses connaissances ?

Disons qu’il est en constante évolution. Il apprend, se souvient et oublie chaque jour. Mais comment ces processus s’opèrent-ils au niveau neuronal ? L’apprentissage est en réalité une modification physique de notre cerveau. Lorsque nous acquérons une nouvelle information, de nouvelles connexions se créent entre nos neurones, formant ainsi de véritables réseaux. Ces connexions, appelées synapses, se renforcent à chaque rappel de l’information, consolidant ainsi notre mémoire. C’est un peu comme un sentier dans une forêt : plus on l’emprunte, plus il devient évident.

La mémoire, elle, se divise en plusieurs types. La mémoire à court terme, par exemple, nous permet de retenir un numéro de téléphone le temps de le composer. La mémoire à long terme, quant à elle, stocke nos connaissances et expériences de manière plus durable. L’oubli, loin d’être une défaillance, est un mécanisme essentiel à notre survie. Il nous permet de ne pas être submergés par une quantité excessive d’informations. Certaines informations sont éliminées, tandis que d’autres sont consolidées et conservées.

Il est important de noter que la plasticité cérébrale, c’est-à-dire la capacité du cerveau à se modifier, diminue avec l’âge. Cependant, elle peut être stimulée par diverses activités, telles que l’apprentissage de nouvelles langues, la pratique d’un instrument de musique ou la résolution d’énigmes. En comprenant les mécanismes de l’apprentissage, nous pouvons optimiser nos capacités cognitives et favoriser un vieillissement en bonne santé.

Alors, prêt à faire des synapses et à agrandir votre cerveau ? C’est l’occasion de devenir un véritable expert en matière grise !


Dans le cours de musique

Les Passagers, groupe musical hybride aux sonorités audacieuses, naviguent entre jazz, électronique et rock psychédélique avec une élégance remarquable. Fondé autour du duo Nicolas Ferron-Geoffroy et Andréanne Muzzo, accompagné du batteur Tonio Morin-Vargas, le groupe poursuit une trajectoire artistique internationale qui les a menés des scènes locales aux studios mythiques de Los Angeles, en passant par des tournées européennes. Après deux mini-albums remarqués, deux albums acclamés (Eldorado en 2016 et Les Oiseaux en 2020) distribués jusqu’au Canada et au Japon, le trio vient de lancer son nouvel opus Tu n’es pas seul. Cet autre mini-album projette une exploration musicale où les grooves entraînants côtoient des mélodies aériennes, quelque part entre Françoise Hardy, Herbie Hancock et Tame Impala. En voici un aperçu avec la pièce Coca cola.

Les Passagers – Coca cola – Tu n’es pas seul – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Martial Grisé et Maryse Pepin, auteurs passionnés et inspirants, ont récemment démontré leur générosité en offrant des livres à plus de 70 écoles des Laurentides. Grâce à leur Fondation McGray, ils ont distribué des romans de leur collection Seyrawyn, remplis de magie, de Vikings et de dragons, pour éveiller l’imaginaire des jeunes lecteurs. Ce projet littéraire, d’une valeur de 5000 $, a permis aux élèves de découvrir des histoires captivantes tout en abordant des thèmes importants, comme l’empathie, l’écologie et l’histoire des Patriotes de Saint-Eustache. Leur engagement envers l’éducation et la promotion de la langue française est un véritable cadeau pour la communauté.

En plus de leurs dons de livres, les auteurs s’investissent activement dans divers projets pour les jeunes tout au long de l’année. Que ce soit par des animations, des rencontres dans les Salons du livre ou d’autres initiatives originales, ils cherchent constamment à inspirer les générations futures. Leur dévouement à promouvoir la lecture et à partager leur amour pour la langue française est une source d’inspiration pour tous. Grâce à leur passion et à leur générosité, les jeunes des Laurentides ont la chance de plonger dans des univers fantastiques et de développer leur goût pour la lecture.

Martial Grisé et Maryse Pepin, auteurs.

