Chaque matin, à mon réveil, je prends mon téléphone cellulaire et je m’accorde une vingtaine de minutes pour faire le tour des nouvelles. Jeudi, j’ai regroupé quatre nouvelles matinales et quelque chose m’est immédiatement sauté aux yeux. Entre la corruption et la malveillance, un groupe se démarque au contraire par sa reconnaissance, son entraide et sa générosité.
Il est question, dans la première nouvelle, d’entreprises mandatées pour nettoyer les routes du Québec qui effectuent illégalement des dépôts de résidus de balayage dans des lieux non autorisés, comme des terrains privés, agricoles et des milieux naturels, au mépris des règles environnementales. Une enquête de Radio-Canada, menée avec des caméras cachées et un faux couple, a permis de confirmer ces pratiques après avoir été alertée par un lanceur d’alerte. Les résidus, qui peuvent être contaminés, sont parfois proposés gratuitement ou vendus à des particuliers, souvent pour des usages comme du remblai. L’une des entreprises impliquées, tout en refusant une entrevue, a minimisé l’importance de ces contrats dans ses activités. Et tout ceci au vu et au su des fonctionnaires du ministère québécois de l’Environnement. 1
Dans le deuxième article, Azure Power Global, une entreprise indienne financée par la Caisse de dépôt et placement du Québec, est impliquée dans un scandale de corruption majeur, avec des pots-de-vin de 250 millions $ US versés pour obtenir des contrats solaires, et où Alan Rosling, président nommé par la Caisse, aurait joué un rôle. Selon l’article, Rosling et d’autres cadres auraient dissimulé les malversations en fournissant de fausses informations et en cédant un contrat clé au groupe Adani sous un prétexte inventé. Ces irrégularités ont gravement affecté Azure, entraînant une chute de sa valeur à moins de 5 % de l’investissement initial de la Caisse et son retrait de la Bourse de New York en 2023. Malgré les accusations criminelles contre trois de ses anciens cadres, la Caisse insiste sur son engagement envers l’éthique, mais refuse de commenter davantage cette affaire qui suscite de nombreuses interrogations. 2
Le troisième reportage nous apprend que le Complexe Desjardins utilise depuis environ un an des chansons agressantes diffusées à plein volume, comme Baby Shark, pour dissuader les sans-abri de fréquenter ses espaces. C’est une pratique qui soulève l’indignation des groupes communautaires. Ces derniers dénoncent un manque de bienveillance et d’empathie, rappelant que des approches structurelles et humaines sont nécessaires pour traiter les causes profondes de l’itinérance. Desjardins affirme vouloir privilégier l’accompagnement en collaboration avec des travailleurs sociaux, mais les critiques soulignent que cette méthode contribue à stigmatiser davantage les personnes vulnérables. 3
Finalement, dans un tout autre contexte, la quatrième nouvelle fait état d’un groupe d’enseignants qui organisent une collecte de fonds pour aider les enfants de familles défavorisées. L’initiative vise à soutenir des organismes montréalais, notamment Les Lutins de Saint-Vincent-Marie, qui offrent des cadeaux et des pyjamas durant les Fêtes. Cette mobilisation reflète une volonté de prolonger la chaîne de solidarité créée pendant la grève de l’an dernier, où près de 1800 enseignants avaient bénéficié de l’aide de la communauté. 4
On dit qu’il n’y a que des enseignants pour voler du matériel à la maison et l’amener sur leur lieu de travail. J’ignore si d’autres le font, mais je confirme qu’une forte majorité d’acteurs de l’éducation ont recours à ce moyen pour soutenir leur travail. Et quand Baby Shark joue dans les haut-parleurs d’une salle de classe, c’est parce que son titulaire met ses propres nerfs à l’épreuve pour amuser ses élèves.
En ce début de journée, alors que les nouvelles nous abreuvent d’histoires de corruption et d’indifférence, cette initiative d’enseignants nous rappelle qu’il existe encore des îlots de générosité et de solidarité, où l’humain se révèle dans toute sa beauté.
Dans le cours de musique
La chanson Fleur sauvage de Rymz, en collaboration avec Ingrid St-Pierre, est une composition émotionnelle et poétique qui mélange rap et musique folk. Les paroles touchent à la fragilité de la vie, l’innocence perdue et les luttes intérieures, avec une touche de douceur apportée par la voix d’Ingrid St-Pierre. Ce morceau, qui conjugue harmonieusement des éléments de rap introspectif et des mélodies délicates, invite à la réflexion sur la quête de sens et les épreuves personnelles. Il est extrait du plus récent album de Rymz, Vivre à mourir.
La bonne nouvelle de cette semaine
Dans un enchaînement de coïncidences presque irréelles, Vamarr Hunter a vécu une renaissance familiale qui défie toute imagination. Cet Américain de Chicago, adopté à la naissance et ignorant tout de ses origines, a appris de la manière la plus inattendue qui soit qu’il avait pour mère biologique la boulangère de son quartier, celle-là même chez qui il allait acheter son pain chaque semaine depuis des années. Cette rencontre fortuite, initiée par une émission télévisée sur la généalogie, a non seulement révélé un lien du sang insoupçonné, mais a aussi ouvert la voie à une connexion profonde et précieuse.
Au-delà d’un simple rapprochement, leur histoire est devenue un modèle de compassion et de solidarité. Alors que Lenore Lindsey traversait l’épreuve difficile d’un traitement contre le cancer du sein, Vamarr s’est immédiatement engagé à ses côtés, l’accompagnant à ses séances de chimiothérapie et allant même jusqu’à la suppléer dans son travail. Un geste si remarquable qu’il a finalement décidé de quitter son emploi pour travailler à temps plein dans la boulangerie familiale, transformant ce qui aurait pu être une simple rencontre en une véritable histoire d’amour et de résilience.






