Journal de vacances du 30 juin 2023

Au cours des dernières années, on a beaucoup entendu parler des problèmes et difficultés du monde de l’éducation. Depuis le milieu de la dernière semaine, cependant, celui-ci m’offre de nouveau un de ses plus beaux avantages : huit semaines de congé estival. Ces semaines ne sont pas rémunérées, je tiens à le préciser, mais elles sont les bienvenues. Et puis jamais un enseignant ne s’inquiète à savoir s’il fera beau durant ses vacances. Les journées de beau temps comme celles de mauvais temps, nous les vivons toutes !

C’est le moment pour nous d’enfin ralentir la cadence. De prendre le temps de regarder, d’écouter, de humer ce qui nous entoure. Les occasions de le faire se veulent plutôt restreintes, entre septembre et juin.

Au cours des prochaines semaines, je ralentirai également le rythme d’écriture afin d’accorder plus de temps à la lecture. Jusqu’au 25 août, je publierai donc des billets bimensuels, plutôt qu’hebdomadaires.

Il y a quand même une situation où je l’accélérerai, la cadence, c’est chaque fois que j’enfourcherai mon vélo. En ce qui me concerne, il n’y a rien de mieux pour sécréter la dopamine nécessaire à une entière récupération !


Le long de la route

J’ai vécu une expérience qui m’a à la fois étonné et attristé, le week-end dernier. J’ai dû rouler en pleine nuit, sur une distance de 140 km, et comme la majeure partie du trajet s’effectuait sur l’Autoroute 20, je me disais que je n’aurais aucune difficulté à me procurer un café noir pour me tenir éveillé.

Erreur !

Après cinq arrêts aux abords de l’autostrade, j’ai dû me résigner à rouler 90 minutes en chantant et en me tortillant constamment sur mon siège pour éviter de m’endormir. Les chaînes de restauration rapide qui, il n’y a pas si longtemps, demeuraient ouvertes durant la nuit, ajustent maintenant leur horaire à celui du soleil. Même chose pour une bannière de dépanneurs qui s’est déjà targuée d’être « [ouverte] à vie ». Je me suis soit heurté à une porte close, bien que tout laissait entrevoir qu’un employé se trouvait sur place, soit je me faisais répondre que la machine à café n’était pas en fonction.

La pénurie de personnel, qui affecte à peu près toutes les sphères d’activités, semble la première responsable de cette situation. En conséquence, j’ai cru vivre un retour en arrière de près d’un demi-siècle avec tous les commerces fermés durant la nuit. L’utilisation du bon vieux thermos me fera vivre le même effet, la prochaine fois où j’aurai à conduire en de telles circonstances.


Dans mes écouteurs

C’est tout nouveau, tout chaud, et c’est excellent ! Le premier extrait de l’album Pearl, que Bobby Bazini lancera tout juste avant la rentrée scolaire, est maintenant disponible. Il s’intitule Ojalá et nous plonge dans l’univers de la bossa-nova, un registre jusqu’ici étranger à l’auteur-compositeur-interprète originaire des Laurentides.

Il sera en spectacle le 25 novembre au théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.

Bobby Bazini – Ojalá – Pearl – #musiquebleue

Sur mes écrans

Après Facebook, Google a annoncé qu’elle retirera les médias canadiens de ses moteurs de recherche. Ce qui signifie que toutes nos demandes nous mèneront ailleurs, vers des organes d’information de pays qui ne l’ont pas encore forcée à payer correctement les contenus qu’elle diffuse.

Google est peut-être le plus connu et le plus puissant, mais d’autres moteurs de recherche peuvent s’avérer aussi efficaces. Personnellement, je compte recommencer à utiliser Ecosia. D’origine allemande, l’application remet une partie de ses profits à des organismes voués au reboisement des forêts. Et elle est entièrement gratuite pour ses utilisateurs.

Si ce moteur vous intéresse également, vous pouvez cliquer sur le lien ci-dessous et ajouter la page de recherches à vos favoris ou à votre barre de navigation.

Ecosia – Le moteur de recherche qui plante des arbres


Billet du 23 juin 2023 : Émile ou De l’éducation

Le titre de cet ouvrage de Jean-Jacques Rousseau redevient très actuel, plus de deux siècles et demi après sa publication. Allez-vous regarder le spectacle de la Fête nationale du Québec, animé par Émile Bilodeau ? De mon côté, l’habitude demeurera la même : mon téléviseur diffusera le spectacle et je l’écouterai d’une oreille pendant que je vaquerai à autre chose. Comme je le fais d’ordinaire pour les nouvelles, les événements sportifs, certaines émissions d’affaires publiques et quelques galas. Mais j’y serai branché.