Billet du 17 janvier 2025 : Une histoire à ma manière

Les Québécois se sentent-ils plus Nord-Américains ou Français ? La question méritait d’être posée, surtout dans le contexte actuel, et Léger s’en est chargé. Par ma langue, ma culture et la majeure partie de mes intérêts, je me sens personnellement plus Français. Par mon mode de vie et mon amour du baseball, je me sens plus Nord-Américain. En combinant les deux, je me sens peut-être plus français. Mais je fais partie d’une minorité.

Le récent sondage Léger, publié dans Le Devoir, révèle que la majorité des Québécois se sentent plus proches culturellement de l’Amérique du Nord que de la France.1 Il démontre que 73 % des Québécois s’identifient davantage à la culture nord-américaine, contre seulement 16 % qui se sentent plus proches de la culture française. Les résultats sont similaires indépendamment de l’âge, du genre et de la langue des répondants. Cette tendance reflète une perception croissante du Québec comme une région culturellement nord-américaine plutôt qu’européenne.

Le coup de sonde confirme une tendance que je remarque depuis de nombreuses années, principalement chez les plus jeunes générations. Leurs références musicales sont américaines, comme leurs références cinématographiques. Les influenceurs suivis sont pour la plupart québécois, mais promeuvent rarement des produits conçus ici.

Et qu’ont répondu les quelques jeunes, âgés de 11 à 22 ans, à qui j’ai demandé ce qu’ils pensaient de la proposition de Donald Trump de faire du Canada le 51e État américain ? Au mieux, ils ont affiché une indifférence. Au pire, ils aimaient l’idée.

C’est le triomphe du cheeseburger sur le camembert.

1 Baillargeon, Stéphane. Les Québécois se sentent nord-américains et loin de la France, révèle un sondage. Le Devoir, Montréal. Le 16 janvier 2025.


Dans le cours de français

Le mot de la semaine est oligarchie. Il a été employé par à peu près tous les grands médias de la planète.

Dans son discours d’adieux à titre de président des États-Unis, Joe Biden a mis en garde contre la montée d’une oligarchie aux États-Unis, où une poignée d’individus ultrariches concentrent le pouvoir et l’influence. Biden souligne que cette concentration de pouvoir menace la démocratie, les droits fondamentaux et les libertés individuelles. Il cite notamment les patrons de l’industrie technologique, comme Elon Musk, qui exercent une influence croissante sur les politiques publiques.

Ce discours a suscité un large écho dans les médias du monde entier, qui ont largement repris le terme « oligarchie » pour décrire la situation politique actuelle aux États-Unis.


Dans le cours d’art dramatique

Fanfreluche m’a raconté plein d’histoires à sa manière, pour m’amuser. Je revenais de l’école, j’allais jouer un peu dehors et je rentrais pour écouter Bobino d’abord, l’émission suivante ensuite. Une fois par semaine, c’était Fanfreluche.

Personnifiée par Kim Yaroshevskaya, la poupée commençait à lire une histoire, puis entrait dans son grand livre pour en modifier le cours. On peut dire qu’elle a largement contribué à m’initier à la littérature.

M’a-t-elle donné le goût de la lecture ? Un peu. Par contre, je lui dois une bonne part de mon goût de l’écriture, qui a commencé à se développer quand j’étais très jeune. C’est Fanfreluche qui m’a fait réaliser, la première, qu’on pouvait créer en écrivant.

Chapeau bien bas, madame Yaroshevskaya ! Bravo et merci pour votre œuvre, un merci particulier pour cette passion que vous avez contribué à m’inculquer. Avec une vie qui s’est éteinte à l’âge plus que vénérable de 101 ans, vous avez plus que mérité le droit de vous reposer.


Dans le cours de musique

Mélodie-Jade était une protégée de Corneille à l’émission La Voix. Offrant des notes de jazz versant dans la bossa-nova, avec l’accent québécois, elle vient de lancer son premier mini-album, Sens Cible. Voici la pièce Anormal.

