Billet du 26 avril 2024 : À plus tard !

Je me trouve actuellement au colloque des enseignants-mentors de mon centre de services scolaire. J’anime l’atelier sur le rôle du mentor dans la mise en place d’une éducation développementale, relationnelle et positive dans son école. Qu’est-ce que l’éducation développementale, relationnelle et positive ? J’y reviendrai en détail dans une prochaine parution, mais je mentionnerai ici deux éléments. Le premier est qu’elle se place en opposition à l’éducation comportementale. Le second est que je l’applique depuis plusieurs années et qu’elle donne d’excellents résultats.

Mais surtout, elle fait de moi un meilleur enseignant. C’est à suivre !


Dans le cours de français

Doit-on écrire tout à l’heure, tout-à-l’heure, toute à l’heure ou toute-à-l’heure ?

Prenez le temps d’y penser. Réponse après la bonne nouvelle de cette semaine.


Dans le cours de musique

Je demande aux artistes émergeants de me pardonner, parce que pour une deuxième semaine consécutive, je présente une nouveauté d’un nom bien établi. Après Corneille vendredi dernier, ce sera les Cowboys Fringants aujourd’hui. Écoutez bien les paroles de la chanson La fin du show, tirée de l’album Pub Royal, vieux d’une trentaine d’heures au moment de la publication de ce billet. C’est le testament musical de Karl Tremblay.

Les Cowboys Fringants – La fin du show – Pub Royal – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Tout ce qui peut contrer la désinformation constitue pour moi une bonne nouvelle. Trois jeunes professionnels de la santé ont décidé d’offrir une formation aux influenceurs québécois, afin d’éviter que ces derniers ne fassent la promotion de produits inutiles, dangereux ou nocifs. C’est souvent sans bien connaître un produit qu’ils y associent leur nom.

Le quotidien La Presse leur consacre un article.

Cazzaniga, Constance. Une formation pour lutter contre la désinformation. La Presse, Montréal. Le 25 avril 2024.


Dans le cours de français
Réponse à la question

On écrit tout à l’heure. Cependant, on écrit à toute heure.


Billet du 19 avril 2024 : Ça gaze ?

Il est difficile d’éviter les sarcasmes quand on parle de la hausse du prix de l’essence. Jeudi matin, réveil brutal avec une hausse de 0,15 $ à 0,20 $ le litre que seul un très petit groupe d’initiés avaient vue venir.

Les raisons évoquées ? D’abord, des tensions mondiales. Ça fait tout de même 26 mois que la guerre en Ukraine fait rage, alors que celle à Gaza a repris il y a déjà six mois. Pourquoi une telle hausse soudaine ? Parce que l’Iran est entré dans la danse le week-end dernier ? On aime spéculer, il faut croire. S’il fallait que nos producteurs d’ici se fient aux seules prévisions météorologiques à long terme pour déterminer plusieurs semaines à l’avance le prix de la conserve de sirop d’érable ou du panier de fraises, il y a probablement quelques pays partenaires économiques du Québec qui crieraient à la sottise.

Ensuite, on a soumis l’argument du passage à l’essence d’été. L’essence d’été ? Il paraît qu’on ajoute un additif à l’essence, à la veille des chaleurs, afin de la rendre moins volatile. C’est la première fois que j’entends parler qu’il existe une essence d’été et une essence d’hiver, avec en prime une différence de prix à la pompe. Et si je me fie à la réaction des membres de l’équipe de l’émission Tout un matin, sur ICI Première, il semble que nous étions plusieurs à l’apprendre.

Alors ça gaze ? Au sens populaire, j’espère que oui. Au sens propre, je souhaite que ce soit de moins en moins le cas. Le climat et le portefeuille ne s’en porteront que mieux.


Dans le cours d’univers social
Volet éducation à la citoyenneté

Avez-vous remarqué un changement de ton chez Paul St-Pierre Plamondon, au cours de la dernière semaine ? Moi aussi.

Sans doute galvanisé par ses troupes réunies en conseil national, lors de la dernière fin de semaine, il semble être passé à l’étape suivante en présentant le gouvernement du Canada comme un persécuteur du Québec, l’accusant au passage de mépris pour ingérence dans nos champs de compétences. Parallèlement, il talonne François Legault afin qu’il admette que la souveraineté est la seule option viable et promet un référendum avant la fin de la présente décennie.