L’événement des Plaines d’Abraham, comme toutes les autres festivités tenues dans le cadre de la Fête nationale, se veut rassembleur. On y célèbrera la culture, l’histoire et la musique du Québec. Ce spectacle et celui du parc Maisonneuve réuniront quelques centaines de milliers de personnes, qui seront les témoins privilégiés d’hommages aux différentes communautés qui construisent notre société.

Que le Parti québécois soit offusqué par les propos tenus à son égard par l’un des deux animateurs s’explique et se comprend très bien. Au point de boycotter l’événement, toutefois, c’est comme l’arbre qui cache la forêt : on ne considère que l’affront d’une personne, sans égard à l’occasion de recréer une belle et grande unité. S’il avait fallu que les élus libéraux, par exemple, refusent de partager les scènes où se produisent des artistes qui les ont sévèrement critiqués, souvent méprisés, leurs absences à une multitude de grands événements auraient été grandement remarquées. Et sans doute dénoncées par le PQ. Parce que oui, les absents ont toujours tort.

Émile en marquera peut-être les leçons qu’il en tirera.


Dans le cours d’éthique et culture religieuse
Volet éthique

Il y a une dizaine de jours, le naufrage d’un rafiot surchargé de migrants a fait des centaines de morts en mer Méditerranée, dans l’indifférence presque totale. Une semaine plus tard, trois pays, dont le Canada, ont mobilisé ressources et équipements militaires pour retrouver et tenter de sauver cinq milliardaires coincés dans un sous-marin à 4 km de profondeur, dans l’océan Atlantique.

Je suis d’accord avec le déploiement pour sauver les cinq hommes. Aurait-on pu en prévoir un similaire pour les migrants ? Poser la question, c’est y répondre.


Dans le cours de français

Lors de mon premier stage dans une classe, quand j’étais étudiant en éducation, les élèves disaient que j’étais le « stagier », plutôt que stagiaire, parce que j’étais un homme. Je leur avais alors expliqué que stagiaire était un nom épicène, c’est-à-dire que sa forme demeure la même au féminin comme au masculin.

Il en est de même avec l’adjectif pécuniaire. Ainsi, on mentionnera le domaine pécuniaire lorsqu’il est question d’un sujet financier. Même si on l’entend et le lit à profusion, faire état du domaine pécunier constitue une faute.


Dans le cours de musique

Cœur de slush est un film de Mariloup Wolfe qui a pris l’affiche la semaine dernière, pour une bonne partie de l’été. En trame sonore, on trouve la musique de Jean-Phi Goncalves, accompagné par la magnifique voix de Fanny Bloom.

Tirée de cette trame sonore, voici la pièce Billie Lou.

Jean-Phi Goncalves et Fanny Bloom – Billie Lou – Coeur de slush – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Chaque innovation, ou presque, constitue en soi une bonne nouvelle. Quand cette innovation possède en plus l’avantage d’être québécoise, il s’agit d’une excellente nouvelle.

De plus en plus de foyers délaissent les câblodistributeurs au profit des boîtiers télé, à partir desquels on peut projeter sur un téléviseur un contenu diffusé par un téléphone cellulaire. Chacun de ces appareils possède une technologie qui lui est propre. Mais voilà qu’une entreprise québécoise vient de créer Konek, un boîtier destiné aux hôtels canadiens.

Actuellement distribué dans 45 hôtels québécois et cinq hôtels ontariens, ce boîtier peut assurer une compatibilité à la fois avec les systèmes Android et Apple, permettant aux clients de visionner leurs contenus même lorsqu’ils se trouvent en voyage.

Voir le site internet de l’entreprise.


Billet du 16 juin 2023 : Les cornes de Pat Benatar

Cette semaine, alors que nous effectuions un assez long voyage en autobus dans le cadre d’une sortie scolaire de fin d’année, un problème de cyberintimidation impliquant plusieurs de nos élèves a été mis à jour. Après avoir fait les premières interventions, ma jeune collègue et moi nous sommes mis à élaborer la suite des choses. Elle est âgée de 22 ans et évoquait le fait que, selon elle, ces situations étaient maintenant pires que lorsqu’elle était en fin de primaire, il y a 10 ans.

Oui et non.

Aujourd’hui, contrairement à il y a 10 ou 20 ans, l’homophobie, la transphobie, le racisme et le rejet de la différence ne font presque plus partie des mœurs chez nos élèves. L’inclusion et la tolérance sont mieux intégrées. En revanche, les conflits autres dégénèrent plus rapidement et laissent des traces plus profondes. Alors que jadis on frappait pour faire mal, aujourd’hui on frappe pour tuer.