Mélodie-Jade – Anormal – Sens Cible – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Dans un remarquable accomplissement qui fait la fierté du Québec, Myckaël Charbonneau, diplômé de l’UQAM, s’est distingué parmi 3769 candidats en remportant la médaille d’or à l’examen final des comptables professionnels agréés du Canada. Ce qui rend cette réussite encore plus inspirante, c’est que, contrairement à la tradition qui voit souvent les lauréats provenir des grands cabinets comptables, Myckaël a choisi de mettre ses talents au service du secteur communautaire en tant que comptable à la Maison d’Hérelle, un organisme qui accompagne les personnes vivant avec le VIH-Sida.

Cette victoire exemplaire illustre parfaitement comment l’excellence professionnelle peut s’allier à l’engagement social. Malgré les offres alléchantes des grands cabinets comptables suite à sa performance exceptionnelle, Myckaël reste fidèle à ses valeurs en poursuivant son travail à la Maison d’Hérelle, où il contribue activement à la mission de l’organisme tout en développant des projets novateurs en matière de gouvernance et de gestion financière. Son parcours inspire une nouvelle génération de professionnels à considérer le secteur communautaire comme un lieu d’épanouissement professionnel où les compétences peuvent avoir un impact direct sur le bien-être de la société.


Billet du 10 janvier 2025 : Queneau, anglicismes et loup-garou

Les amateurs de littérature expérimentale connaissent bien Raymond Queneau, cette figure incontournable des lettres françaises qui a marqué le XXe siècle par ses innovations littéraires. Parmi ses œuvres les plus audacieuses, figure « Cent mille milliards de poèmes » publié en 1961. Ce livre défie l’imagination par son concept révolutionnaire. Ce livre, qui ne compte que dix pages, est pourtant considéré comme l’un des plus longs au monde grâce à son ingénieux système de vers interchangeables.

Le principe est d’une simplicité déconcertante : chaque page contient un sonnet, et chaque vers est imprimé sur une languette de papier indépendante que le lecteur peut manipuler à sa guise. Physiquement, l’ouvrage rappelle ces livres pour enfants où l’on peut combiner différentes parties de personnages en tournant des bandelettes de pages : tête, tronc et jambes s’assemblent pour créer des personnages fantasques et amusants. Ici, le principe est similaire, mais appliqué à la poésie : comme tous les sonnets suivent rigoureusement la même structure de rimes et la même construction grammaticale, n’importe quel vers peut être combiné avec n’importe quel autre vers correspondant des autres sonnets. Cette mécanique permet de générer exactement cent mille milliards de poèmes différents.

L’ampleur de cette création est telle qu’il est matériellement impossible pour un seul être humain de lire l’intégralité des combinaisons possibles. Queneau lui-même a calculé qu’en consacrant 45 secondes à la lecture de chaque poème, huit heures par jour, deux cents jours par an, il faudrait plus d’un million d’années pour venir à bout de toutes les possibilités. Cette œuvre magistrale, née au sein de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle), dont Queneau était cofondateur, illustre parfaitement la façon dont une contrainte littéraire peut paradoxalement devenir source d’une liberté créative quasi infinie.

En définitive, voilà sans doute le seul livre au monde dont personne ne pourra jamais se vanter d’avoir lu toutes les pages — même les plus voraces des lecteurs devront se contenter d’un modeste échantillon. Un petit conseil : si vous tombez sur un exemplaire, ne vous fixez pas comme objectif de le terminer avant de commencer autre chose !


Dans le cours de français (et d’anglais !)

Les mots voyagent, évoluent et, parfois, reviennent sous une nouvelle forme : c’est toute l’histoire des anglicismes dans la langue française.

Au Québec, la question des anglicismes est un sujet sensible, car la langue française y est un élément essentiel de notre identité culturelle. Pourtant, les anglicismes s’imposent de plus en plus dans notre quotidien, notamment dans des domaines comme la technologie, les médias et la culture populaire. Des mots comme week-end ou encore chat (discussion en ligne) sont devenus courants, surtout chez les jeunes. Si l’Office québécois de la langue française (OQLF) propose souvent des équivalents, comme fin de semaine ou clavardage, il n’est pas toujours facile de faire adopter ces termes par tous. Les anglicismes restent populaires parce qu’ils sont souvent perçus comme plus branchés ou parce qu’ils proviennent directement des plateformes numériques où ils dominent.