Afficher une grande confiance apporte généralement son lot de bénéfices. Sombrer dans l’excès peut toutefois être perçu comme de l’arrogance et créer l’effet contraire. Le chef du Parti québécois doit toujours garder en tête un certain nombre d’éléments, dont la plupart sont confirmés dans le sondage Léger publié le 19 mars dernier. 1

D’abord, Monsieur St-Pierre Plamondon doit sa position confortable dans les sondages (34 %) à deux éléments importants : sa personnalité qui a su plaire à la population et le fait que le taux d’insatisfaction à l’égard du gouvernement de la CAQ se situe à 64 %. La prochaine élection n’aura lieu que dans deux ans et demi et beaucoup de choses peuvent survenir d’ici là. Rappelons-nous qu’il y a un an et demi à peine, le PQ ne faisait élire que trois députés, avec 14,6 % des suffrages exprimés.

Ensuite, l’appui au projet indépendantiste plafonnant à 36 %, il faudra se montrer plus inclusif si on veut y faire adhérer une majorité de la population. Jusqu’à présent, aucun des récents discours péquistes n’a démontré d’ouverture en ce sens. Sans l’inclusion des communautés culturelles et autres groupes reflétant les réalités du Québec d’aujourd’hui, l’aboutissement du projet reste impossible.

Finalement, si Paul St-Pierre Plamondon persiste à promouvoir un projet souverainiste contre le Canada plutôt que pour le Québec, il est voué à l’échec. Le gouvernement fédéral nous tape parfois sur les nerfs (comme le gouvernement provincial, d’ailleurs) ; mais la hargne que lui voue le chef du Parti québécois n’est pas partagée de façon aussi prononcée par l’ensemble de la population québécoise. D’entendre les différentes réactions lors de l’annonce du programme d’aide pour les services de garde le démontre bien. Si une grande partie des acteurs politiques dénonçaient une ingérence du fédéral dans un champ de compétences des provinces, la plupart des bénéficiaires tenaient un discours beaucoup plus nuancé et se réjouissaient de l’aide financière annoncée, nonobstant la main qui la tendra.

1 Rapport Léger. INTENTIONS DE VOTE, PRÉFÉRENCES POLITIQUES ET MESURES BUDGÉTAIRES. Montréal, le 19 mars 2024.


Dans le cours de musique

Je n’ai pas cherché une #musiquebleue très longtemps, cette semaine. Un nouvel album de Corneille a suffi à confirmer mon choix. Voici Bora Bora.

Corneille – Bora Bora – L’écho des perles – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

L’intelligence artificielle est une bête qu’il faut apprivoiser. Si on est en droit de craindre les dommages qu’elle peut causer, il faut aussi savoir apprécier le bien qu’elle procure.

Une entreprise montréalaise a créé une application pour traduire les pleurs d’un bébé. Appelée Nanny IA, la nouvelle technologie exprime avec des mots bien compréhensibles par des parents les besoins émis par bébé à travers ses pleurs.

Les communications n’ont ainsi plus beaucoup de barrières. Si un jour on assiste à la création d’une application similaire pour communiquer avec les animaux, je suggère de la baptiser Doolittle IA !


Billet du 12 avril 2024 : La relève et le vieux sage à Birdie

Aujourd’hui, ma stagiaire complète son stage dans ma classe. C’est son troisième et avant-dernier. Je me fais un devoir d’accueillir des stagiaires chaque année. Un devoir et un plaisir, devrais-je mentionner. Parce que ces jeunes enseignantes et enseignants en formation m’apportent autant que ce que je peux leur apporter.

Mes stagiaires me permettent de découvrir et d’expérimenter les nouvelles tendances en éducation. On me garnit de même mon coffre à outils avec du matériel très utile pour ma tâche enseignante, des applications numériques, notamment. Et puis d’observer la jeunesse enseignante permet une extraordinaire introspection, un retour tant sur ce que je suis que sur les chemins menant à mes objectifs professionnels.

De mon côté, je leur offre un mentorat qui s’apparente à la relation entre un entraîneur et son athlète. Nous regardons ensemble les objectifs à atteindre, j’écoute leurs stratégies, je propose généralement quelques ajustements et nous effectuons ensemble une rapide rétroaction, à la fin de chaque demi-journée. Il s’agit d’un formidable enrichissement mutuel.

Elle est belle, notre relève. Mon plus grand souhait est que sa passion demeure. Et qu’en tant que société, on sache l’appuyer convenablement, afin que son énergie lui permette de vivre une longue carrière.


Dans le cours de français

Dans les différentes éphémérides, il est souvent question de chansons sorties telle ou telle année. On les associe à une naissance ou à un événement en particulier. Cette semaine, j’ai appris que, pour son cinquantième anniversaire, le Petit Robert avait publié une liste de mots avec l’année de leur première attestation dans un ouvrage de référence, allant de 1950 à l’année en cours.