Plusieurs facteurs expliquent cette évolution, mais en tête de liste on trouve les réseaux sociaux et les téléréalités. En banalisant ces violences verbales, on les incruste lentement mais sûrement aux normes collectives.

Les menaces et les insultes proférées par des enfants à des pairs sur Internet se déroulent presque entièrement à partir de la maison, en dehors des heures de classe. En ce sens, la responsabilité incombe aux familles. C’est lorsque les conséquences débordent sur l’école que cette dernière a un rôle à prendre. Notre défi, à ma collègue et moi, est de régler la situation à l’intérieur des quelques jours qui restent à l’année scolaire, de manière à assurer une belle fin de primaire à nos finissantes et finissants, et ainsi de voir à ce que le secondaire s’amorce sur de bonnes bases.


Et je cite :

« Je pense que les sénateurs démocrates ne voteraient toujours pas pour destituer Joe Biden, même si vous aviez une vidéo de lui déguisé en diable, assassinant des enfants sous la pleine lune tout en chantant du Pat Benatar. »

Ted Cruz, sénateur républicain du Texas, le 15 juin 2023

Bon. Ted Cruz vient d’associer la musique de Pat Benatar au satanisme. Je devrai revoir mes standards.


Dans le cours de musique

Il a écrit et composé Le plus beau voyage, Le grand six pieds et Marie-Noël, un classique du temps des Fêtes popularisé par Robert Charlebois. Voilà qu’à 84 ans, Claude Gauthier nous surprend avec un nouvel album, Les amitiés. Dès les premières notes, les premières paroles, on reconnaît le chansonnier, au point d’en ressentir une certaine nostalgie.

Parmi les onze titres, dix constituent des chansons originales. L’autre, Matin, est une adaptation du classique Morning Has Broken, de Cat Stevens. C’est la #musiquebleue que je propose aujourd’hui.

Claude Gauthier – Matin – Les amitiés – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Difficile de mentionner autre chose que la survie, en pleine jungle amazonienne, de quatre frères et sœurs âgés de 1 à 13 ans. Ils y ont erré durant 40 jours après l’écrasement de l’avion à bord duquel ils prenaient place. L’accident avait d’abord coûté la vie au pilote et à l’accompagnateur, avant que la mère des enfants ne rende l’âme à son tour, quatre jours plus tard.

On avait rapidement annoncé les avoir retrouvés, peu de temps après l’écrasement, avant de se raviser et d’admettre qu’il s’agissait d’une fausse information. Alors que les secours perdaient peu à peu l’espoir de les revoir vivants, la grande sœur de 13 ans a vu à nourrir le groupe avec du pain de manioc et des fruits sauvages. Plusieurs, parmi les sauveteurs colombiens, n’hésitent pas à évoquer le miracle.


Billet du 9 juin 2023 : Au-delà des changements

Je ne crois plus aux changements climatiques.

N’allez surtout pas me caser dans le même créneau que les climatosceptiques ou les ultraconservateurs, il n’en est rien. J’estime plutôt que les changements sont chose du passé et n’ont plus rien d’actuel. Il faut maintenant évoquer l’urgence climatique. Certains pousseront même le bouchon un peu plus loin et parleront de crise climatique. Les phénomènes naturels récents, donnant lieu à des scènes parfois apocalyptiques, deviennent la norme plus que l’exception.

L’alarme est sonnée depuis longtemps. Les premiers à le faire passaient pour des illuminés. Les suivants, pour des écolos hippies. Aujourd’hui, ce sont des centaines d’organismes et de porte-parole, partout à travers le monde, qui actionnent la sonnette. Les jeunes, je suis bien placé pour en témoigner, suivent le mouvement.

Il y a une trentaine d’années, Jean Allaire a prononcé une phrase qui m’est toujours restée en tête : « Un peuple qui n’écoute pas sa jeunesse est un peuple qui n’écoute pas son avenir, et qui n’en a peut-être pas. »

Il n’a jamais cru si bien dire.


Les classes multiniveaux sont monnaie courante dans la société québécoise. On remplit les classes au maximum et quand il reste des élèves, on regroupe les surplus de deux niveaux différents dans une seule classe, obligeant la personne titulaire de cette classe à enseigner deux programmes.

Le problème est encore plus criant lorsque ce sont des élèves de deux cycles différents qui sont ainsi regroupés. Au Québec, un cycle scolaire s’étire sur deux ans, la seconde année servant à consolider les notions acquises lors de la première.