Dans certains cas, les efforts de francisation réussissent mieux au Québec qu’ailleurs dans la francophonie. Par exemple, alors qu’en France, beaucoup continuent de parler d’e-mail, au Québec, courriel s’est bien implanté. De même, dans le domaine des jeux vidéo, certains préfèrent encore joueur et niveau à gamer et level. Mais ce n’est pas toujours le cas : des mots comme burn-out, deadline ou streamer gagnent du terrain, même si l’OQLF propose des alternatives comme épuisement professionnel, date limite ou diffuseur en continu. Certains anglicismes viennent même d’anciens mots français. Par exemple, fleureter, qui signifiait courtiser avec délicatesse, a traversé la Manche pour devenir to flirt en anglais, avant de revenir dans la langue française moderne sous la forme de l’anglicisme flirter. Ces va-et-vient linguistiques montrent à quel point nos langues sont interconnectées, notamment à travers les siècles d’échanges culturels et sociaux.

Ces allers-retours illustrent que la langue française, même au Québec, n’est pas figée, mais en perpétuelle évolution. Il ne s’agit pas de rejeter systématiquement les anglicismes, mais de faire preuve de discernement en intégrant ceux qui enrichissent véritablement notre vocabulaire, tout en valorisant les équivalents français existants. Cette approche permet de préserver la vitalité et la singularité du français québécois, tout en reflétant la réalité d’un monde globalisé où les échanges linguistiques sont constants.


Dans le cours de musique

Lou-Adriane Cassidy nous offre avec Journal d’un loup-garou un voyage introspectif envoûtant. Cet album marque un tournant dans la carrière de l’artiste, qui explore ici des sonorités plus électroniques tout en conservant l’authenticité de son folk rock.

L’album paraîtra le 24 janvier prochain. En voici un extrait, Cours, Cora, cours.

Lou-Adriane Cassidy – Cours, Cora, cours – Journal d’un loup-garou – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Les gens heureux sont ceux qui peuvent compter sur l’appui d’une communauté. Une communauté familiale, une communauté sociale, une communauté sportive ou une communauté religieuse, entre autres. C’est toute une communauté d’adolescents qui se rassemble régulièrement autour de Jonathan Dutil, atteint d’un cancer du cerveau.

Que fait cette communauté pour les aider, lui et ses parents ?

Le chroniqueur Patrick Lagacé, de manière touchante, l’a relaté dans La Presse.1 C’est un portrait de l’être humain dans ce qu’il a de meilleur à offrir. Je m’arrête ici et je vous laisse prendre connaissance du reportage.

1 Lagacé, Patrick. La meute de Jonathan. La Presse, Montréal. Le 5 janvier 2025.


Billet du 3 janvier 2025 : Journal de vacances des Fêtes (2e de 2)

Alors que nous entamons cette nouvelle année, le monde semble encore danser sur une mélodie bien contrastée. Les nouvelles des dernières heures nous rappellent que la vie est parfois une partition complexe, marquée par des notes de tristesse et de gravité. Ici, une catastrophe naturelle qui bouleverse des vies ; là, des défis humains qui mettent à l’épreuve notre capacité à persévérer et à s’unir. Mais à travers ces épreuves, brillent toujours des éclats d’humanité : un élan de solidarité inattendu, un geste d’amour anonyme, ou une victoire collective qui ranime l’espoir. Oui, 2025 démarre comme une grande symphonie : troublante, mais quand même remplie de promesses.