Moi qui me fais un devoir d’utiliser le mot affiche, je suis né la même année que l’introduction officielle dans nos dictionnaires de son pendant anglais poster. Le mot hippie, reliquat d’une époque historique et révolue, a également mon âge.

Le site du magazine Femme Actuelle en dresse la liste complète.1

Quels mots sont nés la même année que vous ?

1 Lisle, Hélène. Découvrez quels nouveaux mots ont été créés l’année de votre naissance. Femme Actuelle, Gennevilliers. Le 10 octobre 2017.


Dans le cours de musique

Originaire de Québec et titulaire d’un baccalauréat en musicologie, Simon Veilleux compose et joue dans différents projets. Ses textes et sa musique lui ont valu une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec, ainsi qu’un prix du lieutenant-gouverneur. C’est sous le pseudonyme de Birdie Veilleux qu’il a lancé son premier album, Chansons tristes pour les gens heureux, au cours de la dernière semaine.

Tiré de cet album, voici Le vieux sage.

Birdie Veilleux – Le vieux sage – Chansons tristes pour les gens heureux – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Les propriétaires de 48 copropriétés à Saint-Jérôme vivaient dans l’anxiété depuis près de trois ans quand les deux édifices qui les abritent se sont mis à décrépir très rapidement. Les montants à investir pour réparer et rénover s’élèvent au-delà de la valeur des unités, qui deviennent inhabitables. Comme il s’agissait de contrats de vente entre les propriétaires et un constructeur ayant depuis mis la clé sous la porte de sa compagnie, le litige dirigeait les premiers vers de lourdes pertes financières.

Toutefois, un jeune entrepreneur ayant fait fortune au Vieux-Port de Montréal a convaincu toutes les institutions financières impliquées de libérer les propriétaires du solde de leur hypothèque, moyennant un rachat des unités par lui-même, à un prix variant de 20 000 $ à 30 000 $ chacune. Samuel Cadotte compte ainsi faire raser les édifices et entreprendre la construction de logements à prix abordables sur les terrains devenus vacants. 2

2 McEvoy, Julien. Du film d’horreur à Hollywood pour 48 propriétaires de Saint-Jérôme sauvés de la faillite. TVA Nouvelles, Montréal. Le 8 avril 2024.


Photo en couverture : Marc-Étienne Martin


Billet du 5 avril 2024 : Le vivre et le promouvoir

Pour qu’une langue reste vivante, il faut l’utiliser et la promouvoir, oralement comme par écrit. En ce qui concerne la promotion du français, au Québec, beaucoup de travail reste à faire. Dans la saga des messages rédigés uniquement en anglais sur des chandails et les murs des vestiaires de certaines équipes de la LHJMQ, les gens qui les ont défendues ou excusées sont autant à blâmer que les équipes elles-mêmes. En ce qui me concerne, prétendre préparer les joueurs à la réalité de la Ligue nationale de hockey est une bien piètre excuse, surtout lorsque le col du chandail du Canadien de Montréal arbore un LNH et non un NHL comme les autres équipes. Bravo à la formation montréalaise.

Pour ce qui est de l’usage du français, cependant, une étude de l’Office québécois de la langue française (OQLF), publiée hier, nous fournit des chiffres plutôt encourageants, si on fait partie du groupe qui considère que le français décline. Ainsi, la proportion de personnes s’exprimant en français dans l’espace public québécois est demeurée stable à 79 %, entre 2007 et 2022. Sur la même période, celles qui s’expriment en anglais sont passées de 10 % à 8 %, alors que celles qui le font dans les deux langues ont récupéré ces 2 %, allant de 11 % à 13 %.

Source : OQLF

Et le rapport ajoute :

« Chez les anglophones, la proportion de personnes utilisant le plus souvent le français a augmenté (de 20 % à 25 %), alors que la proportion de celles utilisant l’anglais a diminué (de 57 % à 43 %). Chez les allophones, la proportion de personnes utilisant le plus souvent le français a augmenté (de 54 % à 57 %), et celle des personnes utilisant l’anglais a diminué (de 27 % à 23 %). Chez les personnes parlant le français et l’anglais à la maison, la proportion de personnes utilisant le plus souvent le français a augmenté (de 40 % à 48 %), tandis que la proportion de celles utilisant le plus souvent l’anglais a diminué (de 17 % à 6 %). »

L’ombre au tableau touche la langue de service, alors que 8 % des personnes interrogées ont affirmé ne pas pouvoir être servies en français dans un commerce. Cette proportion grimpe à 10 % pour les régions de Montréal et de Gatineau. Lorsqu’on regarde l’évolution des plaintes à L’OQLF concernant la langue de service, celles-ci constituaient 26 % des plaintes totales en 2020-2021, avant de grimper à 34 % en 2021-2022 et 38 % en 2022-2023.