Face à cette situation, l’auteur et ex-enseignant Daniel Brouillette a interpellé le ministre de l’Éducation, cette semaine. Si j’ai relayé sa lettre sur mes réseaux sociaux, je me permets également de le faire ici. Cette cause mérite d’être entendue.

«Bonjour, monsieur Bernard Drainville, député de Lévis à l’Assemblée nationale!

Vous n’aurez sûrement pas le temps de lire ce message, mais je me croise les doigts pour qu’il ne passe pas inaperçu au niveau de votre équipe. Je suis fort heureux que vous vous préoccupiez du français. En tant qu’ex-enseignant devenu écrivain jeunesse, je crie haut et fort depuis des années que les jeunes devraient écrire TOUS LES JOURS. Même si je demeure un brin sceptique (vos quelques prédécesseurs ont été pour le moins décevants), il reste que vos récentes annonces m’apportent un brin d’espoir. Vous êtes sur la bonne voie.

Si je vous interpelle, ce n’est pas pour vous lancer des fleurs (c’était quand même une belle façon d’amorcer le tout), mais plutôt pour vous aiguiller sur un problème qui, de l’avis de tous les spécialistes et de toutes les enseignantes, nuit à la réussite : les classes multi-intercycles. Juste dans ma petite ville de Lorraine, l’an prochain, il y aura une classe de 4-5 dans chacune de nos trois écoles primaires. Oui, trois classes rassemblant des élèves de 4e année, qui consolideront les apprentissages du 2e cycle, avec des élèves de 5e année, qui apprendront les nouvelles notions du 3e cycle. Et on présente ça comme si c’était normal, alors que c’est absolument aberrant !

Ça ne prend pas la tête à Papineau pour deviner que toutes les profs fuiront ces contrats de m****. Résultat : de jeunes profs avec peu ou pas d’expérience en hériteront. De quoi éteindre leur passion assez vite!

Dans une société où l’école est soi-disant importante, jamais on ne devrait permettre à des classes multi d’exister (en région éloignée, je peux toujours comprendre), encore moins quand les élèves ne sont pas au même cycle. Laissons la boulechite de côté : ces classes existent uniquement parce qu’on cherche à sauver d’importantes sommes d’argent. Oui, ça coûte moins cher en personnel. Oui, ça permet de régler le problème criant de manque de locaux. L’argent, encore l’argent… Et les élèves là-dedans ? L’école n’est-elle pas censée être centrée sur les besoins des jeunes ? Quand on tourne les coins ronds, on en paie le prix plus tard, vous le savez fort bien. Même pas besoin de vous en convaincre…

Monsieur Drainville, si le français est si précieux à vos yeux, ce que je crois sincèrement puisque je vous écoutais régulièrement au 98,5, ajoutez l’abolition des classes multi à votre réforme. Ce n’est pas rendre service à qui que ce soit de mélanger 12 jeunes de 4e année avec 12 jeunes de 5e année. Les directions essaient de redorer le tout pour que la pilule passe bien auprès des parents, mais on sait tous que c’est antipédagogique.

Merci et bonne continuité.»

Daniel Brouillette, auteur de littérature jeunesse.


Dans le cours de musique

En #musiquebleue, cette semaine, voici un retour dans le jazz moderne montréalais, avec le groupe Solarium. La pièce Houdini est tirée de l’album Aube/Nocturne, lancé vendredi dernier.

Solarium – Houdini – Aube/Nocturne – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Les Olympiades canadiennes des métiers et des technologies réunissent, depuis 27 ans, plusieurs centaines de concurrents de partout au pays. Ces personnes rivalisent de compétences et d’expertises dans des démonstrations de plus de 40 métiers spécialisés, devant juges et spectateurs.

Cette année, la compétition a été remportée par Marie-Soleil Audiffren, étudiante en dessin du bâtiment au Centre de services scolaire des Mille-Îles (CSSMI). Là où l’exploit est d’autant plus remarquable, c’est que la nouvelle championne canadienne a suivi un parcours scolaire atypique, en raison d’une dysphasie sévère. Grâce à sa détermination, elle a su développer ses talents de dessinatrice qui lui ont fait remporter la médaille d’or lors des Jeux régionaux, le bronze aux Olympiades québécoises, et finalement la plus haute marche du podium à la compétition canadienne.