Et si, cette année, nous apprenions à mieux accorder nos instruments personnels pour jouer ensemble une mélodie plus douce ? Trouvons dans chaque moment de joie — aussi petit soit-il — un point d’ancrage pour éclairer nos jours nuageux. Cultivons la bienveillance, l’audace et cette petite étincelle d’optimisme qui nous pousse à croire que, malgré tout, demain peut être meilleur. Avec ce premier billet de l’année, je vous invite à aborder 2025 avec courage et enthousiasme. Que cette année soit pour vous et vos proches une source inépuisable de découvertes, de rires et de moments précieux. Bonne et heureuse année ! 🥳 🎉


Déformation professionnelle

Durant les vacances, j’ai bien sûr regardé la télé plus que je ne le fais habituellement. En plus d’apprécier Ciné-cadeau et les émissions de fin d’année, j’ai l’habitude de suivre régulièrement les émissions d’information. Dans ce dernier cas, j’ai plusieurs fois noté, surtout à l’oral, mais également à l’écrit, des fautes d’accord du participe passé.

Ah, l’accord du participe passé, ce casse-tête grammatical qui fait trembler plus d’un francophone ! Commençons par le plus redouté : l’accord du participe passé avec l’auxiliaire « avoir ». En règle générale, le participe passé ne s’accorde pas avec le sujet, mais avec le complément direct (CD) si celui-ci est placé avant le verbe. Par exemple, dans la phrase « Les pommes que j’ai mangées étaient délicieuses », « mangées » s’accorde avec « les pommes », car le CD est placé avant le verbe. En revanche, dans « J’ai mangé des pommes », pas besoin d’accord, car le CD est après le verbe. Facile, n’est-ce pas ? Enfin, presque…

Passons maintenant aux cas particuliers, où les choses se corsent un peu. Prenons les verbes pronominaux, par exemple. Avec eux, l’accord du participe passé dépend de la fonction du pronom réfléchi. Si le pronom est CD, on accorde, sinon, on n’accorde pas. Par exemple, « Elle s’est lavée » (elle a lavé elle-même, donc accordé), mais « Elle s’est lavé les mains » (elle a lavé quoi ? Les mains, donc pas d’accord). Et pour ajouter une touche d’humour, souvenez-vous : si vous hésitez, dites-vous que même les grammairiens chevronnés, comme les présentateurs de nouvelles, ont parfois besoin d’un bon café pour démêler tout ça !


Dans mes écouteurs

André Coutu est un guitariste québécois originaire du Saguenay. Au fil des années, il a entre autres travaillé avec Céline Dion, mais également pour les principaux réseaux de la télévision d’ici. Cascade, sorti tout juste avant Noël, constitue son troisième album. Phénomène particulier, ses deux précédents albums, Source et Destination, ont respectivement paru en juin et en septembre 2024.

Sa musique instrumentale donne surtout dans le nouvel âge, mais on peut aussi y entendre un rythme jazz sur plusieurs pièces. En #musiquebleue, cette semaine, voici À cheval sur la vague.

André Coutu – À cheval sur la vague – Cascade – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Un article de Radio-Canada met en lumière dix bonnes nouvelles environnementales de 2024, offrant un contraste positif face aux nombreuses crises climatiques.1 Parmi ces nouvelles, la découverte du plus grand corail du monde par l’équipe Pristine Seas de National Geographic et la condamnation historique de la Suisse par la Cour européenne des droits de l’homme pour inaction climatique sont particulièrement marquantes. Cette dernière décision, menée par les KlimaSeniorinnen, un groupe de 2500 Suissesses âgées de 64 ans et plus, souligne l’importance de la responsabilité des États dans la lutte contre les changements climatiques.

En outre, l’article mentionne des avancées significatives dans les énergies renouvelables, notamment l’essor de l’énergie solaire, et des victoires judiciaires pour les jeunes militants climatiques au Canada. Par exemple, la Cour d’appel de l’Ontario a annulé un jugement précédent, permettant à sept jeunes de poursuivre leur combat contre les politiques environnementales de la province. De plus, les dates du premier procès constitutionnel sur le climat au Canada ont été fixées pour octobre 2026 à Vancouver. Ces histoires inspirantes montrent que des progrès sont réalisés malgré les défis environnementaux actuels.

1 Boisclair, Valérie. La crise climatique vous déprime? Voici 10 bonnes nouvelles de 2024. Radio-Canada. Le 29 décembre 2024.