Au Québec, la loi impose à la base le service en français dans tous les commerces. Tant mieux si ces derniers sont en mesure de servir également dans d’autres langues. Mais face à ceux qui dérogent à cet aspect de la loi, il faut insister. Insister pour être servi en français, que ce soit dans un commerce montréalais ou dans un aréna de Drummondville ou de Chicoutimi, constitue une des nombreuses façons de le promouvoir. Et de le vivre.

Office québécois de la langue française. Langue de l’espace public au Québec en 2022. Avril 2024. 52 pages.


Dans le cours de français

J’étais dans la jeune vingtaine quand j’ai rédigé une note à un collègue, lui indiquant qu’un autre camarade de travail voulait ravoir quelque chose. Le papier en avait fait rire plusieurs, pour qui j’avais « inventé » un mot. Je m’étais défendu en affirmant qu’il était possible de ravoir. On m’avait alors répondu en essayant de conjuguer le verbe pour me montrer le ridicule de la situation. Certain de ce que j’avançais, j’avais alors ouvert un Bescherelle pour découvrir que ravoir est un verbe défectif, c’est-à-dire un verbe qui ne se conjugue pas ou qui se conjugue partiellement. Dans le cas qui nous occupait alors, le verbe n’existe qu’à l’infinitif.

Au cours des derniers jours, on m’a lancé le défi de conjuguer le verbe frire à l’imparfait. Après quelques hypothèses, je me suis lancé dans une recherche sur internet, qui m’a dirigé du côté des verbes défectifs. Sauf qu’au contraire de ravoir, frire se conjugue à plusieurs modes, temps et personnes. Si on ne regarde que le mode indicatif, frire se conjugue entièrement au passé composé, au passé antérieur, au plus-que-parfait et au futur antérieur. Au présent et au futur simple, il ne se conjugue qu’aux trois personnes du singulier. À l’imparfait et au passé simple, pas du tout ! Pour ce qui est des autres modes, les situations sont comparables. Dans l’usage courant, on préférera conjuguer faire frire plutôt que frire, pour les modes, temps et personnes où il est impossible de l’employer.

Quels sont les autres verbes défectifs ? Wikipédia en dresse une liste. J’ai été étonné d’y trouver clore, dissoudre, extraire et soustraire, entre autres.

Wikipédia, l’encyclopédie libre. Le verbe défectif.


Dans le cours de musique

On écoute Alexandra Stréliski qui, le 24 mars dernier, lors du gala des prix Juno, rendait hommage à sa façon au regretté Karl Tremblay, le chanteur des Cowboys Fringants. Voici une variation sur le thème Les étoiles filantes.

Alexandra Stréliski – Les étoiles filantes (variation) – Gala des prix Juno 2024 – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Deux pour le prix d’une, cette semaine. Une qui m’a échappé à l’automne passé, ainsi qu’une fraiche de quelques jours. Dans les deux cas, c’est le Québec qui s’illustre à l’international.

D’abord, qui produit le meilleur chocolat au lait au monde ? Non, ce n’est pas une maison suisse, encore moins une entreprise de la Côte-Ouest américaine. Ce sont les artisans de la compagnie Chaleur B (chaleurb.com), sise dans notre Gaspésie bien à nous. Au cours des dernières années, leurs différents chocolats ont remporté plusieurs prix au International Chocolate Awards. Lors de la compétition tenue en novembre 2023, en Italie, le premier prix leur a été décerné grâce à leur chocolat au lait, dont la teneur en cacao est de 51 %. L’entreprise développe ses saveurs à partir de fèves d’Amérique Centrale et d’aliments québécois.

Du chocolat, on passe à la photographie. Cette semaine, Charles-Frédérick Ouellet (charlesouellet.ca) est devenu le premier photographe québécois depuis 25 ans à voir une de ses photos être primée par le prestigieux World Press Photo. Organisation reconnue depuis 1955 pour son exposition annuelle vouée au photojournalisme, elle fait escale à chaque fin d’été à Montréal pour y accueillir de nombreux visiteurs. La photo retenue, dans la catégorie Images uniques (Amérique du Nord et Amérique Centrale), est celle d’un pompier debout sur un rocher, lors des feux de forêt de l’été dernier. Le cliché est en noir et blanc.

Monsieur Ouellet saura le 18 avril prochain si son oeuvre passe au-delà du prix régional et est sélectionnée pour une reconnaissance à l’échelle mondiale.