Billet du 2 juin 2023 : Quand on lit entre les lignes

Savoir lire entre les lignes est une faculté qui s’acquiert. Quand le ministre de l’Éducation ose affirmer que de donner une classe à quelqu’un qui ne possède qu’un diplôme d’études secondaires est préférable à laisser cette classe sans enseignant1, je commence à comprendre le fond de sa pensée. La vie publique de Bernard Drainville étant ponctuée d’allers-retours entre les médias et l’Assemblée nationale, il a pourtant maintes fois dénoncé la piètre qualité des résultats en français chez les élèves du secondaire. Il ouvre maintenant la porte du statut d’enseignant aux personnes qui en sont issues, sans avoir étudié au-delà.

Dans mon billet de la semaine dernière2, j’établissais un parallèle entre la pénurie de juges à la Cour supérieure du Québec et celle dans le domaine de l’enseignement, en illustrant les différences notoires dans les manières de les gérer. Cette semaine, c’est le chroniqueur Richard Martineau qui a tenté un exercice similaire3, parodiant l’arrivée fraîche de 15 nouveaux chirurgiens dans un hôpital, après que ceux-ci aient suivi une formation accélérée de 30 crédits. La comparaison suggérée par Martineau démontre rapidement le ridicule de la situation.

Enseigner, ce n’est pas uniquement transmettre et évaluer des notions de français, de mathématiques et de quelques autres matières. C’est aussi créer des liens d’attachement avec chaque élève. C’est déceler les difficultés, académiques ou autres, de chacun d’eux. C’est collaborer avec les parents. C’est mettre en place des structures et des interventions visant la réussite scolaire et le développement des habiletés sociales. C’est participer à plusieurs comités pour stimuler l’intérêt d’un groupe en particulier ou de l’école entière. C’est contacter différents organismes chaque fois que les besoins d’un enfant le requièrent. C’est aussi entretenir les suivis qui en découlent. C’est de nombreux rapports écrits demandés par des professionnels de la santé et autres spécialistes, remplis la plupart du temps sur notre temps personnel. Et toujours gratuitement. C’est gérer les émotions des enfants et, de plus en plus, composer avec celles de leurs parents. C’est planifier chaque semaine plusieurs activités académiques en les développant à travers diverses approches pédagogiques de manière à rejoindre tous les élèves dans leurs différents styles d’apprentissage. Et j’en passe.

Après mon parallèle de la semaine dernière et la lecture de la rubrique de Richard Martineau, je me suis demandé ce qu’il adviendrait si nous procédions à l’inverse et que nous insistions pour que, comme c’est le cas en justice et en santé, le domaine de l’éducation ne fasse appel qu’à du personnel légalement qualifié. Probablement que les délais pour obtenir de l’instruction s’avéreraient longs. On devrait fermer des classes faute d’enseignants. Pour les mêmes raisons, des écoles pourraient devoir réduire leurs heures ou fermer temporairement. Dans tous ces cas, nombre d’enfants devraient demeurer à la maison, faute de pouvoir obtenir une instruction de qualité, donnée par une personne qualifiée.

Et c’est là qu’il faut lire entre les lignes. On l’a constaté durant la pandémie, notre société n’est pas équipée pour garder ses enfants à la maison. On a beau prétendre que l’école est un milieu d’apprentissage, c’est son côté service de garde qu’on recherche d’abord et avant tout. Il n’y a plus d’enseignants ? Arrangez-vous pour trouver quelqu’un qui va au moins garder mon enfant, aux frais de l’État.

Ça, le ministre Drainville l’a compris. Et l’évidence est telle qu’il peut impunément tolérer l’inacceptable, pour reprendre les mots de Marwah Rizqy. La lecture des sous-entendus n’aura jamais paru aussi limpide.

1 Plante, Caroline. Un diplôme d’études secondaires, c’est mieux que rien, plaide Bernard Drainville. La Presse canadienne. Le 1er juin 2023.

2 Billet du 26 mai 2023 : Un positionnement historique récent.

3 Martineau, Richard. N’importe qui peut être prof, voyons! Le Journal de Montréal. Le 1er juin 2023.


On arrive à un des quelques moments de l’année où il faut abréger l’écriture du blogue pour investir ce précieux temps dans la correction des évaluations et la compilation des bulletins. Même si on voulait qu’il en soit autrement, les paupières s’affairent à nous rappeler que le corps requiert un minimum de repos. Pas question de couper sur les heures de sommeil, donc. On limite le nombre de blocs pour cette semaine.


Dans le cours de musique

Je prends quand même le temps de vous proposer une #musiquebleue. Avec la sortie récente du dernier Half Moon Run, le choix s’avérait facile. L’album s’intitule Salt. Voici la pièce You Can Let Go.

Half Moon Run – You Can Let Go – Salt – #musiquebleue